Une espèce d’oiseau incapable de voler et qui vivait sur une île, s’est éteinte suite à une catastrophe naturelle, il y a de cela environ 136’000 ans. Mais selon une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Université de Portsmouth (Angleterre) et du musée d’histoire naturelle de Londres, un ensemble de circonstances évolutives rares ont permis de littéralement ressusciter cette espèce perdue.
Il s’agit du râle de Cuvier (Dryolimnas cuvieri), une espèce d’oiseau de la famille des Rallidae, qui a colonisé une île de l’atoll d’Aldabra il y a environ 136’000 à 240’000 ans.
C’est la nourriture très accessible de l’île et le manque de prédateurs qui ont permis d’éliminer le besoin de fuite des oiseaux (ils ne migrent pas du tout), les forçant finalement à suivre le chemin des autruches, des dodos et des kiwis : à ne plus pouvoir voler.
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Cependant, il y a environ environ 136’000 ans, une inondation catastrophique est survenue sur l’île, décimant la population des râles de Cuvier, les anéantissant totalement de la surface de l’île.
Mais aujourd’hui, une nouvelle analyse de fossiles retrouvés sur l’île a permis de démonter qu’après l’assèchement des lieux, une nouvelle horde de râles de Cuvier était arrivée par les airs et a également fini par évoluer et ne plus pouvoir voler. « Des fossiles uniques fournissent la preuve hors de tout doute que des membres de la famille de râles ont colonisé l’atoll, et sont devenus inaptes à voler lors de deux occasions séparées », a expliqué Julian Hume, chercheur principal de l’étude et paléontologue aviaire au National History Museum.
Ainsi, les cherheurs ont pu identifier des preuves d’une perte de la capacité à voler. « Cela prouve qu’à partir d’un ancêtre unique (…), le râle de Cuvier a su s’établir sur ces îles à deux reprises, espacées dans le temps de plusieurs milliers d’années. Et les deux fois, il a perdu sa capacité à voler », a ajouté Hume.
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Malheureusement, cette découverte met également en évidence un élément moins réjouissant : le râle de Cuvier est le tout dernier oiseau incapable de voler, survivant dans l’océan indien : « Ils sont plus vulnérables à l’extinction quand ils sont incapables de voler. Ils n’ont pas l’habitude d’avoir des prédateurs. Ensuite, quand des gens arrivent avec des rats et des chats et que tout le monde aime manger des oiseaux, ils ne peuvent pas s’envoler et s’éteignent beaucoup plus rapidement », explique Julia Heinen, doctoratante à l’Université de Copenhague.
À l’heure actuelle, les experts estiment qu’il y a environ 440 à 1580 espèces d’oiseaux incapables de voler qui se sont éteintes après la colonisation humaine en Océanie.
Dans tous les cas, cette étude fournit l’un des exemples les plus concrets et les plus clairs d’un phénomène rare appelé évolution itérative : dans lequel des espèces presque identiques évoluent à partir du même ancêtre, mais à des moments différents.