Plus de 40 ans aprรจs la fin du programme Apollo, la NASA a dรฉcidรฉ que l’Homme retournerait sur la Lune en 2024 dans le cadre du projet Artemis. Ce retour des humains sur la surface lunaire permettra, notamment, d’รฉtudier la faisabilitรฉ de l’installation de colonies et le dรฉveloppement de bases lunaires. ร ce titre, les scientifiques se sont penchรฉs sur les capacitรฉs d’accueil effectives de la Lune et la maniรจre dont l’environnement lunaire pourrait supporter la vie humaine.ย
Une faรงon de rรฉpondre ร cette question, de maniรจre simpliste, est de considรฉrer la surface lunaire. La superficie de la Lune reprรฉsente environ 15.9% de la superficie totale de la Terre (ร l’exclusion de la superficie couverte par les ocรฉans). Techniquement, si nous remplissions cette zone ร la densitรฉ des villes les plus peuplรฉes de la Terre, nous pourrions installer des milliards de milliards d’humains ร la surface de la Lune.
Mais combien de personnes pourraient tenir ร la surface de la Lune est une question trรจs diffรฉrente de celle de combien de personnes ce monde pourrait soutenir durablement. Et ร cet รฉgard, la Lune est certainement la cousine la plus pauvre de la Terre.
ยซ C’est un endroit plutรดt stรฉrile. Chaque espรจce cherche ร รฉlargir sa niche รฉcologique. Mais la nouvelle ยซ niche ยป, qui est la Lune, est trรจs inhospitaliรจre pour les humains ยป, indique Darby Dyar, chercheur au Planetary Science Institute en Arizona et professeur d’astronomie au Mount Holyoke College dans le Massachusetts.
Les obstacles ร l’installation de colonies lunaires
Contrairement ร la Terre, il n’y a pas de prรฉcipitations sur la Lune pour que l’eau s’accumule. Fondamentalement, la Lune manque รฉgalement d’une atmosphรจre avec de l’air respirable. Le satellite naturel de la Terre n’a pas non plus d’รฉcosystรจmes existants qui pourraient convenablement soutenir les domaines de l’agriculture.
La Lune est รฉgalement vulnรฉrable aux tempรชtes solaires, c’est-ร -dire les รฉruptions ร la surface du Soleil qui รฉmettent un puissant rayonnement รฉlectromagnรฉtique, que la Lune โ sans la protection d’un champ magnรฉtique โ ne peut pas dรฉvier. Il y a aussi des tempรฉratures extrรชmes et de longues pรฉriodes alternรฉes d’obscuritรฉ et de lumiรจre.
Tout cela peut rendre la vie sur la Lune impossible. Pourtant, รฉtonnamment, ce n’est pas le cas. En fait, les รฉlรฉments essentiels ร l’existence humaine โ l’air, l’eau, la nourriture et un abri โ ne sont thรฉoriquement pas aussi inaccessibles sur la Lune que l’on pourrait le croire.
Apporter de l’oxygรจne ou le synthรฉtiser ?
Pour soutenir une population de dรฉpart de quelques centaines de personnes sur la Lune, nous devrions commencer par transporter de l’air vers la surface lunaire, en le pompant dans des structures scellรฉes dans lesquelles les humains vivraient. Cela semble difficilement rรฉalisable, mais ร court terme, ce serait en fait assez rentable, selon Markus Landgraf, le chef de projet lunaire ร l’Agence spatiale europรฉenne.
ยซ Les gens ne consomment pas beaucoup d’air, et pendant longtemps, nous n’aurons pas besoin de gรฉnรฉrer de l’air sur la Lune. Nous pouvons l’apporter. Les coรปts de transport pour cela sont encore gรฉrables ยป. Si cette population atteignait des dizaines de milliers, cependant, nous aurions besoin de synthรฉtiser de l’oxygรจne sur la Lune, un processus coรปteux. Mais Landgraf explique que la croissance de l’exploration spatiale dans les dรฉcennies ร venir pourrait rendre le processus plus รฉconomique.

