Le COVID-long — la forme chronique de COVID-19 qui persiste des mois après l’infection — concerne un nombre croissant d’individus qui pourtant, se sont rétablis de l’infection initiale. Les causes exactes de cette forme de maladie restent pour le moment floues, mais de nouveaux constats durant les campagnes de vaccination pourraient permettre d’en apprendre un peu plus à ce sujet : après s’être fait vacciner, certains patients ont reporté une amélioration voire une disparition de leurs symptômes de COVID-long. On suspecte que cet effet soit dû à l’élimination de réservoirs viraux dans certains organes, suite à la forte réaction immunitaire engendrée par le vaccin.
Pour la plupart, la COVID-19 ressemble à une grippe (ou à une forte grippe), mais de nombreuses personnes (au moins 10-15%) continuent de ressentir des symptômes — fatigue, douleurs musculaires, arythmie cardiaque, maux de tête, brouillard cérébral — plusieurs semaines ou mois après s’être rétablies de la maladie initiale.
Ce qui est étonnant et qui a alarmé les autorités sanitaires, c’est que la forme longue de la maladie peut apparaître après une infection à première vue bénigne et qui dans sa première phase n’a pas engendré de symptômes sévères, voire aucun symptôme. Ce type de COVID-long est donc différent que celui des individus qui ont été gravement malades, nécessitant un passage en soins intensifs par exemple.
Certaines personnes atteintes de COVID-long ont exprimé leur crainte que le vaccin n’aggrave leurs symptômes, explique Gez Medinger, un vidéaste qui a converti sa chaîne YouTube initiale en une chaîne dédiée au COVID-long, après l’avoir développé lui-même. « Les gens sont très anxieux à ce sujet », déclare-t-il.
Une amélioration des symptômes chez 32% des malades interrogés
Certaines personnes ont signalé en ligne, sur la chaîne de Medinger, qu’elles se sentaient mieux après avoir reçu le vaccin. Medinger a donc mené une enquête le mois dernier en utilisant plusieurs groupes Facebook, qui comprenaient 473 personnes atteintes de COVID-long qui avaient reçu une première dose de vaccin. La plupart se sont senties « modérément mal » pendant les deux premiers jours après avoir reçu l’injection, et après deux semaines, environ la moitié d’entre elles se sentaient à nouveau exactement comme avant le vaccin.
Mais 32% des individus interrogés ont déclaré qu’ils se sentaient mieux ou qu’ils s’étaient complètement remis de la maladie. Certains ont vu leur état s’aggraver : 4% d’entre eux déclarant avoir eu une rechute des symptômes. 14% ont déclaré se sentir légèrement moins bien qu’avant le vaccin, bien que nous ne sachions pas pendant combien de temps.
« La prise du vaccin a plus de chances de résoudre complètement vos symptômes que de vous faire sentir beaucoup plus mal », explique Medinger. La plupart des personnes interrogées sont du Royaume-Uni ou des États-Unis ; 60% avaient reçu le vaccin Pfizer/BioNTech, 30% celui d’Oxford/AstraZeneca et le reste celui de Moderna. Ce qui aurait été intéressant, c’est de savoir quel vaccin a engendré le plus de résultats positifs, mais malheureusement nous n’avons pas pu obtenir cette information.
Des « réservoirs viraux » tels que l’intestin potentiellement en cause
Il existe plusieurs hypothèses sur les causes du COVID-long. La première est que le système immunitaire serait dans de tels cas incapable de se débarrasser entièrement du virus, de sorte qu’il persiste dans des « réservoirs » comme l’intestin, ce qui entraîne une inflammation de faible intensité dans tout le corps.
« Si vous pensez à un réservoir viral qui n’a jamais été correctement ‘vidé’, vous pouvez facilement imaginer comment un vaccin pourrait faire pencher la balance en votre faveur », explique Danny Altmann, de l’Imperial College de Londres, au Royaume-Uni. En effet, certains scientifiques pensent qu’il est possible qu’en administrant un vaccin, la réponse immunitaire renforcée chez les personnes souffrant de COVID-long en raison de réservoirs viraux puisse conduire à leur élimination, entraînant ainsi la résolution des symptômes.
À ce sujet, Peter Openshaw, également de l’Imperial College de Londres, répond à Trust My Science : « C’est possible, mais nous avons besoin d’études pour le confirmer. J’ai eu des retours comme quoi les symptômes de COVID-long ont diminué chez certaines personnes ». « Vous pouvez considérer les arguments théoriques comme vous le souhaitez. La seule chose qui permettra de le savoir avec certitude est une étude clinique contrôlée. Mais il est encourageant de constater qu’il n’y a pas beaucoup de rapports d’exacerbation des symptômes. C’est ce qui nous fait peur », ajoute-t-il.