Le confinement fait partie des mesures majoritaires de lutte prise au début de la pandémie pour contenir la COVID-19. De très nombreux gouvernements l’ont appliqué et continuent de le faire avec plus ou moins de restrictions. Cependant, tous les épidémiologistes ne pensent pas que ce soit la meilleure façon de protéger la population. Un groupe de chercheurs a proposé l’idée de lever totalement le confinement pour les jeunes et les adultes les moins à risque, afin qu’une immunité collective puisse se créer, tout en maintenant des mesures de protection pour les personnes les plus vulnérables. Une proposition jugée grotesque par plusieurs autres scientifiques, d’autant plus dans un contexte où il semblerait qu’aucune immunité à long terme ne soit observée dans les cas d’infection aux coronavirus.
Un groupe international de scientifiques a appelé les gouvernements à annuler leurs stratégies contre le coronavirus et à permettre aux jeunes en bonne santé de retrouver une vie normale tout en protégeant les plus vulnérables. La proposition, rédigée par trois chercheurs mais signée par de nombreux autres, plaide pour laisser le virus se propager dans les groupes à faible risque dans l’espoir de parvenir à une « immunité collective », où suffisamment de population résiste au virus pour étouffer la pandémie.
Décrit comme « la déclaration de Great Barrington », d’après la ville du Massachusetts où il a été rédigé, le plan marque le dernier round d’un débat très controversé entre des scientifiques qui soutiennent des approches radicalement différentes de la crise. Un expert critique a déclaré que le plan « grotesque » équivalait à une élimination des personnes malades et handicapées.
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Lever le confinement pour les plus jeunes tout en protégeant les plus vulnérables
Les auteurs de la déclaration — Sunetra Gupta, de l’université d’Oxford, Jay Bhattacharya, de l’université de Stanford, et Martin Kulldorff de l’université de Harvard — affirment que les confinements et restrictions contre la Covid-19 ont des « effets dévastateurs » sur la santé publique en perturbant les soins de routine et en impactant la santé mentale, les défavorisés supportant le plus grand fardeau dans cette situation.
Alors que de nombreux gouvernements tentent de lutter contre le virus jusqu’à ce que de nouveaux traitements et vaccins soient trouvés, le trio écrit que les personnes âgées et les autres personnes à risque devraient être protégées tandis que celles qui sont le moins en danger devraient « être immédiatement autorisées à reprendre une vie normale ».
David Livermore, professeur de microbiologie médicale à l’Université d’East Anglia et signataire de la déclaration, indique que les personnes âgées dans les maisons de soins pourraient être protégées si les soignants recevaient des salaires suffisants pour vivre dans les maisons ou dans un logement voisin pendant des périodes d’un mois.
Les auteurs ont admis qu’il était plus difficile de protéger le grand nombre de personnes âgées dans la communauté, mais ont suggéré que les individus pourraient se protéger. « Si vous avez plus de 75 ans, vous pouvez choisir de sortir le moins possible ». Les efforts pour maintenir les infections à un faible niveau « n’ont fait que retarder les choses », selon les auteurs.
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Une proposition jugée grotesque et critiquée par de nombreux autres chercheurs
Le mois dernier, deux groupes scientifiques britanniques ont offert des avis contradictoires. Dans une lettre ouverte, le professeur Gupta et ses collègues ont fait valoir que la suppression du virus était irréalisable, tandis que l’autre, dirigée par le professeur Trish Greenhalgh, également à Oxford, a déclaré qu’il n’était pas faisable de couper toute une population de personnes vulnérables dans une société ouverte.
William Hanage, professeur d’épidémiologie à Harvard, indique que la déclaration semble remettre en cause les confinements massifs et continus, une proposition que personne ne devrait suggérer. « Après avoir souligné, à juste titre, les dommages indirects causés par la pandémie, ils affirment que la réponse est d’augmenter les dommages directs causés par celle-ci ».
Les travaux de Hanage et d’autres suggèrent que la Covid devient plus mortelle que la grippe pour les personnes dans la trentaine et grimpe de façon exponentielle à partir de là, ce qui signifie que des pans de la population auraient besoin d’être protégés. Une autre préoccupation est qu’une épidémie incontrôlée chez les jeunes et les personnes en bonne santé pourrait laisser beaucoup de personnes avec des problèmes médicaux à long terme, y compris les troubles de « longue COVID » qui ont déjà affecté les jeunes.
Dans un fil Twitter répondant à la déclaration, Gregg Gonsalves, épidémiologiste à l’Université de Yale, rappelle que des fermetures et d’autres interventions sont nécessaires pour réduire les taux d’infection. Avec près de la moitié de la population ayant un risque sanitaire sous-jacent, il indique que les stratégies d’immunité de groupe consistent généralement à « abattre le troupeau de malades et d’invalides. C’est grotesque ».