Bien que les couleurs proviennent d’un phénomène physique universel, leur perception est, elle, éminemment subjective. Ainsi, chaque individu possède sa propre perception des couleurs, influencée par sa culture, son langage, son âge, son éducation, son vocabulaire, etc. Dans cette optique, un test de perception chromatique mis au point par l’opticien britannique Lenstore permet au public d’évaluer l’effectivité de sa perception des couleurs.
Dans l’Odyssée d’Homère, le miel est vert, et le fer et les moutons sont décrits comme violets. La mer est « vin sombre ». Il n’y a aucune mention de bleu. Il n’est fait aucune mention du bleu dans les textes grecs anciens. Ne percevaient-ils pas la couleur ou manquaient-ils de vocabulaire pour la décrire ?
Il n’apparaît pas non plus dans les anciennes histoires chinoises, les sagas islandaises ou les anciennes versions hébraïques de la Bible. En fait, le « bleu » tel que nous le connaissons n’est d’apparition que très récente.
Selon une étude de William Gladstone au milieu du XIXe siècle, les premières couleurs à exister en tant que mots dans la plupart des langages sont le noir et le blanc, suivis du rouge, du jaune et du vert. Le bleu étant le dernier dans toutes les langues étudiées.
Les anciens Égyptiens, cependant, avaient un mot pour le bleu. Ils étaient également la seule culture antique à avoir développé un colorant bleu. Essentiellement, la couleur n’existe que telle qu’elle est perçue par l’individu, c’est pourquoi « la robe » ayant fait le buzz sur Internet, qu’elle soit blanche ou dorée ou bleue ou noire, dépend de la personne à laquelle vous le demandez.
Dans cet esprit, Lenstore, un opticien basé au Royaume-Uni, a créé un test de couleur afin de comparer les différences de perception des couleurs et des nuances entre sexe, âge, langue et pays. Le test demande d’identifier 10 nuances de couleurs différentes et leur destination dans le spectre.
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Selon Lenstore, sur les 2000 personnes interrogées en janvier 2019, le score le plus commun était de 6 sur 10, 24% des participants ayant obtenu ce résultat.
Ils ont également découvert que les jeunes percevaient mieux les couleurs que les personnes plus âgées, et que les femmes percevaient mieux les couleurs que les hommes, obtenant 57.7% de résultats contre 53.8%, bien que cela ait changé en vieillissant — les hommes percevant mieux la couleur dans une fourchette allant de 69 à 80 ans.
Les personnes qui parlent trois langues ou plus obtiennent de meilleurs résultats, avec une moyenne de 60% de réponses correctes, ce qui suggère qu’un vocabulaire de couleurs plus étendu améliore la perception de ces dernières.