Depuis quelques semaines, Israël est devenu un véritable laboratoire mondial concernant l’efficacité du vaccin de Pfizer. Plus de 30% de la population du pays a déjà été vaccinée et les premières données ont montré des baisses drastiques du nombre de cas d’infection et d’hospitalisation. Cette situation semble être confortée par la fuite récente d’un rapport d’étude confirmant l’efficacité du vaccin et sa capacité à mener prochainement le pays à l’immunité collective.
Un rapport scientifique divulgué rédigé conjointement par le ministère israélien de la Santé et Pfizer affirme que le vaccin anti-COVID-19 de la société arrête neuf infections sur 10 et que le pays pourrait approcher l’immunité collective d’ici le mois prochain. L’étude, basée sur les dossiers de santé de centaines de milliers d’Israéliens, constate que le vaccin pourrait réduire considérablement la transmission du coronavirus.
« Une vaccination massive peut endiguer de manière significative la pandémie et offre l’espoir d’un contrôle éventuel de la pandémie alors que les programmes de vaccination s’intensifient dans le reste du monde », écrivent les auteurs.
Des résultats importants pour évaluer l’efficacité du vaccin
Les résultats sont importants car Israël est le leader mondial dans la vaccination de sa population, transformant le pays en laboratoire in situ pour savoir si les vaccins peuvent mettre fin à la pandémie. Jusqu’ici, Israël a vacciné 32% de sa population, tous avec le vaccin Pfizer, et a maintenant le taux de vaccination par habitant le plus élevé du monde contre la COVID.
Le rapport confirme que le vaccin est capable de réduire la maladie et les décès liés à l’infection de plus de 93% et fournit également la première preuve à grande échelle que le vaccin peut prévenir la plupart des formes pathologiques, y compris celles qui ne provoquent pas de symptômes.
Cela pourrait permettre à Israël de devenir le premier pays à atteindre l’immunité collective, ou des niveaux de résistance de la population suffisamment élevés pour empêcher la propagation du virus sans confinement. Tant que le pays continue de vacciner les gens rapidement et qu’aucune variante n’émerge pour laquelle le vaccin a une efficacité inférieure, « Israël pourrait approcher le seuil d’immunité collective pour le SARS-CoV-2 d’ici mars », affirme l’étude.
Un rapport d’étude non officiel
Le rapport non publié de 22 pages a été obtenu pour la première fois par Nadav Eyal, un éminent journaliste israélien, qui a décrit les résultats jeudi et publié des captures d’écran du texte sur Twitter. Pfizer n’a pas confirmé l’authenticité du document d’étude. Ses auteurs principaux sont Sharon Alroy-Preis, responsable de la santé publique au ministère israélien de la Santé, et Eric Haas, chercheur au ministère.
En outre, l’étude a été menée par une équipe de huit chercheurs de Pfizer, dont les épidémiologistes Farid Khan et John McLaughlin et le responsable médical mondial de la société pour les vaccins contre les coronavirus, David Swerdlow, un expert en maladies infectieuses qui travaillait auparavant pour les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) des États-Unis.
Vaccin efficace à 93% et chute des cas d’hospitalisation
Le rapport israélien décrit des observations faites pendant trois semaines en janvier et février lorsque les chercheurs ont pu comparer les dossiers de santé de personnes non vaccinées et de personnes qui avaient reçu leur deuxième injection plus d’une semaine auparavant. Ils ont ensuite comparé les groupes pour cinq critères liés à la COVID : infection, symptômes, hospitalisations, hospitalisation critique et décès.
L’étude non publiée indique que le vaccin était efficace à environ 93% pour prévenir la forme symptomatique. Pfizer et son partenaire, la société de biotechnologie allemande BioNTech, avaient constaté une efficacité de 95% dans leurs essais cliniques menés en 2020. L’étude à l’échelle nationale a également pu montrer que les hospitalisations et les décès ont chuté de manière identique dans le groupe vacciné.
Parce qu’Israël teste les gens de manière assez complète, les chercheurs ont également pu estimer que le vaccin était efficace à 89.4% pour prévenir toute infection détectable, y compris les infections asymptomatiques. Cette découverte suggère que le vaccin pourrait fortement supprimer la transmission du virus et pourrait aider à mettre fin à l’épidémie, une possibilité que Pfizer et les chercheurs israéliens disent surveiller de près.
Atteindre l’immunité collective
L’immunité collective est le seuil à partir duquel les cas commenceraient à décliner même sans mesures telles que les masques et la distanciation sociale, car le virus manquerait de personnes susceptibles d’être infectées. La proportion exacte de la population qui devrait être immunisée pour atteindre ce seuil est cependant inconnue — les estimations vont de 60% à 85% —, et il reste à voir combien d’Israéliens acceptent finalement d’être vaccinés. La vaccination est facultative dans le pays et est considérée avec plus de scepticisme par les groupes d’âge plus jeunes, ainsi que par les juifs ultra-orthodoxes et les Arabes bédouins.
Le vaccin Pfizer nécessite deux injections espacées de 21 jours, bien que les résultats publiés jeudi dans la revue Lancet, également basés sur des conclusions en Israël, suggèrent que même une seule dose du vaccin est efficace à environ 85% deux à trois semaines après son administration.