L’entreprise Hewlett-Packard (HP) a dévoilé cette semaine un prototype fonctionnel d’un nouveau superordinateur, appelé « The Machine ». Selon la société, il s’agit de la toute première démonstration d’un système informatique MDC (Memory driven computing), un système qui utilise de la mémoire non volatile.
Annoncée en 2014 déjà, The Machine a pour but de largement surpasser la technologie actuelle. En fait, avec ce système MDC, HP déplace le « centre de gravité » de l’ordinateur, en se concentrant sur des ressources de mémoire non volatiles au lieu des processeurs. « Dans les ordinateurs d’aujourd’hui, le processeur est au centre du problème. Avec The Machine, c’est la mémoire que nous mettons au centre et ce sont les processeurs qui l’environnent », expliquait Martin Fink en 2015 déjà, directeur de la technologie chez HP.
L’entreprise HP affirme que les simulations actuelles démontrent que l’utilisation de mémoires non volatiles permet au superordinateur d’atteindre des vitesses d’exécution jusqu’à 8000 fois plus importantes que celles des ordinateurs conventionnels d’aujourd’hui.
Bien que The Machine ne sera probablement pas commercialisée dans un futur proche, et qu’elle sera dans un premier temps surtout utilisée en entreprise, la nouvelle technologie qu’elle met en place a de fortes chances de se retrouver au sein des ordinateurs de bureau du futur. Mais cela ne se limite pas aux ordinateurs : des appareils tels que les caméras et les systèmes d’éclairage connectés à Internet, qui constituent l’Internet des objets (représente les échanges d’informations et de données en provenance de dispositifs physiques vers le réseau), pourraient également en bénéficier.
Quel est le fonctionnement d’un système MDC (Memory driven computing) ? Comment fait-il pour être si rapide ?
The Machine, ou la Machine utilise des nouvelles technologies photoniques qui se basent sur la transmission d’informations par la lumière (plutôt que par le cuivre) pour permettre aux processeurs d’accéder aux ressources de mémoire bien plus rapidement.
L’un des composants de cette technologie est le X1 silicon photonics module. Le module X1 est capable de transférer des données jusqu’à 1,2 téraoctets, sur une distance de 30 à 50 mètres. Avec la Machine, HP a pour objectif principal de créer un système dans lequel la mémoire non volatile puisse remplacer la mémoire vive dynamique (DRAM), offrant au moins une latence équivalente avec une consommation d’énergie considérablement réduite et des interconnexions optiques à faible latence.
En effet, dans les ordinateurs classiques, les calculs peuvent parfois être ralentis lorsque les données sont transférées entre différents processeurs. Tandis que dans la Machine, de nombreux processeurs peuvent accéder au même groupe de ressources de mémoire de manière simultanée.
Le prototype possède actuellement 8 téraoctets de mémoire au total (soit 8000 Go), ce qui représente environ 30 fois plus de mémoire de que ce qu’un serveur standard pourrait proposer, et des centaines de fois la mémoire la quantité de mémoire RAM d’un ordinateur standard.
Sur le long terme, HP souhaite développer des systèmes possédant des centaines de téraoctets de mémoire, rendant la Machine encore plus puissante. D’ailleurs, l’entreprise développe déjà un tout nouveau type de puces de mémoire expérimentales, appelées memristor, capables de conserver des données même lorsqu’elles sont hors tension. La technologie des memristor est en plein développement, mais HP espère pouvoir commercialiser The Machine vers 2018 ou 2019.