Nous, les humains modernes, pouvons posséder des fragments d’ADN issus de nos anciens cousins : les Néandertaliens ainsi que les Dénisoviens. À présent, grâce à une découverte récente, nous savons que nous partageons également l’ADN d’une troisième espèce.
Une équipe internationale de chercheurs a examiné l’ADN humain à l’aide d’algorithmes d’apprentissage profond (deep learning) pour la toute première fois, pour analyser les indices génétiques de l’évolution humaine.
Il est vrai que les chercheurs soupçonnaient depuis longtemps que, outre les Néandertaliens et les Dénisoviens, les êtres humains modernes d’origine asiatique possèdent un troisième ancêtre. Ces soupçons semblent à présent avoir été confirmés.
Selon les chercheurs, l’hominidé en question était probablement un hybride Néanderthalien-Dénisovien. « Il y a environ 80’000 ans, l’événement ‘‘Out of Africa’’ s’est produit, lorsqu’une partie de la population humaine, qui comprenait alors déjà des humains modernes, a abandonné le continent africain et a migré vers d’autres continents, donnant naissance à toutes les populations actuelles », a déclaré Jaume Bertranpetit, chercheur principal à l’Institute of Evolutionary Biology.
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« Nous savons qu’à partir de ce moment-là, les hommes modernes se sont croisés avec les Néandertaliens sur tous les continents, à l’exception de l’Afrique, et avec les Dénisoviens en Océanie et probablement aussi en Asie du Sud-Est, bien que les preuves d’un croisement avec une troisième espèce éteinte n’aient pas été confirmées avec certitude », a ajouté Bertranpetit. En effet, cela n’a été confirmé que par le biais de l’apprentissage profond d’une intelligence artificielle (IA).
Selon les chercheurs, le système de deep learning a permis de passer de l’ADN à la démographie de populations ancestrales : une tâche qui aurait été bien trop complexe et fastidieuse pour être réalisée manuellement.
« Nous avons utilisé cette propriété pour que l’algorithme apprenne à prédire la démographie humaine à l’aide de génomes obtenus par le biais de centaines de milliers de simulations », a expliqué Òscar Lao, le chercheur principal du Centro Nacional de Análisis Genómico (CNAG-CRG) en Espagne, qui compare cette technologie au système nerveux des mammifères, avec différents « neurones » artificiels qui apprennent à détecter des modèles de données.
« Chaque fois que nous effectuons une simulation, nous empruntons un chemin possible dans l’histoire de l’humanité. De toutes les simulations, l’apprentissage profond nous permet d’observer ce qui fait que les pièces du puzzle ancestral s’emboîtent parfaitement les unes avec les autres », a ajouté Lao.
De plus, l’existence de ce nouvel ancêtre est également corroborée par des preuves fossiles découvertes en Sibérie en août dernier. En effet, l’os découvert semblait appartenir à un enfant Néanderthalien-Dénisovien, soit un enfant hybride. Bien que des analyses plus poussées aient ensuite révélé que le père Dénisovien avait au moins un ancêtre Néandertalien, il a été suggéré que ce type d’accouplement interspécifique était courant.
Suite à cette découverte, les chercheurs ont déclaré que l’individu multi-espèces impliqué dans l’étude ne constituait pas un élément isolé, mais qu’il faisait plutôt partie d’un processus d’introgression (soit le transfert de gènes d’une espèce vers le pool génétique d’une autre espèce. Bien entendu, l’autre espèce doit être assez proche génétiquement pour qu’il puisse y avoir une fécondation).
À l’heure actuelle, cependant, les chercheurs n’excluent pas d’autres possibilités. D’autres études plus approfondies devront être menées.