Un ingénieur a eu une idée innovante pour lutter contre les feux de forêt, une menace naturelle (bien que parfois d’origine humaine) qui s’aggrave d’autant plus avec le changement climatique. Pour cela, il a développé avec son équipe un nouveau fluide semblable à un gel qui, une fois appliqué, persiste sur la végétation pendant des mois afin d’empêcher la propagation du feu. Cette innovation pourrait représenter le moyen tant attendu pour mettre fin à ces désastres naturels d’envergure.
Le retardant pulvérisable d’un nouveau genre a été conçu par un ingénieur et ancien forestier spécialisé dans la prévention des incendies et pourrait un jour être utilisé pour réduire considérablement le nombre d’incendies de forêt subis chaque année.
En recouvrant de vastes zones de végétation dans des zones particulièrement vulnérables, il est espéré que cette technique pourra agir comme un « vaccin » contre les futurs incendies.
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« Cela pourrait potentiellement rendre la lutte contre les feux de végétation beaucoup plus proactive, plutôt que réactive », déclare Eric Appel, chercheur et ingénieur en matériaux à l’Université de Stanford (États-Unis).
« Ce que nous faisons actuellement, c’est surveiller les zones sujettes aux incendies de forêt et attendre ‘avec impatience’ que les incendies débutent, puis nous nous dépêchons de les éteindre… » ajoute-t-il. Il va de soi que ce n’est pas ainsi que nous progresserons dans la lutte contre les incendies, qui deviennent rapidement hors de contrôle.
Aujourd’hui, lorsque les pompiers interviennent sur les lieux d’incendies actifs, ils utilisent des retardants tels que le sel inorganique d’ammonium polyphosphate (ou APP), qui dégage de l’eau lors de sa combustion. Mais le problème, c’est que ces solutions ne fonctionnent qu’à court terme, car elles perdent leur efficacité une fois que l’eau qu’elles retiennent s’évapore. Et dans la plupart des incendies de forêt, cette perte peut se produire en moins d’une heure.
Le nouveau gel consiste essentiellement eu une matière collante et résistante au feu, agissant comme un retardant chimique mais en plus efficace. Fabriqué principalement à partir de matière végétale, le matériau est à base de cellulose, ce qui signifie qu’il se lie à la végétation par temps pluvieux, venteux ou ensoleillé. De plus, selon les inventeurs, il est également non toxique et peut être pulvérisé en toute sécurité à l’aide de matériel agricole ou des aéronefs de largage actuels.
Ci-dessous, une comparaison entre une parcelle d’herbe non traitée par le gel et une parcelle traitée :
Les principaux composants du gel sont des polymères de cellulose (dérivés de matières végétales) et des particules de silice colloïdale, chimiquement identiques au sable. « Ce qui se passe, c’est que les polymères se lient avec les particules. Cela fait penser à une sorte de velcro moléculaire », explique Appel. Les polymères produisent des ponts entre les particules, créant une structure gélatineuse.
Jusqu’à présent, il a été testé sur du gazon et du chamise (Adenostoma fasciculatum) par le Département des forêts et de la protection contre les incendies de Californie (CalFire) et, dans les deux scénarios, la pulvérisation offrait une protection complète contre les incendies, même après de fortes pluies. En comparaison, d’autres retardants commerciaux n’offraient que peu ou pas de protection.
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« Nous n’avons pas d’outil comparable à celui-ci » déclare Alan Peters, chef de division de la CalFire, qui a surveillé certaines des incendies de test de l’étude. « Il a vraiment le potentiel de réduire le nombre d’incendies ». Les résultats ont été publiés dans la revue PNAS.
Non seulement efficace pour empêcher la propagation d’un incendie, mais aussi pour l’arrêter
Mis à part son efficacité pour prévenir les incendies, ce gel peut également être utilisé pour arrêter un feu. En l’appliquant à des doses beaucoup plus élevées, il peut même arrêter un incendie qui a déjà démarré, de la même manière que les ignifugeants sont pulvérisés sur les incendies.
Les feux de forêt à travers le monde ne devraient devenir que plus intenses et plus fréquents à mesure que le changement climatique s’aggrave, et nos méthodes de gestion sont actuellement plutôt limitées. De nouveaux outils et techniques sont donc absolument nécessaires en ces temps incertains.
Les chercheurs collaborent actuellement avec l’État de Californie pour tester le gel dans des zones bordées d’arbres, concernées par des dizaines d’incendies chaque année. Si les tests sont concluants et que le produit est mis sur le marché, il pourrait protéger de nombreux moyens de subsistance à travers le monde et permettre d’épargner d’innombrables vies.