Les tiques (Ixodida) sont des acariens parasites dont le cycle combine attente au sol puis ancrage sur un hôte mammifère, oiseau ou reptile passant à proximité. Provoquant déjà l’inquiétude des populations de part leur rôle de vecteurs de maladies, la découverte récente d’une espèce de tique géante particulière aux Pays-Bas accentue encore plus le climat ambiant de peur. En effet, contrairement à ses cousines, cette tique est capable de traquer sa proie sur plusieurs centaines de mètres.
Une tique adulte d’une taille inhabituelle a été trouvée le 13 juillet à Drenthe, une province du nord-est des Pays-Bas. L’arthropode, Hyalomma marginatum, n’est pas originaire du pays. Une autre de ces tiques avait été découverte dans la région une semaine auparavant, ont indiqué des responsables de l’Institut national de la santé publique et de l’environnement (RIVM).
Ces parasites invasifs nouvellement connus peuvent mesurer jusqu’à 6 millimètres de long — environ deux fois la longueur de la tique du mouton plus commune (Ixodes ricinus) — et atteindre 2 centimètres lorsqu’ils sont engorgés de sang. Et tandis que les tiques d’Ixodes restent stationnaires et attendent que les hôtes animaux passent à proximité, les tiques Hyalomma poursuivent activement leurs hôtes, se cachant par terre puis se précipitant vers eux, selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).
Certains signaux leur indiquent qu’une proie se trouve à proximité, notamment la chaleur corporelle, les vibrations ou les odeurs. Les tiques peuvent identifier visuellement une cible à une distance de 9 mètres. Une fois que l’hôte est repéré, les tiques peuvent le suivre pendant plus de 10 minutes et sur des centaines de mètres.
La dispersion géographique des tiques via les oiseaux migrateurs
À l’âge adulte, les tiques préfèrent se nourrir de gros mammifères, tandis que les nymphes ciblent les plus petites victimes pour leur repas. Les oiseaux sont également au menu. Selon Alicja Buczek, chercheuse sur les tiques au Département de biologie et de parasitologie de l’Université médicale de Lublin en Pologne, les parasites voyageraient loin en faisant du stop sur leurs hôtes — en particulier lorsque ces hôtes sont des oiseaux migrateurs.
« Le transfert des larves et des nymphes de H. marginatum par les oiseaux migrateurs sur de longues distances, y compris les migrations intercontinentales, a lieu pendant les migrations et les reproductions saisonnières d’oiseaux » déclare Buczek. Parallèlement, le changement climatique altère les écosystèmes et remodèle les schémas migratoires des oiseaux, permettant ainsi aux tiques de coloniser des zones géographiques où elles ne vivaient pas auparavant.
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Les tiques Hyalomma sont répandues en Afrique du Nord et en Asie, mais également en Europe méridionale et orientale. Des cas sporadiques ont été observés dans certaines parties de l’Europe du Nord et en Russie, mais ils ne semblent pas représenter des populations établies.
Des tiques vecteurs de différentes maladies
L’observation des tiques néerlandaises a suscité des inquiétudes en matière de santé publique car les tiques Hyalomma sont des vecteurs connus de la fièvre hémorragique Crimée-Congo, une maladie grave causant fièvre, douleurs articulaires, vomissements et saignements non contrôlés, selon le Centre américain de contrôle et de prévention des maladies (CDC).
Les tests ont montré qu’aucune des tiques ne portait l’agent pathogène de la fièvre hémorragique. Cependant, la tique de Drenthe portait la bactérie Rickettsia aeschlimannii, responsable de la fièvre maculée. Le premier signe de fièvre maculée est généralement une croûte sombre se formant sur le site de la morsure. Les symptômes comprennent des éruptions cutanées, de la fièvre, des douleurs musculaires et des maux de tête, mais la maladie peut être traitée avec des antibiotiques.