À l’heure où les autorités réfléchissent au bien fondé de déclarer la pandémie concernant le coronavirus COVID-19, les cas d’infections continuent de se multiplier en Europe. Tandis que la situation se dégrade en Italie, avec un septième décès récemment rapporté, le premier cas de coronavirus vient d’être confirmé en Suisse aujourd’hui. La multiplication de ces cas entraîne une difficulté supplémentaire pour les autorités, qui ont déjà d’importantes difficultés à tracer correctement les différents foyers infectieux.
L’Italie est désormais le pays avec le troisième plus grand nombre de personnes infectées par le coronavirus au monde, le nombre de cas atteignant 282, dont 7 sont décédés de complications liées à la contraction du virus. L’Italie a dépassé le Japon pour terminer troisième après la Chine (78’811 cas confirmés, 2’462 décès) et la Corée du Sud (977 infectés, 10 morts), selon les données de l’Université Johns-Hopkins.
Les cas de coronavirus en Italie se concentrent principalement dans les régions du nord du pays, avec le plus grand nombre (116) en Lombardie, où les autorités régionales ont ordonné la fermeture des écoles, des terrains de jeux, des musées et des cinémas, avec des bars fermés à 18 heures chaque soir.
Aggravation de la situation en Italie et premier cas confirmé en Suisse
À Rome, la maire Virginia Raggi a ordonné la suspension des examens d’entrée dans la fonction publique, impliquant 3600 personnes venant de toute l’Italie dans la capitale, le 24 février. Le gouvernement a placé 12 villes du nord de l’Italie en quarantaine dans la région de Lombardie, avec des policiers et des soldats qui patrouillent dans les zones pour imposer la quarantaine dans les secteurs les plus touchés.
Les autorités ont précisé que sur les 282 cas confirmés, 99 personnes sont hospitalisées pour des symptômes, 23 sont en soins intensifs et 91 sont isolées dans leurs habitations (et présentent des symptômes). Le nord de l’Italie a des frontières ouvertes avec des pays comme l’Autriche, la Suisse et la Slovénie.
Le Premier ministre Giuseppe Conte a annoncé un plan d’urgence pour mettre en quarantaine les villes samedi soir, verrouillant une douzaine de villes en bloquant la plupart des déplacements à destination et en provenance de celles-ci. Il a déclaré que la quarantaine pourrait durer des semaines. Les autorités italiennes ont estimé lundi que près de 100’000 personnes à travers les régions sont touchées par ces restrictions et les déplacements.
Un premier cas confirmé en Suisse
Plus tôt dans la journée, la Confédération et les autorités du canton tu Tessin ont annoncé le premier cas confirmé de COVID-19 en Suisse. Hier, les autorités de santé publique suisses avaient annoncé un renforcement des mesures de sécurité dans la région afin d’éviter toute propagation du virus en provenance d’Italie.
Tandis que les personnes présentant des symptômes grippaux sévères sont systématiquement placées en quarantaine, des tests, dont les résultats sont obtenus en deux heures, ont été mis massivement à disposition des médecins.
Une multiplication des cas qui empêche une traçabilité efficace des foyers infectieux
Cette multiplication des cas en Europe suit la déclaration du directeur de l’OMS, Tedros Ghebreyesus, qui affirmait hier que la fenêtre d’opportunité que les autorités internationales possèdent pour endiguer la propagation du virus se réduit à chaque instant. Alors que quelques jours auparavant, des épidémiologistes de l’Imperial College de Londres révélaient que 2/3 des personnes infectées voyageant à travers le monde passent à travers les mailles du filet de détection.
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L’Iran a signalé 28 cas, mais cela semble être une sous-estimation importante car deux personnes qui viennent de voler d’Iran vers le Canada et le Liban se sont révélées infectées. À moins que les personnes qui quittent l’Iran par avion soient beaucoup plus susceptibles d’être infectées que celles qui ne le font pas, Gergely Röst, de l’Université de Szeged, en Hongrie, dit qu’il faudrait entre 1600 et 2400 cas en Iran pour produire deux voyageurs infectés — plus que tout autre comptage officiel jusqu’à présent dans un pays autre que la Chine.
Cela est particulièrement inquiétant, déclare Andy Tatem de l’Université de Southampton (Royaume-Uni), car l’Iran a « des liens solides avec des pays, tels que l’Afghanistan, l’Irak et le Pakistan, qui ont des systèmes de santé plus faibles », ce qui signifie qu’ils pourraient ne pas détecter ou contenir le virus.
Nous ne connaissons pas non plus la source de bon nombre des 229 cas dans le nord de l’Italie, et il existe une poignée de cas tout aussi introuvables dans sept autres pays. Jusqu’à présent, les efforts de lutte contre le virus se sont concentrés sur le confinement, dans lequel tous les cas détectés et leurs contacts sont mis en quarantaine. Cependant, plus le nombre d’infections augmente, moins il devient facile d’identifier les foyers infectieux initiaux.