L’avantage lorsqu’une célébrité défend une cause, c’est que la portée d’un avis ou d’un discours peut être bien plus importante que celle d’un chercheur, d’un groupe de recherche ou d’un parti politique. De nombreuses célébrités utilisent leur notoriété et influence à bon escient pour sensibiliser à des causes importantes, avec plus ou moins d’impact. Dans le cadre du Sommet mondial sur l’action pour le climat, Harrison Ford a émis un discours riche et touchant, qui n’a pas laissé insensible la foule dans un premier temps, et le monde entier dans un second temps.
Quel a été le secret de Ford pour susciter autant d’intérêt en rendant son message aussi fort ? Est-ce son expérience et son charisme qu’il a pu acquérir en jouant des rôles de personnages héroïques tels qu’Indiana Jones ou Han Solo ? Son air de savant barbu ayant acquis une certaine sagesse et éveil spirituel ? Ou plutôt son implication profonde et sincère pour la cause qu’il défend ? Notre ressenti nous fait plutôt pencher pour cette dernière option (avec peut-être une petite dose de la seconde).
S’exprimant lors du Sommet mondial sur l’action pour le climat (Global Climate Action Summit) qui s’est tenu à San Francisco cette semaine, l’acteur et militant infatigable de 76 ans a lancé un avertissement : « Tant que nous ne changeons pas la tendance actuelle, l’avenir de l’humanité restera incertain ».
Arborez un message climatique percutant 🌍
“Stop giving power to people who don’t believe in science.” – Harrison Ford pic.twitter.com/Ywja01Z7Qi
— AJ+ (@ajplus) 14 septembre 2018
La déclaration sévère de l’acteur est suivie d’un long soupir. Un souffle lourd, qui semble d’une sincérité profonde, faisant presque ressentir son exaspération.
Depuis près de 27 ans, Ford travaille pour le groupe environnemental Conservation International, qui soutient des scientifiques du monde entier dont le but est d’identifier et surmonter les menaces pour la biodiversité.
Mais comme Ford le dit clairement dans son récent discours passionné, rien de tout cela n’a d’importance si nous continuons de nier la réalité du changement climatique, et oublions collectivement la nature dans nos « objectifs climatiques d’entreprise et nationaux ».
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« Nous pouvons installer des panneaux solaires sur chaque maison, nous pouvons transformer chaque voiture en véhicule électrique, mais tant que Sumatra brûle, nous aurons échoué », dit-il.
« Tant que les grandes forêts de l’Amazonie seront coupées et brûlées, tant que les terres protégées des populations tribales et les peuples autochtones seront envahies, tant que les zones humides et les tourbières seront détruites, nos objectifs climatiques resteront inchangés. Et nous ne serons alors plus dans les temps ».
HE HAS SPOKEN! (and I couldn’t agree more.) #WeAreShitOutOfTime #HamillHeartsHarrison https://t.co/LNFtk8Uksg
— Mark Hamill (@HamillHimself) 14 septembre 2018
Dire que l’acteur semble simplement « mécontent » de l’état actuel des actions environnementales serait un euphémisme. Le discours de Ford ne ressemble pas simplement à un appel à l’action urgent, mais plutôt à un cri de ralliement. Une véritable « attaque », peu contenue, contre des politiciens ignorants, peu de temps avant les élections américaines de mi-mandat (qui auront lieu le 6 novembre 2018).
« Élisez des leaders qui croient en la science ! », lance-t-il aux électeurs.
Cela rappelle un discours similaire prononcé par Ford l’année dernière, qui était aussi devenu viral, juste après que le président Trump ait retiré les États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat.
« Nous avons actuellement des personnes en charge d’un important « merdier », qui ne croient pas en la science », nous a-t-il prévenu à l’époque.
Un an plus tard, Ford nous fait toujours ressentir cette même passion et dévouement, à la différence qu’après une série d’attaques politiques contre la climatologie en 2018, son ambition s’est peu à peu transformée en colère, en une détermination plus convaincante que jamais.
« Cessez pour le bien de Dieu de dénigrer la science ! Cessez de donner le pouvoir à des gens qui ne croient pas en la science, ou pire encore, qui prétendent ne pas croire en la science uniquement pour servir leurs propres intérêts », déclare Ford dans un élan de détermination. « Ils savent qui ils sont. Nous savons qui ils sont ! » ajoute-t-il.
En surnommant le changement climatique « la plus grande crise morale de notre époque », Ford avertit que si rien ne change (et d’ici peu), les « moins responsables subiront les coûts les plus élevés ».
Dans l’ensemble, il nous ramène à son argument de base : les puits de carbone naturels sont actuellement « la seule solution possible » pour lutter contre le changement climatique.
« En termes simples, si nous ne pouvons pas protéger la nature, nous ne pouvons pas nous protéger nous-mêmes », dit-il.
Puis il conclut sur une phrase pour le moins originale : « Éteignons nos téléphones, retroussons nos manches et donnons un coup de pied au cul à ce monstre ».
VIDÉO. Revivez le discours complet d’Harrison Ford (et tous les autres discours) du premier jour du Sommet :