Observateurs du ciel, avez-vous remarqué que la constellation d’Orion était légèrement différente ces derniers temps ? En effet, la lumière de son étoile Alpha Orionis, plus connues sous le nom de Bételgeuse, semble nettement plus faible qu’à son habitude. Il faut savoir que Bételgeuse est une étoile de type supergéante rouge, dont la distance exacte de la Terre est très difficile à établir (estimée à 642.5 années-lumière).
Une luminosité plus faible de l’étoile, pourrait-elle signifier une prochaine naissance de supernova ? À quoi ressemblerait Bételgeuse si elle engendrait effectivement une supernova ? C’est le 20 décembre dernier que les informations sur la situation de la Bételgeuse ont commencé à émerger sur les réseaux sociaux, notamment via un article datant du 8 décembre concernant « l’affaiblissement de Bételgeuse, la supergéante rouge », rédigé par des chercheurs de l’Université de Villanova.
L’AAVSO (American Association of Variable Star Observers) a confirmé, par le biais d’estimations de la courbe de la lumière, que l’étoile s’est en effet estompée d’environ une magnitude, soit un peu plus de la moitié de sa magnitude habituelle de +0.5 à +1.5.
Il faut savoir qu’un changement d’une magnitude n’est pas inhabituel pour une étoile variable comme Bételgeuse, mais une telle différence retient toujours l’attention des scientifiques. À noter également que la variabilité de la supergéante rouge (qui est 12 fois plus massive que le Soleil et distante d’environ 650 années-lumière) a été constatée pour la toute première fois par l’astronome Sir John Herschel, en 1836.
Physiquement, l’étoile est actuellement « gonflée » dans un rayon de peut-être huit unités astronomiques (AU). Si nous la placions au centre de notre système solaire, Bételgeuse pourrait s’étendre jusqu’à dépasser l’orbite de Jupiter.
Ce fait a également permis aux astronomes d’utiliser les premières mesures interférométriques optiques brutes du télescope de 2.5 mètres de l’Observatoire du Mont Wilson dans le but de mesurer le diamètre physique de Bételgeuse, qui est de 50 milliarcsecondes (2400 fois le diamètre du Soleil).
À la fin des années 1980, les astronomes ont utilisé une technique émergente d’interférométrie masquant l’ouverture pour obtenir la première image directe de Bételgeuse. Cette étoile particulière mérite donc toujours d’être surveillée, car il s’agit de l’un des candidats les plus proches de notre galaxie potentiellement sur le point de donner lieu à une supernova.
Il n’est pas inhabituel de découvrir des supernovæ au sein des galaxies éloignées, mais un tel événement n’a encore jamais été observé dans notre propre galaxie à « l’ère télescopique » : en effet, l’étoile de Kepler dans la constellation Ophiuchus a été la dernière supernova observée dans la Voie lactée, en 1604, bien qu’une supernova dans le Grand Nuage de Magellan ait également été repérée en 1987.
Une évolution rapide et une mort précoce
Une géante rouge comme Bételgeuse évolue rapidement et meurt jeune, épuisant son hydrogène en un peu moins de 10 millions d’années. L’étoile est donc destinée à subir une implosion centrale et un effondrement, puis à engendrer une supernova de type II.
À présent, une telle explosion pourrait se produite dans 100’000 ans, ou même ce soir… Alors, le fait que l’étoile montre une luminosité nettement plus faible qu’à son habitude, signifie-t-il qu’elle engendrera très prochainement une supernova ? À l’heure actuelle, les chercheurs n’en sont pas certains. Cependant, dans tous les cas, un événement de supernova ayant lieu à seulement 700 années-lumière de distance serait une occasion en or de l’étudier de près !
Non seulement chaque télescope optique pourrait étudier l’explosion stellaire, mais d’autres observatoires tels que LIGO (l’Observatoire d’ondes gravitationnelles par inferférométrie laser) pourraient en détecter les ondes gravitationnelles générées. De plus, IceCube, l’observatoire de neutrinos (situé au pôle Sud) pourrait également détecter et collecter des données sur cet événement si particulier.
Fort heureusement pour nous, nous nous situons hors de la zone dite de « destruction », faisant tout de même quelque 50 années-lumière. En effet, la supernova émet un rayonnement létal se propageant jusqu’à 50 années-lumière de son centre. De ce fait, l’explosion de cette étoile serait pour nous une opportunité sans précédent d’étudier un tel phénomène de création de supernova.
De récentes études ont mis en lumière le fait que des supernovae antiques pourraient avoir joué un rôle important dans l’évolution de la vie sur Terre, et une étude récente en particulier suggère qu’une supernova aurait accéléré l’apparition de la bipédie chez les premiers humains.
À quoi ressemblerait une supernova dans la constellation d’Orion ?
Si nous nous basons sur la dernière supernova (du Grand Nuage de Magellan), nous pouvons spéculer que Bételgeuse brillerait à une magnitude de -10. Cela est 16 fois plus faible qu’une pleine lune, mais 100 fois plus lumineux que Vénus, ce qui rendrait l’événement facilement visible dans le ciel diurne !
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À présent, il est tout à fait possible pour vous d’observer la faible luminosité de Bételgeuse. En décembre, cette étoile qui se trouve dans la constellation d’Orion se trouve vers l’est au crépuscule. En réalité, l’hiver de l’hémisphère nord est le meilleur moment pour observer Bételgeuse, car elle est à peu près opposée au Soleil et domine le ciel nocturne.
À quoi pouvons-nous nous attendre pour la suite concernant la Bételgeuse ?
Selon les scientifiques, Bételgeuse pourrait bien encore s’illuminer à nouveau avec plus d’intensité au début de l’année 2020, mais si elle entame sa transition vers une supernova, alors les choses pourraient bien devenir très excitantes pour les chercheurs et les observateurs à travers le monde entier. Et si cela se produit au cours de notre existence, alors il s’agira d’une expérience incroyable (et douce-amère) : en effet, nous serions extrêmement chanceux de voir Bételgeuse devenir une supernova de notre vivant, mais la constellation d’Orion ne serait plus jamais la même.