La glace au large des côtes de l’Antarctique et de l’Arctique a atteint les niveaux les plus bas jamais enregistrés en novembre et les scientifiques annoncent qu’à partir du 4 décembre 2016, nous avons officiellement perdu 3,76 millions de kilomètres carrés de la glace. Soit plus que la superficie totale de l’Inde.
Bien que cela puisse paraître surprenant au premier abord, ça ne l’est vraiment pas. Durant le mois dernier, certaines zones de l’Arctique ont vu leurs températures augmenter de plus de 20 degrés Celsius au-dessus de la normale et pour l’instant, 2016 a battu tous les records de températures jamais mesurés.
« Il y a des choses vraiment folles qui se passent en ce moment », a déclaré Mark Serreze, directeur du Centre national de données sur la neige et les glaces des États-Unis (NSIDC). « C’est une incroyable sortie des normes », ajoute Anders Levermann de l’Institut Potsdam, pour la recherche sur l’impact du climat, en Allemagne.
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Serreze et son équipe du NSIDC expliquent qu’en novembre 2016, l’étendue de la glace de mer dans l’Arctique atteignait en moyenne 9,08 millions de kilomètres carrés, le plus bas record jamais enregistré pour la glace de mer arctique. Il s’agit là de 800’000 kilomètres carrés en dessous du mois de novembre 2006, qui détenait le précédent record du niveau le plus bas. C’est aussi 1,95 million de kilomètres carrés en dessous de la moyenne à long terme de 1981 à 2010.
Quant à la glace de mer en Antarctique, qui semblait jusqu’ici être plus résistante aux effets des hausses de températures, celle-ci a également commencé à baisser en novembre en établissant un record. Le NSIDC explique qu’après avoir atteint son maximum annuel le 31 août 2016 (bien plus tôt qu’à la normale), la quantité de glace de mer dans l’Antarctique n’a fait que diminuer drastiquement. Elle se situe à présent à 1 million de kilomètres carrés au-dessous du précédent record minimum, établi en 1986.
Il s’agit également de 1,81 million de kilomètres carrés au-dessous de la moyenne de 1981 à 2010, ce qui porte la quantité totale de glace de mer perdue à 3,76 millions de kilomètres carrés, surpassant la superficie totale de l’Inde, ou encore plus du double de la région de l’Alaska.
Cette disparition de la glace de mer survient au moment où, d’habitude, la glace de l’Arctique commence à récupérer ses pertes de l’été précédent. Mais avec ces températures si élevées dans la mer et l’atmosphère, les glaces n’ont pas pu se reformer. Bien au contraire. « Cela ressemble à un triple « whammy » (ndlr: des mots anglais warm qui signifie chaud et wind, le vent), un océan chaud, une atmosphère chaude, et un modèle de vent se liguant contre les glaces de l’Arctique », s’est exclamé Serreze.
Le sort de l’Arctique a été assez simple à comprendre au cours de ces dernières années : des températures au-dessus de la moyenne signifient des pertes de glaces supérieures à la moyenne. Mais l’Antarctique est plus compliquée à comprendre. En effet, le niveau de glace de mer dans l’Arctique n’a jamais été aussi bas, mais les fontes en Antarctique ont été bien plus subtiles : à certains moments durant ces dernières années, la quantité de glace avait même augmenté. Mais maintenant qu’un million de kilomètres carrés ont disparu dans l’océan (plus du double du record précédent enregistré en 1986), des fissures importantes commencent à se révéler. Serreze explique que l’inquiétude provient surtout de l’Antarctique qui est tel « l’éléphant endormi qui commence à s’agiter ».
Un signe clair indiquant que l’Antarctique peut avoir une réponse différée et dévastatrice aux effets du réchauffement climatique. De plus, des milliers de lacs sont apparus au mois d’août dernier. Exactement le même type de lacs qui sont apparus au Groenland et qui lui ont fait perdre un billion de tonnes de glace entre 2011 et 2014.
« L’Antarctique de l’Est est la partie du continent où les gens supposent depuis longtemps qu’elle est relativement stable. Il n’y a pas beaucoup de changements, c’est très, très froid, et c’est donc tout récemment que les premiers lacs supra-glaciaires (au dessus de la glace), ont été identifiés », déclare Stewart Jamieson de l’Université de Durham, l’un des chercheurs faisant partie de l’équipe qui a repéré les lacs.
Ces constats n’ont malheureusement aucun impact positif sur le futur de l’humanité, car toute cette glace qui fond se répand dans les océans et amplifie de ce fait le processus de réchauffement en exposant de plus en plus de surfaces foncées à la lumière du soleil, provoquant à leur tour encore plus de fonte glacière.