En Suisse, le Conseil d’État et l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) ont décrété « l’état de nécessité » pour tout le pays, dans le but d’enrayer la propagation du coronavirus et protéger ses habitants. La Suisse est l’un des pays européens où la propagation du virus est particulièrement rapide. En effet, les cas augmentent de manière quasi exponentielle, actuellement plus vite qu’en Italie. Les experts estiment que seules des mesures de confinement pourront ralentir ce rythme.
Vendredi à 12h30, l’OFSP a communiqué les nouveaux chiffres liés à la maladie COVID-19 en Suisse : plus de 1125 tests positifs ont été recensés, dont 1009 cas confirmés. Au vendredi 13 mars, le nombre total de décès est de 7.
Mise en place de l’état de nécessité
À présent, le Conseil d’État et l’OFSP ont déclaré l’état de nécessité pour l’ensemble du pays. Le Conseil d’État, en étroite collaboration avec le Service sanitaire coordonné (SSC) de l’armée suisse — qui a tenu une réunion de crise sur le sujet en fin de semaine, a décidé des actions à entreprendre dans le cadre de ces restrictions.
Voici ce que cela implique :
- Toutes les écoles (privées et obligatoires), lycées et universités seront fermées jusqu’au 4 avril (au moins).
- Les restaurants et bars, boîtes de nuits, cinémas et théâtres ne pourront accueillir plus de 50 personnes.
- Les musées, centres sportifs (incluant les piscines publiques), les stations de ski et autres établissements similaires ne pourront accueillir plus de 100 personnes.
De manière générale, les rassemblements (privés ou publics) de plus de 100 personnes sont interdits dans toute la Suisse.
Parmi les mesures mises en place : les individus de plus de 65 ans ne doivent plus garder d’enfants, ni participer à des fêtes publiques ou privées, ni utiliser les transports publics. Ces derniers doivent également suivre de façon stricte les mesures d’hygiène recommandées.
Frontières :
En se basant sur les mesures imposées par le gouvernement italien, le Conseil fédéral autorise uniquement le transit et le transport de marchandises. Des contrôles à toutes les frontières auront donc lieu, avec des restrictions particulièrement renforcées depuis l’Italie. Les citoyens suisses, les individus disposant d’un permis de séjour et les travailleurs frontaliers seront les seuls autorisés.
Finances :
Le Conseil d’État annonce également que 10 milliards de francs seront mobilisés pour faire face à la situation, répartis comme cela (non exhaustif) :
- 8 milliards pour l’assurance-chômage (partiel ou technique), pour les employés et entreprises
- Aide exceptionnelle pour les entreprises particulièrement vulnérables et en difficulté (jusqu’à 1 milliard au total)
- Les PME en difficulté financière pourront également bénéficier de crédits bancaires jusqu’à (au total) 580 millions de francs
Le Tessin comme exemple
Le canton du Tessin est déjà en état de nécessité depuis mercredi, ce qui implique que la vie publique est depuis nettement restreinte. Depuis vendredi 13 mars, le canton a également fermé les écoles (jusqu’au 30 avril). Tous les locaux publics sont également fermés depuis. Seules sont permises les activités sportives et individuelles qui permettent d’observer la distance minimale prescrite de 1,8 m entre deux individus.
« La vague est maintenant arrivée », a déclaré Daniel Koch, responsable de la division des maladies transmissibles de l’OFSP, évoquant les mesures prises mercredi par le Tessin. Il a également lancé un appel à la solidarité : « il faut l’aide de tous pour freiner la propagation du virus ».
Depuis vendredi 13 mars, les cantons de Vaud et de Fribourg ont rapidement suivi, impliquant la fermeture des établissements scolaires jusqu’au 30 avril.
Un taux d’infectés plus élevé qu’en Chine
Actuellement, la Suisse montre le pourcentage de cas de coronavirus parmi les plus élevés au monde : soit 7.6 pour 100’000 habitants. Un taux inférieur à certains pays ayant une situation plus grave, comme l’Italie, la Corée du Sud et l’Iran, mais plus élevé que la Chine, qui compte 5.6 cas pour 100’000 habitants.
En comparaison, la République Tchèque, qui compte 1.6 cas pour 100’000 habitants, a déjà fermé les écoles et interdit tous les rassemblements de plus de 100 personnes. « Dans 9 à 14 jours, la Suisse sera dans la situation actuelle de l’Italie, qui est très préoccupante », estime Giuseppe Melfi, mathématicien de l’Université de Neuchâtel, en Suisse.
D’autres spécialistes ont également fait leurs calculs, et ils ne sont pas moins alarmistes : « Ces deux derniers jours, le nombre de cas de Covid-19 a été multiplié par un facteur de 1,7 en Suisse et de 1,36 en Italie. La croissance est presque exponentielle, elle évolue très rapidement dans les deux pays, et même plus rapidement en Suisse », estime Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale à l’Université de Genève.
Koch a précisé que les autorités prenaient la situation très au sérieux et qu’il fallait maintenant prendre les bonnes décisions le plus vite possible. La priorité étant de protéger les groupes à risque, afin de ne pas surcharger les unités de soins intensifs et d’utiliser les infrastructures hospitalières à bon escient. « De cette manière, il sera possible d’éviter des décès », a encore ajouté Koch.
Ci-dessous, la conférence de presse du Conseil fédéral suisse (diffusée en direct à 15h30) :