Parmi les lignes directrices concernant les régimes alimentaires conseillés par l’OMS, et les médecins en général, se trouve l’apport journalier en sel. En effet, il est notoirement connu qu’un excès de sel peut entraîner une augmentation de la pression artérielle, menant à l’hypertension et à des complications cardiovasculaires. Et récemment, des chercheurs ont montré que cet excès pouvait également entraîner une diminution de l’efficacité du système immunitaire concernant les infections bactériennes.
Consommer trop de sel peut altérer la capacité du corps à lutter contre les infections bactériennes, selon des études menées sur la souris et sur 10 volontaires humains. Christian Kurts, de l’hôpital universitaire de Bonn en Allemagne et son équipe, ont d’abord montré que les souris recevant un régime riche en sel étaient moins capables de lutter contre les infections rénales causées par E. coli et les infections globales causées par Listeria monocytogenes, une cause fréquente d’intoxication alimentaire.
Excès en sel : il neutralise l’efficacité des neutrophiles contre les bactéries
« Les bactéries ont causé plus de dégâts avant que le système immunitaire ne les élimine », explique Kurts. Ensuite, l’équipe a donné à 10 femmes et hommes en bonne santé âgés de 20 à 50 ans 6 grammes de sel supplémentaires par jour en plus de leur alimentation normale, sous la forme de trois comprimés par jour.
Après une semaine, certaines de leurs cellules immunitaires, appelées neutrophiles, avaient une capacité considérablement réduite à traquer et à tuer les bactéries par rapport aux mêmes tests effectués sur chaque individu avant de prendre du sel supplémentaire. L’équipe n’a pas examiné l’effet d’un apport élevé en sel sur la capacité du corps à lutter contre les infections virales.
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Les glucocorticoïdes et l’urée responsables de la diminution immunitaire
L’Organisation mondiale de la santé recommande de ne pas consommer plus de 5 grammes de sel par jour pour éviter l’hypertension artérielle, qui peut provoquer des accidents vasculaires cérébraux et des maladies cardiaques. Au Royaume-Uni, les gens mangent en moyenne 8 grammes, ce qui suggère que beaucoup en consomment autant ou plus que les volontaires de l’étude.
L’équipe pense que deux mécanismes sont impliqués. Premièrement, lorsque nous mangeons beaucoup de sel, des hormones sont libérées pour que le corps excrète plus de sel. Il s’agit notamment des glucocorticoïdes, qui ont pour effet secondaire de réduire le système immunitaire dans tout le corps. Deuxièmement, il y a un effet local dans les reins. Les chercheurs ont découvert que l’urée s’accumule dans les reins lorsque les niveaux de sel sont élevés et que l’urée supprime les neutrophiles.