Les nombreuses études publiées sur la dynamique du coronavirus SARS-CoV-2 et ses effets sur l’organisme ont montré qu’il s’agissait d’un virus extrêmement complexe aux impacts multiples. Pouvant à la fois toucher les poumons, le cœur ou encore le cerveau, le SARS-CoV-2 entraîne des conséquences profondes sur le corps. Et récemment, des chercheurs en ont encore découvert un exemple en montrant que la protéine de pointe du virus pouvait modifier les péricytes, des cellules tapissant les petits vaisseaux sanguins cardiaques ainsi que dans d’autres organes.
Les chercheurs ont découvert un lien inquiétant entre certaines cellules cardiaques et la protéine de pointe du SRAS-CoV-2, le virus qui cause la COVID-19. La protéine de pointe semble modifier les cellules des petits vaisseaux sanguins autour du cœur, perturbant ainsi leur fonctionnement normal.
L’étude en préimpression, ce qui signifie qu’elle n’a pas encore été évaluée par des pairs, a été présentée au congrès de la Société européenne de cardiologie et montre que la protéine de pointe se lie aux cellules appelées péricytes. Ces cellules tapissent les petits vaisseaux du cœur ainsi que d’autres zones et organes du corps humain. Lorsque la liaison se produit, les péricytes commencent à libérer des produits chimiques qui provoquent une inflammation de l’organe.
Dans l’étude, l’équipe a prélevé des cellules de petits vaisseaux du cœur et les a exposées à la protéine de pointe. La protéine est utilisée par le virus pour se fixer aux cellules. Une fois que la position du virus est sécurisée, le virus fusionne avec la membrane cellulaire, libérant son matériel génétique. Cela détourne la machinerie cellulaire, qui commence à répliquer le virus, qui éclate ensuite et se propage à d’autres cellules.
Un mécanisme aux conséquences cliniques importantes
Si la protéine de pointe à elle seule est capable d’affecter le comportement des cellules, c’est inquiétant. Cela suggère que même les cellules qui ne sont pas infectées peuvent être endommagées par le virus, ce qui le rend plus difficile à traiter. L’équipe a découvert qu’en bloquant le récepteur CD147 sur ces cellules, ils réduisaient l’effet de la protéine de pointe sur les péricytes, bien qu’il y ait toujours une inflammation.
Les péricytes sont présents dans tout le corps, y compris le cerveau et le système nerveux central. Si le mécanisme peut être arrêté chez les patients, cela pourrait réduire la complication résultant de la COVID, et des investigations supplémentaires pourraient produire de meilleurs moyens de neutraliser la protéine de pointe.
« Ce mécanisme a le potentiel de propager les lésions cellulaires et organiques au-delà des sites d’infection et peut avoir des implications cliniques importantes. Par exemple, chez les patients présentant une barrière endothéliale perturbée et une perméabilité vasculaire accrue en raison de maladies sous-jacentes, telles que l’hypertension, le diabète et l’obésité sévère, les molécules de protéine S pourraient facilement se propager au compartiment PC et provoquer ou aggraver des lésions microvasculaires », expliquent les auteurs.
Vers des outils thérapeutiques plus efficaces
« Le blocage du récepteur CD147 peut aider à protéger le système vasculaire des patients les plus vulnérables contre l’infection et les dommages collatéraux causés par la protéine S ». Il existe de nombreuses incertitudes sur les moyens les plus efficaces de traiter la COVID-19 ; pour cette raison, les approches de prophylaxie telles que la vaccination, la distanciation sociale et les masques, restent primordiales. Les effets immédiats et à long terme du virus sur de nombreux organes ne sont toujours pas entièrement compris.
« La COVID a présenté un défi sans précédent pour la communauté de la recherche cardiovasculaire. Il y a encore beaucoup de choses inconnues sur la façon dont le virus peut affecter notre santé à long terme, mais cette recherche nous permet de mieux comprendre comment elle affecte le cœur et le système circulatoire et peut finalement conduire à de nouvelles voies thérapeutiques pour protéger le cœur », conclut James Leiper, directeur médical associé de la British Heart Foundation.