COVID-19 : premier cas confirmé de seconde infection

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C’est l’une des nombreuses incertitudes qui entourent la maladie : est-on immunisé à long terme après avoir contracté la maladie, ou au contraire, est-il possible d’être contaminé plusieurs fois ? Une nouvelle étude parue dans la revue Clinical Infectious Diseases rapporte le cas d’un patient d’une trentaine d’années, qui a bel et bien été infecté une seconde fois après avoir été touché par le SARS-CoV-2 quelques mois auparavant.

C’est la première fois que des experts confirment cette hypothèse, ce qui suggère que l’immunité développée face au nouveau coronavirus aurait une durée limitée. Mais « ce n’est pas une raison de s’alarmer » selon Akiko Iwasaki, professeur à la Yale School of Medicine. Selon le spécialiste, ce cas ne fait qu’illustrer le principe même de l’immunité.

Un cas qui reste anecdotique

En effet, si cet homme de 33 ans a bien contracté deux fois la maladie, la seconde fois était complètement asymptomatique (alors qu’il présentait des symptômes bénins la première fois). Une preuve donc que le système immunitaire a quand même joué son rôle. Certes, les mécanismes de défense n’ont pas été assez robustes pour enrayer complètement l’infection, mais il semble qu’ils soient parvenus à en diminuer la gravité.

À noter que le patient a été infecté par deux souches génétiquement différentes du virus. La seconde infection a en effet été confirmée à son retour à Hong Kong, après un séjour en Europe (il venait d’effectuer un trajet depuis l’Espagne, via le Royaume-Uni). Kelvin Kai-Wang To, microbiologiste clinique à l’Université de Hong Kong, confirme que les analyses ont prouvé qu’il s’agissait bien d’un nouveau virus et non d’une excrétion virale prolongée de la première contamination.

Plusieurs cas de réinfection ont été rapportés par le passé. Mais ces derniers étaient basés sur des preuves anecdotiques ou sur des tests de dépistage peu fiables. Dans le cas du patient de Hong Kong, aucun doute : les chercheurs ont séquencé le virus lors des deux infections et ont obtenu des résultats clairement distincts (24 nucléotides différents entre les deux séquençages).

Maria Van Kerkhove, responsable technique de l’Organisation mondiale de la santé pour la réponse aux coronavirus, n’est pas vraiment étonnée par la découverte de ce cas particulier : « Nous savons que les gens affichent une réponse immunitaire depuis un certain temps, mais elle peut décroître ». C’est du moins ce qui a déjà été observé avec les précédentes épidémies de MERS et de SARS. Face à ce cas confirmé de double infection, les auteurs de l’étude soulignent par ailleurs « qu’il est peu probable que l’immunité collective puisse éliminer le SARS-CoV-2 ».

Pour bien cerner le phénomène, l’équipe de chercheurs a entrepris une recherche d’anticorps sur le patient après sa réinfection. Celle-ci s’est avérée positive. D’autres analyses seront nécessaires pour déterminer le plus précisément possible la nature et la durée de cette immunité. Car celle-ci est évidemment étroitement liée à la durée d’efficacité des vaccins potentiels ; pour certaines personnes, une ou plusieurs doses de rappel pourraient être nécessaires. Reste à déterminer à quelle fréquence…

Les spécialistes se font toutefois rassurants : ce patient est un cas isolé parmi des millions de cas dans le monde, et les défenses immunitaires persistent généralement plus longtemps que quelques mois.

Appliquer les mesures préventives, même une fois rétabli

En effet, depuis le début de la pandémie, plusieurs études scientifiques ont démontré que la plupart des patients qui guérissent de la maladie développent une réponse immunitaire robuste. Celle-ci inclut l’apparition d’anticorps neutralisants et de lymphocytes T. Les premiers empêchent le virus d’infecter les cellules de l’organisme, les seconds éliminent les particules virales. Ces personnes sont de ce fait protégées pendant un certain temps. Mais jusqu’à quand ?

Une chose est certaine, ce ne sera pas pour la vie si l’on se réfère à ce que l’on observe pour d’autres coronavirus. Les défenses immunitaires développées dans l’organisme suite à un rhume persistent généralement de quelques mois à un an. L’immunité acquise après une infection au SARS et au MERS semble quant à elle durer plusieurs années. Le SARS-CoV-2 pourrait ainsi se situer quelque part entre les deux…

Lors de sa première infection, fin mars, l’homme présentait des symptômes classiques de la COVID-19 (toux, fièvre, maux de gorge et maux de tête), sans gravité. Lorsqu’il a à nouveau été testé positif, quatre mois et demi plus tard, il ne présentait aucun symptôme. Ce qui confirme une première hypothèse formulée par les experts, selon laquelle les cas secondaires sont plus bénins que les premiers. La réponse immunitaire n’est donc pas totalement inexistante.

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Les chercheurs soulignent qu’il est important d’analyser la réponse immunitaire lors d’une première infection. En effet, certaines études ont montré que si réponse il y avait, elle n’était pas complète : certaines personnes ne produisaient pas suffisamment d’anticorps neutralisants, pour une raison inconnue à ce jour. Si le patient de Hong Kong faisait partie de cette catégorie, cela expliquerait en grande partie sa réinfection. Selon les experts, la grande majorité des patients affichent un taux satisfaisant d’anticorps neutralisants et de ce fait, sont peu susceptibles de contracter à nouveau la maladie dans un laps de temps si court.

En attendant de plus amples connaissances sur la réponse immunitaire au SARS-CoV-2, les chercheurs conseillent vivement aux personnes rétablies de la COVID-19 de continuer à appliquer les mesures préventives qui s’imposent (distanciation physique, port du masque et lavage régulier des mains). En outre, si un vaccin arrive sur le marché, ces personnes devront aussi en bénéficier.

Source : LiveScience

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