Le variant Delta du SARS-CoV-2, anciennement connu sous le nom de « variant indien » ou B 1.617.2, est devenu la souche virale dominante au Royaume-Uni. Beaucoup plus transmissible que le variant Alpha (anciennement « variant anglais »), il entraîne une hausse du nombre d’hospitalisations. Néanmoins, les experts se veulent rassurants : une étude qui vient de paraître dans The Lancet révèle que les vaccins d’Oxford-AstraZeneca et de Pfizer-BioNTech restent efficaces.
Apparu en Inde fin 2020, le variant Delta s’est répandu très rapidement outre-Manche. Environ 60% plus contagieux que le variant Alpha, il est aujourd’hui à l’origine de 7000 nouveaux cas de contamination par jour. Cette nouvelle souche virale a même entraîné le report de la levée des dernières restrictions mises en place dans le cadre de la lutte contre le coronavirus : prévue initialement pour le 21 juin, le Premier ministre Boris Johnson a annoncé ce lundi qu’elle serait reportée de quatre semaines.
À partir de la plateforme EAVE II — un outil de surveillance de la COVID-19 à l’échelle de l’Écosse —, des chercheurs ont entrepris une analyse de cohorte afin de dresser le profil démographique des patients atteints par le variant Delta, et de déterminer son impact sur les risques d’hospitalisation ainsi que sur l’efficacité des vaccins actuellement disponibles.
Une efficacité de 79% pour le vaccin Pfizer-BioNTech
L’analyse couvrait la période du 1er avril au 6 juin 2021, au cours de laquelle il y a eu 19 543 infections confirmées par le SARS-CoV-2, dont 377 ont nécessité une hospitalisation. Au 1er avril 2021, 44,7% de la population écossaise avait reçu une dose du vaccin anti-COVID-19 et 7,6% en avait reçu deux.
Les analyses ont montré que le variant Delta en Écosse a été trouvé principalement dans les groupes plus jeunes et plus aisés. De plus, après ajustement pour l’âge, le sexe et les comorbidités, il apparaît que les cas positifs au variant Delta étaient associés à un risque accru d’admission à l’hôpital : celui-ci est presque deux fois plus important (1,85 fois plus élevé plus précisément) que dans le cas du variant Alpha ; les chercheurs précisent que le risque d’admission est particulièrement accru chez les personnes présentant cinq comorbidités ou plus.
Néanmoins, les données liées à l’efficacité des vaccins sont encourageantes. Dans l’ensemble, les effets positifs de la vaccination ne se sont manifestés qu’au moins 28 jours après la première dose. Mais les vaccins développés par Oxford-AstraZeneca et Pfizer-BioNTech ont été efficaces pour réduire le risque d’infection et d’hospitalisation pour COVID-19 chez les personnes atteintes par le variant Delta : les chercheurs rapportent une efficacité de 79% pour le vaccin Pfizer-BioNTech et de 60% pour le vaccin Oxford-AstraZeneca, deux semaines après la deuxième dose.
Leur effet protecteur contre le risque d’infection est toutefois légèrement inférieur à celui observé envers le variant Alpha, qui était de 92% pour Pfizer et de 73% pour Astrazeneca. Selon les chercheurs, l’efficacité moindre du vaccin d’AstraZeneca peut s’expliquer par le fait que cette formule nécessite plus de temps pour que l’immunité se développe dans l’organisme.
Un variant peu présent en France pour le moment
Les résultats communiqués par ces chercheurs écossais sont cohérents avec les observations de l’agence Public Health England (PHE), qui rapportait lundi dans un communiqué une efficacité respective de 96% et 92% pour les vaccins Pfizer et AstraZeneca, après deux doses. Tous deux permettent de limiter le nombre d’hospitalisations associées au variant Delta. Cette analyse menée en Angleterre impliquait 14 019 cas de contamination au variant Delta, dont 166 hospitalisations, détectés entre le 12 avril et le 4 juin.
Dans une étude antérieure, l’organisme britannique de santé publique avait montré qu’une seule dose de vaccin s’avérait en revanche moins efficace pour prévenir la maladie liée à ce variant. « Cette preuve de l’efficacité de 2 doses contre les variants montre à quel point il est crucial d’obtenir votre deuxième injection. […] Cela contribuera à sauver des vies et à nous positionner plus rapidement sur la voie du rétablissement », a déclaré Matt Hancock, secrétaire à la Santé et aux Affaires sociales. Au 30 mai, selon PHE, la vaccination contre la COVID-19 a permis d’éviter 14 000 décès et près de 42 000 hospitalisations en Angleterre.
D’autres analyses sont en cours pour établir le niveau de protection des vaccins contre la mortalité du variant Delta. Comme pour les autres variants, ce niveau devrait être relativement élevé, estiment les autorités sanitaires.
Selon le dernier point épidémiologique de Santé publique France, daté du 10 juin, les cas de contamination et le nombre d’hospitalisations sont en nette diminution sur l’ensemble du territoire. Le variant Delta est à ce jour « très rarement détecté », mais le nombre de cas et de clusters liés à des transmissions autochtones tend à augmenter et incite donc « à la plus grande vigilance » ; des clusters ont été récemment signalés dans le Bas-Rhin, en Essonne et dans les Landes. Le variant Alpha reste pour le moment majoritaire dans l’Hexagone, mais il n’est pas impossible que le variant Delta devienne dominant dans les semaines à venir.