Une employée d’un laboratoire à San Diego (États-Unis) s’est accidentellement injectée le virus de la vaccine (un virus associé à la variole) dans l’un de ses doigts. L’infection résultant de cet accident a provoqué le gonflement et le noircissement du doigt, qui a mis plus de trois mois à guérir.
Selon le rapport relayant l’accident, ce cas est tout à fait unique, car il s’agit de la toute première fois que des médecins ont utilisé le tecovirimat (un médicament pour traiter la variole, récemment approuvé) dans le but de traiter cette infection acquise en laboratoire, avec le virus de la vaccine.
Il faut savoir que le virus de la vaccine est similaire au virus de la variole. Cependant, la vaccine est moins dangereuse et ne cause pas la variole. D’ailleurs, la vaccine est le virus utilisé pour fabriquer le vaccin antivariolique : un effort mondial de vaccination impliquant ce vaccin a abouti à l’éradication de la variole dans le monde en 1980.
Bien que le vaccin ne soit plus utilisé couramment de nos jours, les médecins le prescrivent aux personnes présentant un risque d’exposition à la variole ou à des virus similaires, comme par exemple les scientifiques qui justement, travaillent avec le virus de la vaccine (dans des contextes de recherche, le virus de la vaccine peut être utilisé comme vecteur de livraison de thérapies géniques ou anticancéreuses).
Mais dans le cas décrit dans cet article, l’employée de laboratoire, une femme de 26 ans, s’est involontairement piquée avec une aiguille, tandis qu’elle réalisait une expérience l’obligeant à injecter le virus de la vaccine à des souris. Cette dernière a immédiatement rincé son doigt avec de l’eau pendant 15 minutes, a averti ses supérieurs et s’est rendue dans une salle d’urgence.
Bien que la laborantine ait eu l’occasion de recevoir le vaccin antivariolique avant de commencer son travail sur la vaccine, elle a refusé la vaccination. Il est important de noter que ce vaccin antivariolique a plus d’effets secondaires que la plupart des vaccins proposés couramment aujourd’hui. En effet, contrairement à la plupart des vaccins, qui utilisent des virus affaiblis ou tués, le vaccin antivariolique contient le virus de la vaccine vivant.
De ce fait, encore quelques jours après avoir reçu le vaccin, on s’attend à ce que les personnes développent une lésion rouge et des démangeaisons sur le site de la vaccination. Après cela, la lésion se transforme en une grande cloque remplie de pus. Pendant que le site de vaccination guérit, il est nécessaire de le recouvrir d’un pansement qui doit être changé environ tous les trois jours. Finalement, une croûte se forme sur la cloque et tombe, laissant une petite cicatrice. L’ensemble du processus de guérison prend environ trois semaines. Il ne s’agit donc pas simplement d’un vaccin anodin.
Cependant, il faut également savoir que, malgré ces effets secondaires inconfortables, le vaccin présente un risque très faible de complications graves. En revanche, une injection accidentelle du virus de la vaccine pendant le travail de laboratoire peut entraîner de graves infections des plaies, pouvant nécessiter une hospitalisation.
Dans le cas de cette employée, environ 10 jours après l’accident, elle a développé un gonflement et une lésion, là où l’aiguille s’était plantée. Plus tard, elle avait de la fièvre et le gonflement s’est aggravé. À ce moment-là, les médecins craignaient qu’elle ne développe un « syndrome des loges », une affection grave caractérisée par une pression excessive à l’intérieur d’un muscle.
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Douze jours après l’accident, les médecins ont décidé de traiter la femme avec du tecovirimat pendant 14 jours, avec une dose unique d’immunoglobuline de la vaccine, qui consiste en un anticorps provenant d’individus déjà vaccinées contre la maladie. La femme a également reçu des antibiotiques pour prévenir une infection bactérienne de sa plaie.
Selon le rapport, c’est au bout de 48 heures de traitement que sa fièvre a disparu et que la douleur et le gonflement de son doigt ont diminués. Néanmoins, les zones de tissus nécrotiques (soit morts) sur son doigt n’ont pas complètement guéri depuis plus de trois mois, et elle n’a pas pu se rendre au travail pendant cette période.
Lorsqu’on lui a demandé pourquoi elle n’avait pas initialement accepté de prendre le vaccin antivariolique en prévention, l’employée du laboratoire a déclaré qu’à l’époque, elle « n’avait pas compris l’étendue des conséquences que l’infection pouvait provoquer ». De plus, cette dernière pensait qu’il serait compliqué de gérer la lésion du site de vaccination et s’inquiétait des éventuels effets secondaires (mentionnés plus haut).
Toujours selon le rapport, dans ce cas particulier, le tecovirimal a été utilisé sans danger pour traiter une infection par le virus de la vaccine. Cependant, « comme il ne s’agit là que d’un seul cas, il n’est pas clair si le médicament serait justifié pour d’autres infections par ce virus », ont déclaré les auteurs.