Cela faisait des années que les services secrets israéliens avaient comme objectif d’assassiner les principaux scientifiques nucléaires iraniens, le temps que la technologie pour le faire en toute discrétion soit disponible. Une enquête récente confirme que Mohsen Fakhrizadeh, le principal scientifique nucléaire iranien, a été assassiné par un fusil de précision robotisé assisté par une IA, contrôlé à distance par des agents israéliens.
Cela confirme la version des faits rapportée par les Gardiens de la révolution islamique (IRG) sur les événements du 27 novembre 2020, lorsqu’ils ont affirmé qu’une « mitrailleuse intelligente contrôlée par satellite » a tué le scientifique alors qu’il conduisait sa femme à leur maison de campagne, dans l’est de Téhéran. Fakhrizadeh a été abattu par 4 tirs à courte distance, par un système de fusil intelligent dissimulé sur une camionnette. Sa femme n’a pas été blessée.
Une IA pour une précision sans faille
Selon le New York Times (NYT), l’arme et son dispositif robotique avancé pesaient environ une tonne. Des agents israéliens ont introduit clandestinement l’arme et ses pièces détachées en Iran avant de les réassembler. L’ensemble du système a ensuite été installé sur le plateau d’une camionnette contenant plusieurs caméras afin de donner aux agents israéliens une vue d’ensemble des environs. Le véhicule était également rempli d’explosifs afin de détruire toute preuve une fois la mission terminée ou compromise.
L’arme elle-même était connectée à un centre de commandement israélien via un relais de communication par satellite. Là, un agent était en mesure de contrôler l’arme et de viser sa cible via un écran d’ordinateur.
Cependant, de telles circonstances impliquent de tenir compte de différents éléments affectant la précision et de ce fait la réussite de la mission. Pour s’assurer que cela soit compensé avec précision, l’équipe israélienne a développé une intelligence artificielle afin de compenser les mouvements de la voiture de Fakhrizadeh et le délai de 1,6 seconde entre la caméra et ce que l’opérateur voyait. Un logiciel de reconnaissance faciale a également été utilisé pour s’assurer que seul le scientifique iranien serait visé par le fusil, épargnant ainsi la vie de sa femme.
Une destruction incomplète
Des agents iraniens travaillant pour le Mossad avaient garé le pick-up (un Nissan Zamyad bleu) sur le côté de la route reliant Absard à l’autoroute principale. L’endroit se trouvait sur une légère élévation, avec une vue sur les véhicules en approche. Une mitrailleuse sniper FN MAG (de fabrication belge) modifiée avec munitions de 7,62 mm, était dissimulée sous des bâches et des matériaux de construction factices à l’arrière de la camionnette.
Vers 13 heures, le commando a reçu un signal indiquant que Fakhrizadeh, sa femme et une équipe de gardes armés dans des voitures d’escorte étaient sur le point de partir pour Absard, où de nombreux Iraniens hauts placés possèdent des résidences secondaires et des villas de vacances.
L’assassin, un tireur d’élite expérimenté, s’est mis en position, a calibré le viseur, armé le fusil et appuyé sur la gâchette. Il était cependant très loin de ce dernier. Il a effectué l’opération via un ordinateur dans un lieu tenu secret, à plus de 1000 km de là. L’ensemble du groupe d’intervention avait déjà quitté l’Iran.
Comme prévu, après l’assassinat, la camionnette a explosé. Mais l’enquête du NYT rapporte que l’explosion n’a pas été suffisante pour entièrement détruire le système de fusil intelligent. Cela a permis à l’IRG de reconstituer le déroulement de l’opération, mettant ainsi en lumière la nouvelle réalité inquiétante de la guerre moderne.
« Ce n’était pas une simple attaque terroriste, où il suffit d’envoyer quelqu’un pour qu’il tire une balle avant de s’enfuir », a déclaré le fils du scientifique, Hamed Fakhrizadeh, à la télévision d’État. « Son assassinat a été beaucoup plus compliqué que ce que vous savez et pensez. Il était inconnu du public iranien, mais il était très bien connu des ennemis du développement de l’Iran ».