Aujourd’hui, la Terre reçoit de nouveau la visite d’un astéroïde que les astronomes connaissent bien : 1999 KW4. Cet astéroïde géocroiseur passera à une distance de 5’182’015 km, soit environ 13.5 fois la distance Terre-Lune ; il n’y a donc rien à craindre de ce passage. Toutefois, un tel passage est toujours l’occasion pour les scientifiques de pouvoir étudier la dynamique complexe de cet astéroïde qui possède sa propre lune. Il sera également visible au sol avec un télescope.
L’astéroïde (66391) 1999 KW4 est un astéroïde géocroiseur de type Aton découvert en 1999 par le projet américain LINEAR. D’un diamètre d’environ 1.5 km, sa rotation est si rapide — 2.8 h pour un tour complet — que ses dimensions lui permettent tout juste d’éviter la dislocation dans l’espace. De structure très poreuse, la dynamique de l’astéroïde suggère qu’il pourrait provenir de la dislocation d’un précurseur plus grand dans le dernier million d’années.
Il possède une lune appelée S/2001 (66391) 1, ou plus simplement 1999 KW4 Bêta (Alpha désignant l’objet le plus grand, et donc l’astéroïde), orbitant à 2.6 km d’Alpha pour un diamètre de 360 m.
L’observation d’oscillations de grande ampleur dans les orbites et rotations du couple fait de ce dernier le système binaire le plus excité jamais découvert dans le Système solaire. Une explication à cette excitation serait la passage à proximité du Soleil tous les six mois, au cours duquel le système regagnerait de l’excitation par effet gravitationnel.
Sur le même sujet : Les agences spatiales mondiales simulent un scénario d’impact d’astéroïde avec la Terre
Bien qu’arborant des caractéristiques peu communes, les astronomes considèrent aujourd’hui que plus d’1/6 des astéroïdes géocroiseurs de plus de 200 m de diamètre sont des systèmes binaires. La dynamique et la structure d’Alpha en font un sujet important d’étude concernant les projets anti-collision des agences spatiales pour tous les géocroiseurs similaires. En effet, l’astéroïde a été classé quelques années en tant qu’objet potentiellement dangereux, avant que des analyses radar plus précises finissent par l’exclure de cette catégorie.
Le dernier passage le plus proche en date a été en mai 2001, lorsque l’astéroïde est passé à environ 4.8 millions de km de la Terre. C’est lors de ce passage que les astronomes ont pu confirmer la présence de la lune grâce aux observations radar du télescope Arecibo.
Il faudra ensuite attendre 2036 pour que le géocroiseur passe de nouveau « à proximité » de la Terre, à une distance d’environ 2.3 millions de km (un peu plus près qu’aujourd’hui donc). Actuellement, l’objet est visible avec un télescope, en observant en direction de la constellation de la Poupe.