Il y a quelques mois, les bébés génétiquement modifiés par le scientifique chinois He Jiankui avaient suscité la polémique concernant les dérives de l’édition génétique et plus particulièrement de l’outil CRISPR. Si l’objectif du scientifique était de rendre ces bébés résistants au VIH, une nouvelle étude montre que le gène modifié au cours du processus entraînerait également une mortalité juvénile plus importante.
Environ six mois après que le généticien chinois He Jiankui ait introduit pour la première fois dans le monde des bébés dotés de gènes modifiés, des scientifiques ont parcouru des centaines de milliers de dossiers médicaux pour comprendre comment les gènes modifiés par He affectaient la santé humaine.
L’équipe chinoise a édité le gène de bébés jumeaux afin de neutraliser un gène appelé CCR5-∆32, dans l’espoir que cela les rendrait immunisés contre le VIH. Toutefois, selon une nouvelle étude publiée dans la revue Nature Medicine, les personnes ayant ce génome modifié sont 21% plus susceptibles de décéder avant d’atteindre l’espérance de vie moyenne.
Un gène modifié à l’origine d’une plus grande vulnérabilité à certaines infections virales
Des scientifiques de l’université de Berkeley ont effectué des recherches dans une base de données ADN de sujets humains afin de rechercher les mêmes variantes du CCR5 que He Jiankui avait intégrées aux enfants. Ils ont constaté que le même génome qui pourrait conférer une immunité au VIH, rend également les personnes vulnérables aux grippes virulentes et au virus du Nil occidental.
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« Ce que nous avons constaté, c’est qu’ils avaient une mortalité significativement accrue » déclare Rasmus Nielsen, auteur principal. « C’est assez substantiel. Nous avons été assez surpris que l’effet soit aussi important ». Ces expériences de modifications génomiques incitent la communauté scientifique à mettre le frein sur l’utilisation de l’édition génétique, tant que les généticiens n’en sauront pas plus sur les effets à long terme de telles modifications.
« C’est une leçon d’humilité. Même lorsque nous pensons savoir quelque chose au sujet d’un gène, nous pouvons toujours être surpris, comme dans ce cas, de découvrir qu’un gène que nous pensions être protecteur pourrait en réalité être un problème » conclut George Daley, doyen de la faculté de médecine de Harvard.