ยซ Si tu ne te couvres pas, tu vas tomber malade ยป. Nous sommes nombreux ร dรฉjร avoir entendu cette phrase. Les tempรฉratures froides, et les saisons qui y sont liรฉes, sont depuis longtemps associรฉes, dans la sociรฉtรฉ, ร diffรฉrentes infections comme le rhume ou la grippe. En effet, plusieurs รฉtudes ont montrรฉ que la propension de personnes malades รฉtait globalement plus รฉlevรฉe durant les pรฉriodes froides. Tant et si bien que la science a fini par se pencher sur la question et tenter d’identifier les causes de cette frรฉquence plus รฉlevรฉe d’infections en hiver et en automne. Alors, pourquoi sommes-nous plus souvent malades quand il fait froid ?
Le rhume est causรฉ par un certain nombre de pathogรจnes, les virus, qui se transmettent d’une personne ร l’autre sous forme de gouttelettes issues du systรจme respiratoire. Les coupables sont en fait des centaines de souches de rhinovirus et de coronavirus. Ces virus sont plus actifs pendant les mois d’hiver et d’automne, et ils ont besoin d’hรดtes humains pour survivre et se dรฉvelopper. De la mรชme maniรจre, la grippe est elle aussi causรฉe par des virus de la famille influenza. Puisque ces mois sont au dรฉbut et ร la fin de nos saisons les plus fraรฎches, nous avons historiquement associรฉ le temps froid aux maladies causรฉes par ces virus. Mais ร quel point le froid est-il responsable ?
Tempรฉratures froides : un cadre idรฉal pour les virus
Certaines recherches suggรจrent que les rhinovirus peuvent se rรฉpliquer plus efficacement ร des tempรฉratures infรฉrieures ร 37 ยฐC, qui est la tempรฉrature corporelle moyenne chez l’Homme. La tempรฉrature ร l’intรฉrieur de la cavitรฉ nasale est d’environ 33 ยฐC, ce qui peut en faire un terrain de reproduction idรฉal pour les rhinovirus.
La plupart des recherches sur les rhinovirus se sont principalement concentrรฉes sur lโexamen de la maniรจre dont les diffรฉrences de tempรฉrature corporelle affectent la capacitรฉ du virus ร se reproduire. Cependant, des recherches plus rรฉcentes se concentrent sur les facteurs environnementaux susceptibles dโaugmenter le risque de dรฉvelopper une infection ร rhinovirus.

Une รฉtude a examinรฉ si les variations de tempรฉrature et d’humiditรฉ entraรฎnaient ou non un risque plus รฉlevรฉ d’infection ร rhinovirus. Les chercheurs ont dรฉcouvert que la diminution de la tempรฉrature et de l’humiditรฉ sur une pรฉriode de 3 jours augmentait le risque d’infection ร rhinovirus chez les participants. Dans la mรชme รฉtude, les chercheurs ont dรฉcouvert que la majoritรฉ des infections se produisaient ร des tempรฉratures infรฉrieures ou รฉgales ร 0 ยฐC. Les virus grippaux peuvent รฉgalement survivre et se propager plus facilement dans l’air froid et sec. Une รฉtude chez des cobayes suggรจre que la tempรฉrature idรฉale pour la propagation du virus de la grippe est de 5 ยฐC.
L’impact du froid sur le systรจme immunitaire
Cependant, la fiรจvre, les frissons, les maux de gorge, la toux et le nez qui coule que nous ressentons lorsque nous avons un rhume sont en fait le rรฉsultat de la rรฉaction de notre systรจme immunitaire ร ces virus. Lorsque le virus pรฉnรจtre dans le systรจme respiratoire, par le nez ou la bouche, il sโinfiltre dans nos cellules et commence ร se multiplier. Notre systรจme immunitaire rรฉpond en envoyant une armรฉe de cellules immunitaires et des substances chimiques qui dรฉclenchent la rรฉponse inflammatoire, ce qui cause de nombreux symptรดmes que nous associons ร un rhume ou une grippe.
Il est vrai que le froid peut jouer un petit rรดle dans l’augmentation des rhumes et des grippes pendant les mois les plus froids. Une faรงon dont notre systรจme immunitaire combat les virus est de supprimer leur capacitรฉ ร se rรฉpliquer, mais certaines รฉtudes ont montrรฉ que le temps froid peut ralentir cette rรฉponse.
En effet, des รฉtudes ont montrรฉ que pendant les mois d’hiver, de nombreuses personnes possรจdent moins de vitamine D en raison d’une exposition rรฉduite au Soleil. Et plusieurs recherches suggรจrent que la vitamine D joue un rรดle essentiel dans le maintien du systรจme immunitaire. En outre, une รฉtude de 2015 a rรฉvรฉlรฉ que l’exposition des cellules des voies respiratoires prรฉlevรฉes sur des souris ร des tempรฉratures plus basses diminuait la rรฉponse immunitaire des cellules contre un rhinovirus ciblant la souris.
Enfin, respirer de l’air froid et sec provoque le rรฉtrรฉcissement des vaisseaux sanguins des voies respiratoires supรฉrieures dans le but de conserver la chaleur. Cela peut empรชcher les globules blancs d’atteindre la membrane muqueuse, rendant plus difficile pour le corps de lutter contre les infections.
Le froid : il crรฉe des conditions propices pour tomber malade
De plus, les personnes asthmatiques peuvent courir un risque plus รฉlevรฉ de tomber malades, car l’air froid peut aggraver la maladie chronique, provoquant davantage de crises d’asthme. Dans cet รฉtat affaibli, les poumons peuvent รชtre plus sensibles aux infections. En fait, les maladies chroniques en gรฉnรฉral, comme le diabรจte, les maladies cardiaques et les maladies pulmonaires, exposent toutes ร un plus grand risque de contracter le rhume et la grippe.
Enfin, par temps froid, certaines des dรฉfenses naturelles de notre nez peuvent รชtre affaiblies. L’air froid peut assรฉcher et fissurer les tissus intรฉrieurs, crรฉant une porte d’entrรฉe pour les virus, et les minuscules poils (cils) ร l’intรฉrieur de notre nez qui balaient les pathogรจnes peuvent ne pas รชtre aussi efficaces par temps froid. Cela รฉtant dit, quel que soit le temps, les infections comme le rhume et la grippe ne se produisent pas sans la prรฉsence d’un pathogรจne.



Le plus gros problรจme avec les mois les plus froids est que notre rรฉponse ou notre adaptation au temps froid peut nous rendre plus vulnรฉrables aux infections. Par exemple, le temps froid peut faire couler un peu plus notre nez, donc plus de sรฉcrรฉtions nasales (et de germes) ont le potentiel de se propager. De plus, si les personnes atteintes du rhume ou de la grippe sont en dรฉplacement, elles sont plus susceptibles de tousser ou d’รฉternuer, propageant le virus par les airs.
L’air sec habituellement gรฉnรฉrรฉ par les appareils de chauffage fournit un excellent milieu de propagation dans les airs pour les gouttelettes d’humiditรฉ qui sont expulsรฉes lors d’une toux ou d’un รฉternuement. Elles restent plus longtemps en suspension dans l’air chaud et sec, crรฉant une pรฉriode d’exposition plus longue pour les personnes dans cet espace. Le fait d’รชtre plus souvent malade par temps froid dรฉpend donc d’une conjonction de plusieurs facteurs, et non de la tempรฉrature en soi. En conclusion, ce sont les pathogรจnes et les conditions dans lesquelles ils sont amenรฉs ร รฉvoluer qui vous rendent malade, mais pas le froid en soit.