C’est parce que propulser des engins spatiaux nรฉcessite de l’oxygรจne, donc si la demande augmente, ยซ il est plus logique sur le plan รฉconomique de construire des gรฉnรฉrateurs d’oxygรจne sur la Lune pour la propulsion des fusรฉes, plutรดt que pour l’eau potable et l’air pour les colons ยป. Cela rรฉduirait les coรปts de production, ce qui rendrait moins chรจre la production d’air pour les habitants de la Lune.
La disponibilitรฉ de l’eau sur la Lune
Et l’eau ? Jusqu’ร il y a quelques dรฉcennies, les chercheurs pensaient que la Lune รฉtait complรจtement aride. Mais maintenant, ils savent qu’une quantitรฉ surprenante de liquide est prรฉsente sur la surface lunaire. ยซ Nous pensons qu’il reste de l’eau depuis la formation de la Lune. Et nous savons que les comรจtes, qui sont essentiellement des boules de glace, impactent pรฉriodiquement la surface de la Lune. Il y a de bonnes preuves pour suggรฉrer que ces cratรจres oรน les comรจtes ont percutรฉ la surface contiennent encore des rรฉservoirs de glace ยป, explique Dyar. Et ces suppositions ont rรฉcemment รฉtรฉ confirmรฉes.
Une autre source d’eau vient des vents solaires ; chargรฉs de protons, ceux-ci entrent en collision avec des รฉlectrons sur la Lune, formant de l’hydrogรจne. Tout cela s’ajoute ร une quantitรฉ dรฉcente d’eau lunaire, peut-รชtre suffisante pour soutenir une population importante. Et nous avons dรฉjร dรฉveloppรฉ des technologies sur la Station spatiale internationale pour recycler l’eau potable de l’eau de douche, de l’urine et de la sueur des astronautes. Sur la Lune, cette technologie pourrait crรฉer une source d’eau en circuit fermรฉ pour les habitants.

Mais mรชme avec le recyclage, dit Dyar, ces rรฉserves d’eau ne seraient pas infinies ; le recyclage de l’eau ร maintes reprises entraรฎne des pertes, de sorte que les rรฉserves devraient รชtre rechargรฉes de temps en temps. De plus, extraire l’eau de la Lune en รฉcrasant les roches lunaires et en draguant la glace des cratรจres profonds nรฉcessiterait d’รฉnormes et coรปteuses quantitรฉs d’รฉnergie. ยซ Mon sentiment est que la colonisation de la Lune dรฉpendra de notre apport d’hydrogรจne ยป, ajoute Dyar. Le transport serait รฉgalement coรปteux : environ 180’000 euros par kilogramme.
L’eau : elle ne reprรฉsentera pas un problรจme pour les premiers colons
Sans savoir quelle quantitรฉ d’eau se trouve actuellement ร la surface de la Lune, il est รฉgalement difficile d’estimer le nombre de personnes qu’elle pourrait accueillir. Mais nous savons au moins que c’est peut-รชtre suffisant pour fournir une source d’eau relativement durable. Dans tous les cas, Landgraf estime que les pionniers lunaires n’auraient pas besoin d’exploiter les ressources en eau de la Lune pendant au moins les cinq ร dix premiรจres annรฉes de colonisation ; il sera assez bon marchรฉ de transporter l’eau lร -haut et la recycler pour la vingtaine d’humains qui seront les premiers habitants lunaires.
Quant ร l’agriculture lunaire, nous pourrions imiter les conditions de croissance de la Terre avec des dรดmes fermรฉs ressemblant ร un รฉcosystรจme. Illuminรฉe par de longues pรฉriodes de rayonnement solaire et arrosรฉe d’eau recyclรฉe, l’agriculture lunaire pourrait รชtre รฉtendue pour nourrir des milliers de personnes. De nombreuses recherches suggรจrent dรฉjร que faire pousser des cultures dans l’espace fonctionnera.


Lโรฉlectron est une particule รฉlรฉmentaire qui, avec les protons et les neutrons, constitue les atomes. Cโest donc lโun des composants principaux de la matiรจre baryonique. ร ce titre, il revรชt... [...]