La résistance aux antibiotiques est l’un des problèmes les plus dangereux du 21è siècle. Certains scientifiques sont persuadés que le problème est (notamment) lié au changement climatique, estimant que plus de 300 millions de personnes en mourront d’ici 2050.
Pour cette raison, des chercheurs australiens travaillent sur une meilleure compréhension des différentes réactions aux antibiotiques afin que les scientifiques puissent agir de manière rapide et plus efficace lorsqu’un antibiotique existant devient inefficace. « Ce que nous proposons est une méthode qui mesure le problème sous-jacent et donne une solution quantifiable qui peut être utilisée pour voir si les mesures de contrôle de la résistance aux antimicrobiens fonctionnent », explique Carolyn Michael de l’Université de technologie, à Sydney.
Les bactéries ont des cycles de vie rapide et possèdent un certain nombre de capacités pour se transmettre des gènes entre elles. En gros, cela signifie qu’à chaque fois qu’un nouvel antibiotique est créé pour tuer des bactéries, celles-ci évoluent rapidement pour le contourner et peuvent ensuite transmettre ces nouveaux gènes rapidement, pour propager la résistance.
Actuellement, l’étude de la résistance aux antibiotiques consiste à examiner le nombre d’infections microbiennes (ne répondant pas aux antibiotiques) à un moment donné. Mais, Michael et son équipe pensent que ce n’est pas la procédure la plus efficace : « L’efficacité de la surveillance est largement limitée par le fait d’uniquement compter le nombre croissant de pathogènes résistants. Au lieu de surveiller les pathogènes, nous surveillons les gènes de résistance qui existent dans le monde microbien et non seulement dans les pathogènes. Cela nous permet de constater un nombre croissant de gènes de résistance, avant qu’ils ne deviennent pathogènes, et de garder également un œil sur les différents types de gènes de résistance déjà présents dans les agents pathogènes », explique-t-elle.
De ce fait, l’équipe souhaite enquêter sur tous les types de bactéries, mêmes celles qui ne nous affectent pas, car les gènes de résistance dans tout type de bactérie peuvent être transmis à un microbe : en effet, un organisme peut intégrer du matériel génétique provenant d’un autre organisme (sans en être le descendant). Il s’agit d’un processus appelé le transfert horizontal de gènes.
Leur enquête impliquerait donc la surveillance des gènes de résistance dans les bactéries provenant des eaux usées, des hôpitaux et des environnement proches de ces lieux afin de comprendre quels gènes de résistance évoluent et lesquels pourraient potentiellement devenir une menace. « L’Organisation mondiale de la santé reconnaît qu’il s’agit d’une crise grandissante. Nous voulons prévoir, avant que la résistance aux antimicrobiens n’atteigne des seuils critiques », explique Ashley Franks, membre de l’Université La Trobe.
Les chercheurs pensent que cette approche permettrait aux cliniciens et aux autorités sanitaires de savoir quels composés antibactériens seraient les plus efficaces, et quand d’autres composés devraient être abandonnées, afin qu’ils puissent être les plus efficaces possibles. « J’ai passé beaucoup de temps dans les milieux cliniques et je sais que les médecins sont frustrés de ne pas savoir combien de temps les antibiotiques qu’ils utilisent vont continuer à fonctionner », explique Michael. « Les autorités sanitaires mondiales ont besoin d’une manière de constater si leurs tentatives de réduction de la résistance aux antimicrobiens fonctionnent, avant qu’une nouvelle maladie intraitable n’apparaisse. Il s’agit là d’un protocole global qui définit et mesure l’étendue du problème et de ce fait offre des solutions pour gérer un problème critique », conclut-elle.
En sachant qu’il devient de plus en plus compliqué de traiter ces cas d’infections bactériennes avec les antibiotiques actuels, il est important de trouver une manière plus performante de les combattre. Une affaire à suivre.