Les poissons-chats électriques (Malapterurus), connus depuis l’Égypte antique, peuvent délivrer des décharges électriques de plus de 350 volts pour étourdir leurs proies ou pour se défendre. Dans une nouvelle étude, des chercheurs montrent qu’ils sont non seulement insensibles à leurs propres décharges électriques, mais également à toute source électrique externe.
Des chercheurs de l’Université de Bayreuth en Allemagne, Georg Welzel et Stefan Schuster, ont étudié l’espèce Malapterurus beninensis afin d’en savoir plus sur sa capacité à s’isoler des courants électriques (externes ou autogénérés).
Pour cela, ils ont placé un poisson-chat électrique et un poisson rouge dans un même réservoir. Dans un premier essai, Welzel et Shuster ont incité le poisson-chat à se décharger de son électricité en lui brossant doucement la queue. Dans un second test, ils ont utilisé un appareil commercial de pêche électrique pour émettre une décharge à l’ensemble du réservoir d’essai. Dans les deux cas, le poisson rouge a eu des spasmes et s’est tordu brièvement avant de se rétablir, mais le poisson-chat n’a pas été affecté.
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« C’était absolument stupéfiant de voir à quel point le poisson-chat électrique nageait dans son aquarium sans exprimer d’inconfort et de manière détendue lorsqu’il était confronté aux décharges électriques qui narcotisent habituellement les autres poissons », déclare Welzel. Les deux premiers tests indiquent que les muscles du poisson-chat ne sont pas affectés par les décharges électriques. Cependant, aucun indice ne permettait de savoir si le système nerveux bénéficie de la même isolation.
Mystérieusement isolé jusqu’au système nerveux…
Pour tester l’interférence avec le système nerveux, l’équipe a ajouté des électrodes qui maintenaient un courant électrique constant dans l’eau. Ils ont alors stimulé le poisson pour qu’il émette sa propre décharge électrique. Selon Welzel, si le système nerveux de l’animal était altéré par le champ électrique ambiant, le poisson ne réagirait probablement pas en produisant une décharge. Or ici, il était capable de le faire sans problème.
L’équipe a utilisé des caméras à haute vitesse pour détecter le moindre délai entre le stimulus et la réaction du poisson. Dans une dernière tentative de susciter une réaction chez le poisson, ils ont émis une forte explosion sonore pour le perturber. Une fois de plus, le poisson-chat n’a pas bronché, montrant ce qui semble être une immunité presque totale aux effets de l’électricité et de ses ondes.
Le paradoxe du poisson-chat électrique devient d’autant plus mystérieux si l’on tient compte du fait que souvent, il détecte ses proies en recherchant les faibles champs électriques émis. Ce n’est donc pas comme s’il n’avait aucun moyen de détecter les champs électriques… « Nous espérons en savoir plus sur la nature de leur mécanisme de protection lors de futures expériences », a déclaré Welzel. « C’est un mystère que nous voulons maintenant résoudre ».