La mante religieuse est un insecte de la famille des Mantidea, aisément reconnaissable par sa morphologie particulière. Ordinairement, les mantes religieuses se nourrissent majoritairement d’autres insectes, bien qu’elles soient considérées comme des prédatrices générales. Pour la première fois, des scientifiques ont pu observer une mante religieuse capturer des poissons dans un étang artificiel et les manger, un comportement véritablement inédit.
Le régime alimentaire des mantes religieuses est, en grande partie, composé d’insectes volants. De très rares cas de capture de vertébrés, comme de petits oiseaux, des lézards, des serpents, des grenouilles ou encore des souris ont été rapportés mais toujours dans des environnements contrôlés où ces rencontres étaient induites. Ces cas sont donc considérés comme des données statistiques non signifiantes.
La littérature scientifique contient bien quelques observations de prédation de petits oiseaux par les mantes religieuses, mais ces dernières sont non concluantes car, à chaque fois, les oiseaux ont été libérés par les ornithologues au cours de l’expérience.
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Toutefois, les scientifiques savent que les mantes religieuses les plus imposantes sont tout à fait capables de tuer des oiseaux comme des colibris ou des grimpereaux bruns. En 2006, des passereaux ont également été observés comme proies des insectes.
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Dans ce cas-ci, l’équipe de biologistes indo-italiens a observé le comportement d’un mâle (Hierodula tenuidentata) — également appelé mante géante d’Asie — de 5.6 cm, facilement reconnaissable par l’extrémité recourbée de son antenne droite. La scène de prédation s’est déroulée dans un jardin privé de Karnataka (Inde) d’environ 15 pots contenant des micro-étangs artificiels dans lesquels évoluent des guppy (Poecilia reticulata, poissons d’eau douce tropicale).
Pendant cinq jours consécutifs, du 7 au 11 mars 2017 entre 18h30 et 0h30, dans un pot d’environ 58 cm de diamètre contenant 40 guppy, les biologistes ont observé le mâle mante religieuse capturer et se nourrir des poissons. Malgré le caractère artificiel de l’étang, la situation s’est déroulée sans aucune intervention humaine et sous des conditions lumineuses naturelles ; ce milieu peut donc être considéré comme semi-naturel et propice aux mantes religieuses.
Durant ces cinq jours, l’insecte a capturé et dévoré neuf poissons en se perchant sur les feuilles de nénuphars présentes à la surface de l’eau. La mante a mangé sept des poissons en commençant par la queue, un en commençant par la tête et un autre en commençant par le milieu supérieur du corps.
Au bout du cinquième jour, elle a disparu de l’étang après avoir fini de dévorer sa dernière proie. Ces résultats d’observation ont été publiés dans la revue Journal of Orthoptera Research.
Les poissons ne se déplacent pas comme les insectes, les lézards ou les oiseaux. Ils nagent généralement sous la ligne de chasse des mantes religieuses et sont relativement protégés par la barrière de l’eau. Ces observations confirment donc que dans leur habitat naturel, les mantes peuvent effectivement se nourrir de vertébrés, et notamment de poissons.
Dans ce cas précis, sur les 40 poissons, l’insecte en a mangé 9, montrant l’amplitude de l’impact qu’un seul invertébré peut avoir sur un écosystème (sachant que les guppy eux-mêmes sont des prédateurs d’insectes).
Les yeux des mantes religieuses sont extrêmement sensibles aux mouvements, tandis qu’ils ne discriminent pratiquement pas les couleurs ou les formes. En outre, ils sont majoritairement adaptés à la lumière du jour.
Toutefois, le mâle en question a été capable de détecter et capturer des poissons dans l’obscurité, tout en contournant le problème de vision posé par la réfraction de l’eau. En effet, les guppy ont été capturés près de la surface, la plupart du temps au coucher du Soleil ou durant la nuit, donc avec très peu de lumière. Bien que les mâles soient réputés être actifs la nuit, ces données suggèrent l’existence de propriétés visuelles insoupçonnées.
Enfin, la prédation n’a pas simplement été occasionnelle, mais répétée et continue sur les cinq jours. Ce constat tend à suggérer que l’insecte a appris par expérience où et comment chasser dans l’étang.
Les scientifiques savent que les mantes religieuses sont capables d’apprendre par aversion ; par exemple, si en mangeant une proie, il s’avère que celle-ci est toxique ou nocive, la mante ne réitérera pas l’expérience. Toutefois, cette situation suggère une stratégie cognitive plus évoluée, le mâle n’ayant pas appris d’un seul stimulus mais de plusieurs indices environnementaux.