Des scientifiques ont présenté les résultats de l’analyse évolutive de gènes responsables de la formation des yeux chez les céphalopodes. Ils ont démontré qu’ils sont présents chez les humains, mais avec un rôle totalement différent.
Les céphalopodes représentent une classe de mollusques qui regroupe des animaux marins à tentacules comme la pieuvre, le calmar ou encore la seiche. Comparé aux vertébrés, ils ont connu une évolution proche. Certains de leurs organes comme le cerveau ou les yeux se sont développés avec une telle complexité que de nombreux scientifiques cherchent encore à comprendre les mécanismes derrière ce mystère évolutif unique chez ces invertébrés.
Une équipe de biologistes a présenté, lors d’un meeting, les résultats de leur étude sur les yeux des céphalopodes, qui possèdent également un cristallin ayant pour rôle de faire la mise au point (accommodation), comme chez les humains. Cela leur permet notamment de bénéficier d’une excellente vision.
Les chercheurs ont travaillé sur des embryons de calmars totam (Doryteuthis pealeii) et ont examiné quels sont les gènes qui assurent les premières étapes de formation de leurs yeux, ainsi qu’à quels moments et sous quelles circonstances ils s’activent ou se désactivent. Après comparaison avec les gènes des vertébrés, les biologistes ont constaté que les gènes jouant un rôle dans les premières étapes de formation de nos membres inférieurs sont les mêmes que ceux liés au développement des yeux des céphalopodes.
Et pourtant, la formation de ces deux parties du corps n’a rien d’identique, et ces gènes ne jouent aucun rôle pour les yeux des vertébrés, dont le développement se déroule différemment.
Lors de la formation du cristallin chez les céphalopodes, de longues membranes ressortent pour permettre le chevauchement de cellules oculaires et pour former la sphère typique du cristallin, alors que chez les vertébrés, ce sont des cellules dégradées qui sont gardées compactées grâce à une protéine spécifique.
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L’étonnement des chercheurs a été de taille lors de cette découverte. Pour confirmer cela, ils ont administré aux petits calmars de la WNT, une protéine bien connue en biologie développementale. Cette dernière stoppe naturellement certains processus de formation d’organes, dont ceux impliqués dans la formation des membres inférieurs, en inhibant l’expression de ces gènes. Ils ont alors constaté que le cristallin ne se formait plus, prouvant ainsi que les gènes impliqués dans sa formation sont les mêmes que ceux impliqués dans le développement des membres inférieurs chez les humains.
Le groupe continue ses recherches afin de découvrir d’autres possibles similitudes entre les céphalopodes et les vertébrés. La prochaine étape est de comprendre le rôle de chacun de ces gènes dans la formation des yeux des céphalopodes.