Le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) est décrit comme une détresse respiratoire provoquée par un œdème pulmonaire provenant d’une cause sous-jacente. Lorsque la cause est bactérienne, générée par exemple par la production d’entérotoxine, elle peut entraîner une réponse inflammatoire dévastatrice et conduire à la défaillance de plusieurs organes. Un laboratoire américain pionnier dans l’étude des composés végétaux en médecine a récemment publié des travaux concernant l’effet du THC sur le SDRA lorsqu’il est induit par une entérotoxine bactérienne. Les résultats montrent que le THC neutralise l’inflammation et évite les dommages pulmonaires, empêchant ainsi le SDRA de se développer. Ce traitement pourrait également être utilisé dans le cadre de la COVID-19 selon les chercheurs.
Le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA), lorsqu’il est causé par une toxine bactérienne connue sous le nom d’entérotoxine staphylococcique, peut être évité par un traitement au Δ9-tétrahydrocannabinol (THC), un cannabinoïde présent dans la plante de cannabis. Cette découverte intéressante, récemment publiée dans la très réputée revue Journal of Pharmacology, suggère également un traitement possible pour le SDRA causée par la COVID-19.
Ce nouvel article est basé sur des études des laboratoires de Mitzi et de Prakash Nagarkatti de l’École de médecine de l’Université de Caroline du Sud (UofSC). « Les effets protecteurs du Δ9-tétrahydrocannabinol contre le syndrome de détresse respiratoire aiguë induit par l’entérotoxine est médié par la modulation du microbiote », expliquent les auteurs. Mitzi et Prakash Nagarkatti étudient depuis des années comment les composés d’origine végétale peuvent être utilisés pour prévenir et réduire l’inflammation dans tout le corps.
THC : il supprime l’inflammation induite par la tempête de cytokines
L’incidence du SDRA aux États-Unis est de 78.9 pour 100’000 personnes/an et le taux de mortalité est de 38.5%. Lorsqu’elle est inhalée, l’entérotoxine staphylococcique peut provoquer le SDRA en activant les cellules immunitaires pour qu’elles produisent des quantités massives de cytokines, conduisant à une « tempête de cytokines », ce qui peut provoquer une défaillance des poumons et d’autres organes, entraînant souvent la mort.
Ce processus immunitaire est similaire à celui observé chez les patients atteints de COVID-19 sévère qui sont admis à l’hôpital et développent un SDRA accompagné d’une tempête de cytokines, ce qui entraîne une défaillance respiratoire et multi-organique. Ces études soulèvent donc la possibilité intéressante d’utiliser des cannabinoïdes pour traiter le SDRA observé chez les patients atteints de COVID-19.
Ces études ont également montré que l’entérotoxine staphylococcique altère le microbiome dans les poumons, conduisant à l’émergence d’un microbiote pathogène. Mais le THC génère également un microbiome positif, en favorisant des bactéries bénéfiques qui suppriment l’inflammation, évitant ainsi les dommages aux poumons.
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Un traitement potentiellement utilisable dans le cadre de la COVID-19
« Le syndrome de détresse respiratoire aiguë est déclenché par une variété d’agents étiologiques. Actuellement, il n’existe aucun médicament approuvé par la FDA pour traiter le SDRA, en raison duquel le taux de mortalité est proche de 40 pour cent. Nos études suggèrent que le THC est très efficace pour traiter le SDRA et ainsi, les essais cliniques sont essentiels pour déterminer si cela fonctionne », indique Mitzi Nagarkatti.
« La tempête de cytokines est un énorme problème clinique qui conduit à l’échec de plusieurs organes et souvent à la mort. Elle est également observée chez les patients atteints de COVID-19, et il n’y a pas de modalités de traitement efficaces contre ce syndrome. Nous travaillons sur les cannabinoïdes depuis plus de 20 ans et avons trouvé que les cannabinoïdes tels que le THC sont hautement anti-inflammatoires. Ainsi, nos études soulèvent la suggestion passionnante de tester le THC contre le SDRA observé chez les patients COVID-19 », déclare Prakash Nagarkatti.
Le laboratoire des Nagarkatti a réalisé des décennies d’études pionnières sur les cannabinoïdes. En fait, leurs études sur l’utilisation d’un autre cannabinoïde dérivé de la plante de cannabis, le cannabidiol (CBD), pour traiter l’hépatite auto-immune, ont été bien reconnues sur le terrain et ont conduit à l’approbation par la FDA du CBD comme médicament pour traiter ce trouble.