Le Pakistan dispose de l’arme nucléaire depuis la fin des années 1990, mais n’a pas souscrit aux mesures de non-prolifération des armes nucléaires. C’est pourquoi le programme nucléaire du pays est étroitement surveillé. Une analyse récente d’images disponibles sur Google Earth a révélé qu’une des installations de retraitement nucléaire du pays avait été étendue au cours des deux dernières années. Un signe indiquant que le pays pourrait avoir intensifié son programme nucléaire militaire.
Des recherches d’images satellites sur Google Earth ont révélé une extension substantielle et non documentée d’une usine de traitement nucléaire présumée au Pakistan. Les chercheurs affirment que c’est un signe possible que le pays renforce la capacité de son programme d’armes nucléaires.
Le Pakistan possède des armes nucléaires depuis 1998, mais n’est pas signataire des principaux traités internationaux sur la prolifération et les essais nucléaires. Le programme secret d’armes nucléaires du pays est étroitement surveillé en raison des tensions avec l’Inde voisine, qui dispose également d’un arsenal nucléaire.
Une usine de retraitement nucléaire étendue en deux ans
Des chercheurs de l’Institute for Science and International Security (ISIS), une organisation à but non lucratif basée aux États-Unis, ont déjà utilisé des images satellites pour identifier une installation nucléaire présumée à Chashma, dans le nord du pays, qui semble avoir commencé ses activités en 2015 et construite pour retraiter le combustible des centrales nucléaires voisines, séparant le plutonium pour une utilisation militaire.
Neil Hyatt de l’Université de Sheffield, au Royaume-Uni, a identifié ce qui semble être une expansion majeure de l’usine de retraitement. En utilisant des images satellites accessibles au public et en travaillant avec une équipe de l’ISIS pour l’aider à analyser sa découverte, il a constaté que la construction de l’extension avait commencé entre avril et septembre 2018. Les images des deux années suivantes montrent des fondations et d’autres travaux en cours.
Le 9 mai 2020, une image Google Earth a révélé un nouveau bâtiment de 30 mètres sur 30, juste à côté du bâtiment d’origine. Les images prises le 13 septembre 2020 montrent que le toit de l’extension est apparemment terminé et que les clôtures de construction ont été supprimées.
Une extension servant des objectifs militaires ?
Sans confirmation du gouvernement pakistanais, il est difficile de savoir à quoi servira l’installation ou si elle est opérationnelle, mais l’ampleur du développement suggère que le pays prévoit un effort soutenu de séparation du plutonium pour les armes, déclare Hyatt.
« Le Pakistan n’a aucun besoin immédiat de réutiliser le plutonium dans le combustible MOX (pour une utilisation dans une centrale nucléaire) et, comme l’installation est protégée militairement, il semble probable que l’intention est d’utiliser la matière dans le programme d’armement », ajoute-t-il.
La nécessité de surveiller le programme nucléaire pakistanais
Sarah Burkhard, de l’ISIS (Institute for Science and International Security), affirme que la découverte de l’installation montre la nécessité de surveiller en permanence les installations nucléaires secrètes du Pakistan. « Le Pakistan envisage peut-être d’introduire davantage de combustible pour le retraitement ou d’améliorer le fonctionnement de l’usine de retraitement, dans les deux cas peut-être en augmentant encore son stock de plutonium pour l’utilisation dans les armes nucléaires », dit-elle.
Les chercheurs modélisent régulièrement les conséquences mondiales apocalyptiques d’une guerre nucléaire entre le Pakistan et l’Inde. Jeffrey Lewis, du James Martin Center for Nonproliferation Studies en Californie, indique que si certaines personnes supposent que l’Inde dispose d’un plus grand stock d’armes nucléaires parce que c’est le plus grand pays, les chercheurs pensent que le Pakistan est le plus grand des deux à ce niveau-là. « Le Pakistan continue de mettre énormément l’accent sur l’expansion de son programme d’armes nucléaires, et l’expansion de l’installation de retraitement le souligne ».