Cela fait huit ans que la FDA (Food and Drug Administration) américaine a signalé pour la première fois un lien suspect entre des implants mammaires et un cancer rare du système immunitaire. La preuve de ce lien est maintenant plus forte que jamais, avec 457 cas confirmés de lymphome anaplasique à grandes cellules (LAGC) signalés chez des femmes ayant reçu des implants au cours des dernières années.
La FDA a publié une déclaration actualisée basée sur un examen récent des rapports sur les dispositifs médicaux, invitant les patientes et les prestataires de soins médicaux à rester conscients des risques potentiels liés à la chirurgie des implants.
« Après une analyse approfondie des données, nous signalons que, en septembre 2018 et depuis 2010, l’agence avait reçu un total de 660 rapports de dispositif médical (MDR) concernant des cas de lymphome anaplasique à grandes cellules associé à un implant mammaire (LAGC-AIM) aux États-Unis » rapporte la FDA. « Sur les 660 MDR, notre analyse approfondie suggère qu’il existe 457 cas uniques de LAGC-AIM, dont 9 décès de patientes ».
La nature exacte du lien entre les implants et les LAGC, ou même si la relation est strictement causale, n’a pas encore été établie de manière convaincante. Les implants sont généralement insérés sous le tissu mammaire existant ou même sous les muscles sous-jacents, ce qui permet au corps de former une capsule protectrice de tissu cicatriciel. Dans la plupart des cas, des signes de la maladie ont été trouvés près de l’implant, sous cette capsule.
« Bien que le nombre de cas identifiés de LAGC-AIM est faible comparé aux quelque 1.5 million de patientes recevant des implants mammaires chaque année dans le monde, des données confirmées et les informations publiées jusqu’ici suggèrent que les patientes portant des implants mammaires ont un risque accru de LAGC-AIM » déclare la FDA.
Pour mettre les chiffres en perspective, environ 400’000 procédures d’augmentation mammaire sont pratiquées chaque année aux États-Unis, un nombre qui a augmenté d’environ un tiers depuis le début du siècle. Cela suggère que les risques qu’une procédure d’implant unique donne lieu à cette forme mortelle de lymphome pourraient être relativement faibles.
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Tous les implants ne semblent pas non plus comporter les mêmes risques. Certaines des recherches effectuées au cours de la dernière décennie suggèrent que certains dispositifs sont surreprésentés, avec des risques de développer des LAGC à partir d’implants texturés allant de 1 sur 3817 à 1 sur 30’000.
Différents pays signalent également des chiffres contradictoires. Le Collège royal australien et néo-zélandais des radiologistes suggère que l’incidence de tous les types d’implants est beaucoup plus grande, se situant autour de 1 à 10’000.
Le LAGC est un cancer du système immunitaire. Techniquement, il existe plusieurs variétés — certaines agressivement systémiques, d’autres localisées — mais toutes sont causées par des globules blancs anormaux. Chez les adultes, les cas de LAGC ne forment que 3% de tous les lymphomes non hodgkiniens, ce qui en fait une maladie relativement peu commune touchant à peine quelques centaines de femmes chaque année.
Néanmoins, selon le sous-type, le pronostic peut être bon, avec un taux de survie pouvant atteindre 95% après cinq ans. Un diagnostic précoce pouvant faire toute la différence dans de nombreux cas, la FDA appelle à la vigilance face aux signes de gonflement, de bosses ou de douleur inattendue autour des implants.
« Nous encourageons les patientes à consulter notre site Web et à lire l’étiquetage de certains implants, pour tout produit qu’elles pourraient envisager de se faire implanter. Choisir un implant mammaire est une décision très personnelle, que les patientes et leurs prestataires doivent prendre en fonction des besoins de chacun, et avec la connaissance la plus complète des caractéristiques des produits » conclut la FDA.