Récemment, les médias spécialisés, suivis par les généralistes, se sont empressés de publier différents articles au sujet d’infections fongiques mortelles aux États-Unis. Les chiffres avancés font état de dizaines de milliers de personnes hospitalisées chaque année suite à ce type d’infection. Selon les mêmes sources, des millions d’autres recevraient actuellement un traitement sans pour autant être admises à l’hôpital.
Les inquiétudes se font désormais ressentir à travers le monde, les experts craignant que ces champignons parfois mortels ne deviennent de plus en plus courants. En cas d’infection, les symptômes peuvent être modérés au début et s’étendre sur des mois, suite à quoi l’infection peut devenir dévastatrice pour différents organes vitaux tels que les poumons.
Ce qui inquiète d’autant plus les médecins, c’est que nous ne savons pas encore grand-chose sur de nombreux champignons pathogènes et leurs effets parfois désastreux sur la santé humaine, soulignant l’importance de leur étude continue et du développement de nouveaux traitements antifongiques.
Le journal Scientific American rapporte par exemple qu’une infection fongique appelée coccidiodomycose, plus connue sous le nom de fièvre de la vallée (ou encore fièvre de la vallée de San Joaquin), est en augmentation aux États-Unis, entraînant des symptômes tels que de la fatigue, de la toux, de l’essoufflement et des sueurs nocturnes. C’est une infection mycosique provoquée par le champignon Coccidioïdes immitis, ou encore par Coccidioïdes posadasii.
Une propagation favorisée par la sécheresse
Selon les rapports, l’infection par ces champignons peut se propager des poumons à d’autres parties du corps, nécessitant un traitement antifongique et une hospitalisation dans les cas graves. Elle est très courante dans le sud-ouest des États-Unis, mais elle est rarement observée dans les zones densément peuplées.
Heureusement, seul 1 cas sur 100 environ s’avère potentiellement mortel. Mais selon les experts, le champignon risque de se propager à un rythme accéléré dans un avenir proche. « Le coccidioïde se plaît vraiment dans les sols humides ; il ne forme pas de spores et n’est donc pas particulièrement infectieux », a déclaré à SciAm George Thompson, codirecteur du Centre de la fièvre de la vallée à l’Université de Californie à Davis. « C’est pendant les périodes de sécheresse que les spores se forment. Et nous avons eu énormément de sécheresse au cours de la dernière décennie ». Il faut cependant préciser que des études rigoureuses seront nécessaires pour définir les causes exactes de cette propagation accélérée, la sécheresse en étant certainement qu’une parmi beaucoup d’autres.
Après une période de sécheresse, les spores qui se sont formées peuvent alors facilement être emportées par le vent sur des centaines de kilomètres. Un autre champignon, Sporothrix brasiliensis, se propage également rapidement au Brésil, passant d’abord des chats sauvages aux humains par le biais des griffures, des morsures et des contacts étroits.
15 fois plus de cas en 15 ans…
Le Brésil ne comptait que 759 cas d’infection à Sporothrix brasiliensis en 2004, mais la situation a rapidement changé : en 2020, le nombre de cas est passé à plus de 12 000 ! « Cette épidémie ne fera pas de pause », a déclaré Flávio Queiroz-Telles, médecin et professeur associé à l’Université fédérale du Paraná à Curitiba, au Brésil. « Elle est en pleine expansion ».
Le champignon (S. brasiliensis) s’est déjà répandu dans une grande partie du nord de l’Amérique du Sud — et il est possible qu’il ait déjà atteint les États-Unis. « Dans les centres de population denses, où il y a beaucoup de chats sauvages, on pourrait voir une augmentation de chats extrêmement malades qui errent dans les rues », a déclaré à SciAm John Rossow, un vétérinaire des CDC. « Et comme nous, Américains, ne pouvons pas éviter d’aider les animaux errants, j’imagine que nous allons voir beaucoup de transmissions à l’Homme ».
« Les champignons sont vivants, ils s’adaptent », ajoute Rossow. « Sur des millions d’espèces, seulement environ 300 que nous connaissons provoquent des maladies humaines – jusqu’à présent. Cela représente un grand potentiel de nouveauté et de différence, pour des organismes qui existent depuis un milliard d’années ». Les infections fongiques sont donc une menace sérieuse et croissante, pour des raisons encore incertaines, qu’il faudra certainement surveiller de près ces prochaines années.