Une fois de plus, des astronomes ont détecté une rafale de sursauts radio puissants — appelés « sursauts radio rapides » ou « sursauts Lorimier » — de source inconnue. Ce qui est d’autant plus particulier cette fois-ci, c’est que le signal possède une fréquence étrangement faible.
Un sursaut radio rapide à la fréquence mystérieuse : la plage de fréquences se situe autour de 580 MHz (mégahertz), soit près de 200 MHz de moins que tout autre sursaut radio rapide détecté jusqu’à maintenant.
Les sursauts radio rapides (en anglais fast radio burst, FRB), font partie des événements les plus mystérieux et intriguants de l’univers. Ils seraient théoriquement issus de phénomènes pouvant générer autant d’énergie que 500 millions de soleils en seulement quelques millisecondes.
Selon les estimations, il pourrait y avoir jusqu’à une émission de ce type chaque seconde dans l’univers, mais cela ne nous aide pas à en détecter davantage, car déterminer leur provenance reste très difficile.
En 2017, l’un de ces signaux détectés s’était répété à plusieurs reprises. Une série de FRB provenant du même emplacement avait permis aux chercheurs de déterminer leur origine, bien qu’avec peu de précision : une région à haute formation stellaire, au sein d’une galaxie lointaine.
Plus récemment, selon un article paru dans The Astronomer’s Telegram, une série de radiotélescopes situés en Colombie-Britannique, au Canada, ont détecté un FRB mystérieux le matin du 25 juillet 2018. Le sursaut radio rapide a été nommé FRB 180725A, d’après l’année, le mois et le jour de sa détection.
Une fréquence étrangement basse
L’aspect le plus intéressant de cette découverte est que le signal intense a été transmis dans des fréquences radio très basses : 580 MHz. Cette particularité en fait la première détection d’un FRB se situant sous la barre des 700 MHz.
The Astronomer’s Telegram consiste en un tableau d’observations publiées par des chercheurs accrédités. Il s’agit donc de véritables détections, mais il est important de noter que ces dernières n’ont pas encore été évaluées par les pairs, et que des équipes indépendantes n’ont pas encore confirmé l’origine cosmique des signaux.
En effet, il ne faut pas oublier qu’en 1998, des chercheurs pensaient avoir découvert un nouveau type de signal radio en provenance de l’espace, pour finalement se rendre compte 17 ans plus tard qu’il s’agissait simplement d’un four à micro-ondes situé dans le centre de recherche. Il ne faut donc pas prendre à la légère l’une des premières étapes de validation, qui consiste « simplement » à confirmer l’origine cosmique du signal, en excluant une éventuelle provenance terrestre.
Mais jusqu’à présent, tout semble indiquer qu’il s’agit bien d’une nouvelle détection de FRB très intéressante (d’origine cosmique).
« Ces événements ont eu lieu à la fois de jour et de nuit, et les heures de détection ne sont pas corrélées aux activités connues sur place ou à d’autres sources connues », écrit Patrick Boyle, chef de projet de l’expérience CHIME, dans l’Astronomer’s Telegram.
Une source d’origine stellaire ?
Les recherches les plus récentes sur les FRB répétés suggèrent que la source pourrait être une étoile à neutrons, bien que d’autres hypothèses globales concernant l’origine des FRB incluent les trous noirs, les pulsars avec des étoiles compagnons, les pulsars implosants, un type d’étoile appelé blitzar, une corrélation avec des sursauts gamma (qui sont provoqués par la collision d’étoiles à neutrons), ou encore des magnétars émettant d’importants jets des matière.
Il est également de plus en plus probable qu’il y ait plus d’une explication à ces événements cosmiques intrigants. Certains physiciens avancent mêmes des hypothèses très originales : un physicien de Harvard explique par exemple que ce n’est pas impossible que ces signaux puissent provenir de voiles tractant des vaisseaux extraterrestres.
Cette nouvelle détection nous permet maintenant de savoir que ce type d’émission radio peut se situer sur une plage de fréquences plus large que ce que l’on pensait initialement. Les signaux radio semblent également provenir de très loin, peut-être des milliards d’années-lumière. Cela suggère que le phénomène d’origine est probablement extrêmement énergique.
Quelle que soit leur source, si nous parvenons à mieux détecter et comprendre l’origine de ces sursauts radio rapides, cela nous permettrait d’obtenir des indices non négligeables sur l’origine de l’Univers ainsi que sur la mystérieuse époque de réonisation — l’époque où un grand nombre d’atomes existant dans l’Univers ont été ionisés par le rayonnement intense de la première génération d’étoiles de l’Univers.
« Les FRB sont comme des lampes de poche incroyablement puissantes qui, selon nous, peuvent pénétrer dans ce brouillard [du milieu interstellaire] et rester visibles sur de grandes distances », a déclaré Anastasia Fialkov, du Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics. « Cela pourrait nous permettre d’étudier les débuts de l’Univers d’une façon nouvelle » conclut-elle.
Grâce à de nouveaux outils puissants qui permettront de détecter toujours plus de FRB, les scientifiques sont optimistes : il ne faudra pas longtemps pour déterminer leur provenance et, espérons-le, de déterminer quel(s) phénomène(s) sont à l’origine de leur émission.