Ce 28 juin, un prototype de voiture volante a effectué sans encombre un vol d’essai d’une durée de 35 minutes entre les aéroports de Nitra et Bratislava, en Slovaquie. Ce véhicule hybride mi-voiture mi-avion, baptisé AirCar, a été conçu par la société Klein Vision. Équipé d’un moteur BMW, il a parcouru environ 80 kilomètres, à une vitesse de croisière de 170 km/h.
Selon Klein Vision, il a fallu près de deux ans de développement et « moins de 2 millions d’euros » pour aboutir à ce prototype. Au sol, il s’agit d’une « simple » voiture de sport décapotable, à la ligne quelque peu futuriste. Mais le véhicule, alimenté au carburant ordinaire, peut déployer ses ailes et se transformer en petit avion en un peu plus de deux minutes.
L’AirCar peut transporter deux personnes, la charge totale étant toutefois limitée à 200 kg. Elle est capable de parcourir près de 1000 kilomètres à 2500 mètres d’altitude. À ce jour, le véhicule compte une quarantaine d’heures de vol à son actif, mais n’a pas encore obtenu d’autorisation pour le vol commercial. Selon les spécialistes de Morgan Stanley, le marché des voitures volantes pourrait atteindre 1500 milliards de dollars d’ici 2040.
« Le début d’une nouvelle ère de véhicules de transport »
Ce vol effectué dans le ciel slovaque a duré près de 35 minutes. L’AirCar a relié deux aéroports internationaux du pays ; contrairement aux prototypes de taxis-drones existants, le véhicule nécessite en effet une piste de décollage et d’atterrissage, car il ne peut effectuer ces mouvements verticalement. Comme on peut le voir dans la vidéo de l’événement, une fois que le véhicule a rejoint la terre ferme, les ailes se replient rapidement le long des côtés de la voiture, d’un simple clic sur un bouton :
Après l’atterrissage, le professeur Stefan Klein, et le cofondateur de la société, Anton Zajac, ont conduit le véhicule jusqu’au centre-ville de Bratislava. « Ce vol marque le début d’une nouvelle ère de véhicules de transport doubles. Il ouvre une nouvelle catégorie de transport et rend à l’individu la liberté initialement attribuée aux voitures », a déclaré le professeur Klein après être sorti du cockpit de l’AirCar à Bratislava.
En dehors du fait qu’elle ne peut décoller et atterrir verticalement à la manière des eVTOL qui font l’actualité, l’AirCar présente une autre différence majeure par rapport à ces véhicules aériens : elle est équipée d’un moteur BMW de 160 CV et fonctionne avec la même essence que celle utilisée pour les voitures classiques, ce qui lui confère une autonomie de près de 1000 kilomètres — soit une autonomie supérieure à la plupart des véhicules électriques volants fonctionnant sur batterie. Pour le Dr Branko Sarh, technicien supérieur chez Boeing, ce prototype de l’AirCar est « le résultat d’une excellente ingénierie et de connaissances professionnelles ».
« Je dois admettre que cela a l’air vraiment cool, mais j’ai une centaine de questions sur la certification », a déclaré Stephen Wright, chercheur en avionique et en aéronautique à l’Université de l’Ouest de l’Angleterre. Car si l’AirCar totalise plus de 40 heures de vols d’essai, effectuées sous la supervision de l’Autorité de l’aviation civile, et impliquant des tests de stabilité et de manœuvrabilité, elle ne dispose pas encore du précieux sésame ouvrant droit à son exploitation commerciale.
Un marché à haut potentiel
Cette autorisation devrait toutefois être accordée relativement rapidement. Le marché naissant des voitures volantes suscite en effet de grandes attentes. En 2019, la société de conseil Morgan Stanley avait prédit que le secteur pourrait atteindre les 1500 milliards de dollars d’ici 2040. Plus récemment, lors du sommet international de l’automobile de la Society of Motor Manufacturers and Traders à Londres, Michael Cole, PDG de Hyundai Motor Europe, a confirmé que les voitures volantes « font partie de notre avenir » et « seront une réalité ». Selon lui, ces véhicules nouvelle génération joueront un rôle clé dans la réduction de la congestion des réseaux routiers. Hyundai a d’ailleurs investi dans un projet de taxis volants avec Uber.
Anton Zajac, conseiller et investisseur de Klein Vision, a déclaré que si la société pouvait attirer ne serait-ce qu’un petit pourcentage des ventes mondiales des compagnies aériennes ou de taxis, elle connaîtrait un énorme succès. « Il y a environ 40 000 commandes d’avions rien qu’aux États-Unis. Si nous convertissons 5% de celles-ci en voitures volantes, nous avons un marché énorme », a-t-il déclaré.
Selon le communiqué officiel de l’entreprise, l’AirCar Prototype 2, le modèle de pré-production, sera équipé d’un moteur encore plus puissant, de 300 CV, et recevra la certification d’aéronef EASA CS-23 avec un permis de circulation M1. Son hélice à pas variable devrait lui conférer une vitesse de croisière de 300 km/h et une autonomie de 1000 kilomètres.