Des études sur l’altération de l’écosystème montre des effets significatifs sur la population des parasites. Cela pourrait avoir des répercussions sur la population de différentes espèces vivantes.
Malgré leur mauvaise image du fait qu’ils apportent des maladies, les parasites jouent un grand rôle dans la régulation de la population des êtres vivants, en participant ou en créant des réseaux trophiques, ou en causant des épidémies, ce qui influence la survie et la reproduction de leurs hôtes, faisant d’eux des acteurs importants de la sélection naturelle. On estime qu’ils représentent plus de la moitié des espèces connues, et que plus de 300 d’entre eux sont capables d’infecter l’Homme.
Que ce soit des animaux ou des plantes, tous les organismes peuvent être infectés par au moins un parasite. Cependant, les espèces ayant des hôtes autres que les humains ont été peu étudiées jusqu’à présent, en particulier par les écologistes et conservationnistes, la plupart considérant par le passé qu’il s’agissait plus du domaine médical, au point que l’interaction parasites/hôtes n’a jamais été classée dans la chaîne alimentaire, alors qu’elle surpasse celle des prédateurs/proies. Ce n’est que durant les 30 dernières années que les chercheurs ont constaté ces lacunes.
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Chelsea Wood, spécialiste de l’écologie des parasites, avait déclaré comme exemple en étudiant les effets de la surpêche, que trop peu de conséquences sont connues de cette pratique sur les parasites marins. Ce manque d’informations est toujours d’actualité.
De nombreux exemples par le passé nous ont montré que l’émergence de nouvelles maladies infectieuses peut rester inaperçu jusqu’au constat d’un épidémie importante, comme ce fut le cas pour le VIH. Cette situation pourrait se répéter pour des espèces autres que des humains, ainsi que dans des milieux peu explorés dans le domaine du parasitisme, comme les océans.
« Nous commençons tout juste à nous demander si un monde en mutation signifie une augmentation du nombre de maladies infectieuses », déclare Wood.
Des scientifiques avait pointé du doigt la modification de la propagation et de la distribution des maladies parasitaires, qui aurait pour origine le changement climatique.
Une étude toujours en cours par le laboratoire de Wood montre qu’il y a eu entre 1978 et 2015 une hausse de cas d’anisakiase, avec plus de 208 infections par Anisakis simplex, un nématode parasitaire qui est contracté généralement lors de la consommation de harengs infectés crûs ou mal cuits. Mais dû au manque de données sur ce ver et son habitat (l’Arctique), il est difficile de savoir si cette situation provient de la pêche, du changement climatique qui a des conséquences importantes dans l’Arctique, ou bien d’une cause encore inconnue.
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Des modèles mettant en lien le climat et les parasites ont été récemment développés pour tenter d’éclairer ces différentes zones d’ombre. Les premiers résultats suggèrent que le changement climatique joue un rôle plus important que ce que l’on imaginait jusqu’à présent. Mais son implication pour les maladies parasitaires sur l’Homme comme la malaria n’est pas claire.
Wood explique que le fait que les chercheurs s’intéressent plus particulièrement aux parasites infectant l’Homme peut causer un biais dans les résultats, mettant également en doute les données sur les différentes espèces observées. Et pourtant, tous jouent un rôle dans l’écologie. Une augmentation ou diminution de leur population aura des effets non négligeables sur la santé ou l’agriculture. Une étude sur 457 espèces parasitaires apparue en 2017 montre qu’avec la perte des habitats à cause du climat, cinq à dix pour cent d’entre eux verront leur population croître ou diminuer significativement, voire disparaître.
« Personne ne se soucie des parasites en voie d’extinction, car ils ne font pas mal aux gens, ils ne font pas mal aux animaux, ils ne causent pas d’épidémies, ils ne gâchent pas votre poisson, ils ne rampent pas dans votre assiette au restaurant de sushi », ajoute t-elle.
Alors que la sonnette d’alarme sur l’altération de l’écosystème a été enclenchée depuis des années, les recherches des parasitologues se font de plus en plus nombreuses dans ce domaine, car peu de gens prennent encore au sérieux les effets néfastes de la modification des populations de parasites dans la biodiversité, bien qu’il y ait encore du chemin avant d’avoir suffisamment de données pour attirer l’attention sur ce problème.
« Quand vous arrivez dans la science, vous pensez que tout le monde a tout compris. Mais au fur et à mesure que vous approfondissez, vous réalisez qu’il y a tellement de choses que nous ne savons pas. C’est ahurissant », déclare Woods.