L’année dernière, la concentration en CO2 atmosphérique atteignait les 410 ppm ; et il y a quelques jours, elle montrait un pic historique à 415 ppm. Si cette tendance est alarmante, elle est cependant loin d’être surprenante ou inattendue. En effet, une série d’enquêtes journalistiques a mis au jour un document technique, rédigé par les scientifiques de la société pétrolière Exxon en 1982, décrivant avec une extrême précision l’évolution de la concentration de CO2 telle qu’elle est observée aujourd’hui.
Déjà en 1982, il y a 37 ans, des scientifiques travaillant pour le géant pétrolier et gazier Exxon avaient prédit de manière précise la forme du changement climatique à venir. Après avoir calculé et tracé avec une prescience déconcertante le graphe d’évolution du CO2 atmosphérique, le document original a été rangé dans les tiroirs.
Il y a près de 40 ans, l’équipe scientifique d’Exxon avait donc prédit exactement comment évoluerait le CO2 si nous utilisions toujours des combustibles fossiles. Leurs estimations s’alignent presque parfaitement sur les graphes actuels concernant les gaz à effet de serre, notamment les polluants au dioxyde de carbone.
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Rapport climatique d’Exxon : une concordance quasi parfaite avec la tendance actuelle
Il y a quelques années, notre atmosphère avait dépassé le seuil de 400 parties par million (ppm) de CO2. Mais peu de temps après nous avons atteint 410 ppm, puis le week-end dernier, pour la première fois depuis des millions d’années, les niveaux dépassaient 415 ppm. Au début des années 1980, la société qui s’appelle maintenant ExxonMobil a demandé à ses scientifiques de produire un examen technique de l’effet de serre au CO2. Il a été rendu le 1er avril 1982.
Le document, destiné à être « réservé au personnel d’Exxon et non distribué à l’extérieur », n’aurait peut-être jamais été rendu public sans les enquêtes menées par InsideClimate News. En 2015, ce journal a été salué par les journalistes pour une série importante de reportages sur la simultanéité des connaissances d’Exxon et sa négation active des phénomènes de changement climatique au cours des quarante dernières années, notamment des efforts considérables en matière de financement et de lobbying.
Cela comprend le financement de groupes de réflexion tels que le Heartland Institute aux États-Unis et l’Institute of Public Affairs en Australie, qui travaillent en étroite collaboration avec les gouvernements ou, dans certains cas, ont même de véritables politiciens. Au cours de cette enquête qui a duré huit mois, un ensemble de documents secrets d’Exxon a été mis au jour.
Une tendance à la hausse et des conséquences incertaines
Y compris le rapport de 1982, qui prédisait avec précision que les niveaux de CO2 se situeraient autour de 420 ppm en 2020 : presque exactement où nous serons dans un an, étant donné que la concentration augmente actuellement d’environ 3 ppm par an. Comme le montre le graphique d’Exxon, les scientifiques de la société ont également prévu que cette augmentation de CO2 se doublerait d’une hausse des températures globales, bien que les chercheurs aient exprimé une ambivalence quant à ce que cela pourrait signifier pour notre avenir.
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« Une incertitude considérable entoure également l’impact possible sur la société d’une telle tendance au réchauffement, si elle devait se produire. À la limite inférieure de la plage de températures prévue, il pourrait y avoir un certain impact sur la croissance de l’agriculture et les régimes de précipitations… À l’extrémité supérieure, certains scientifiques suggèrent qu’il pourrait y avoir un impact négatif considérable, notamment l’inondation de certaines masses continentales côtières à la suite d’une hausse du niveau de la mer en raison de la fonte de la calotte glaciaire antarctique » indique le rapport.
En fin de compte, malgré l’anticipation de « problèmes climatiques potentiellement graves », les chercheurs ont suggéré que ces derniers ne se poseraient pas « avant la fin du 21e siècle, voire au-delà », et ont donc conclu qu’il serait « prématuré » d’apporter « des changements importants aux modes de consommation d’énergie maintenant ».