C’est officiel, le géant de l’e-commerce vient d’intégrer la catégorie des « transporteurs aériens ». Son projet de livraison par drones, Amazon Prime Air, vient de recevoir l’autorisation de la Federal Aviation Administration (FAA). Les Américains vont bientôt voir passer des colis estampillés d’un grand sourire dans le ciel…
Une étape importante pour la firme de Jeff Bezos. L’autorisation de l’aviation civile américaine était indispensable au lancement de son nouveau mode de livraison. Mais l’exploitation commerciale de ces drones n’est pas pour tout de suite : Amazon a déclaré qu’il lui faudrait un peu de temps avant de déployer ses livreurs autonomes à grande échelle.
Une étape franchie, mais certains obstacles demeurent
Amazon Prime Air utilise des aéronefs sans pilotes autonomes, autrement dit des drones, pour livrer en toute sécurité des colis aux clients. Un service qui peut s’avérer très utile, notamment dans le contexte sanitaire actuel, comme le souligne un porte-parole de la FAA : « La FAA soutient l’innovation qui est bénéfique pour le public, en particulier pendant une crise sanitaire ou météorologique ».
L’an dernier, la firme avait présenté son tout dernier modèle de drone, le MK27, dont on peut avoir un aperçu dans la vidéo suivante :
Cet engin « hybride » de forme hexagonale est capable de décoller et d’atterrir verticalement, comme un hélicoptère, puis de s’incliner pour voler comme un avion standard. Équipé de diverses caméras, de capteurs et d’un sonar qui lui permettent d’éviter les obstacles, il est présenté comme étant « aussi robuste et stable que les avions commerciaux ». Il peut transporter des colis d’un peu plus de 2 kg à des clients situés dans un rayon de 25 km environ. Certes, côté charge utile, cela peut paraître un peu restreint ; mais selon Amazon, 75 à 90% des articles achetés sur la plateforme sont de poids inférieur à cette limite.
À quand les premiers colis Amazon dans le ciel ? Si la société est désormais autorisée à réaliser ses premiers essais de livraison aérienne, elle n’a pas communiqué de date ni de lieu, pour le moment. Jeff Wilke, l’un des dirigeants d’Amazon, avait toutefois déclaré en juin que les livraisons pourraient commencer « dans les mois à venir ». La firme exploite aujourd’hui plusieurs sites d’essai dans le nord-ouest des États-Unis et dans la région voisine de Vancouver. Elle a d’ores et déjà effectué des livraisons expérimentales au Royaume-Uni.
La société ambitionne de proposer bientôt à ses clients des livraisons en moins de trente minutes. Cependant, plusieurs obstacles réglementaires et techniques restent à surmonter. Pour commencer, les drones doivent être capables de suivre des itinéraires préprogrammés sans que des pilotes humains surveillent en permanence chacun de leurs mouvements. Mais l’autorisation de la FAA n’inclut pas de tels vols autonomes ; à ce jour, aucune entreprise n’est d’ailleurs autorisée à le faire sans mettre en place des observateurs sur le terrain, une procédure bien trop coûteuse…
En outre, d’autres normes encadrant la fabrication des drones et la nuisance sonore générée par leur utilisation doivent être clairement définies. L’aviation civile américaine doit également établir un nouveau système pour gérer ce nouveau trafic aérien de basse altitude, qui va prendre de plus en plus d’ampleur.
Le mode de livraison du futur
Pour obtenir l’approbation de la FAA, Amazon a dû montrer patte blanche : des programmes de formation des pilotes, aux tests de dépistage de drogues. En outre, des dérogations ont dû être mises en œuvre, les règles de la FAA étant à l’origine conçues pour des aéronefs avec des humains à bord (l’obligation du port d’une ceinture de sécurité, par exemple, a peu de sens dans le cas d’un drone…).
À noter qu’Amazon n’est pas pionnière dans le domaine : le 1er octobre 2019, UPS a obtenu la même autorisation et fut ainsi la toute première société à livrer par drones aux États-Unis. Peu de temps après, c’est Wing, une filiale d’Alphabet (Google), qui a obtenu l’accord de l’aviation civile américaine.
Wing effectue des livraisons par drone en Virginie et en Finlande depuis l’année dernière ; les habitants de Christiansburg peuvent notamment commander des produits de la chaîne de pharmacies Walgreens, un partenaire de Wing pour ses expérimentations. À savoir que plusieurs enseignes en Australie utilisent déjà régulièrement ce service depuis un an, après pas moins de 18 mois de tests dans la banlieue de Canberra.
UPS a quant à lui commencé par livrer des fournitures médicales à des complexes hospitaliers, en Caroline du Nord. Au printemps, le transporteur évoquait un nouveau partenariat avec le constructeur allemand Wingcopter, pour concevoir une flotte de nouveaux appareils à rotor inclinable, plus silencieux et plus rapides. Bien d’autres entreprises et start-ups attendent également l’approbation de la FAA.
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Ce mode de livraison va donc probablement très vite se répandre dans le monde entier. Amazon, à l’instar d’autres retailers du monde entier, espère véritablement révolutionner la vente au détail grâce aux drones. C’est certain que le contexte particulier lié à la pandémie était l’occasion de démontrer à quel point ce type de livraison limitant les contacts peut être pratique (d’autant plus que l’activité d’Amazon, et plus globalement la consommation en ligne, n’a fait qu’augmenter pendant le confinement mondial).
Aujourd’hui, la FAA cherche à réviser son cadre de réglementation pour permettre aux futurs drones de survoler des zones habitées (ce qui est là encore indispensable pour envisager une vraie exploitation commerciale des engins). Les nouvelles règles obligeront notamment les drones à diffuser leur identité et leur emplacement à tout moment (pour éviter les collisions avec d’autres aéronefs d’une part, et pour minimiser le risque terroriste d’autre part).