Le Salvador, en Amérique centrale, est un pays parsemé de volcans. De ce fait, des « innovateurs financiers » et le président du pays ont eu l’idée d’utiliser l’énergie abondante apportée par les volcans pour alimenter des centres de minage de cryptomonnaies. Et c’est maintenant chose faite avec le premier centre d’extraction de bitcoins alimenté par énergie géothermique volcanique. À ce jour, le système (encore en phase de tests), relié au volcan Santa Ana, aurait déjà généré 0,00599179 bitcoin, soit l’équivalent de 231 €.
« Nous sommes encore en train de tester et d’installer, mais c’est officiellement le premier minage de bitcoins depuis le volcanode », a écrit le président du Salvador, Nayib Bukele. S’appuyer sur l’énergie géothermique verte pour extraire des bitcoins paraît logique, étant donné que le processus est extrêmement gourmand en énergie. Cependant, ce qui est aberrant, c’est que de telles sources énergétiques devraient plutôt, et uniquement, servir à alimenter la population et ses besoins énergétiques essentiels.
Le Salvador s’inscrit pourtant dans une tendance verte… Une image ternie par cette ambition d’investir sauvagement (dans tous les sens du terme) dans l’expansion des cryptomonnaies. La petite nation d’Amérique centrale est devenue le premier pays à déclarer la monnaie numérique comme monnaie légale en juin 2021.
Une vidéo partagée par le président montre l’opération minière alimentée par le volcan. Il s’agit d’une usine industrielle construite au milieu d’une zone forestière luxuriante. Le volcan Santa Ana est visible à l’arrière-plan.
First steps…
🌋#Bitcoin🇸🇻 pic.twitter.com/duhHvmEnym
— Nayib Bukele 🇸🇻 (@nayibbukele) September 28, 2021
Propre, mais contre-productif
Dans une annonce publiée sur Twitter en juin, Bukele a promis de « mettre en place un plan pour offrir des installations pour le minage de bitcoins avec de l’énergie très bon marché, 100% propre, 100% renouvelable et sans émissions provenant de nos volcans ».
Bukele semble avoir tenu sa promesse. Dans le monde, d’autres opérations du même type — exploitation d’énergie géothermique — ont vu le jour, sans pour autant être directement liées à un volcan. « C’est juste de l’énergie géothermique », a déclaré le mineur de bitcoin Alejandro de la Torre à CNBC. « L’Islande le fait depuis le tout, tout début du minage de bitcoins ».
Dans le cadre de ce déploiement, le gouvernement a ajouté des centaines de bitcoins à son bilan et a lancé son propre portefeuille virtuel national, appelé « Chivo » (« cool » en argot salvadorien), qui offre des transactions sans frais et permet des paiements transfrontaliers rapides.
Le projet a suscité de bonnes retombées pour l’administration de Bukele, mais ses nombreux détracteurs affirment qu’il sert à détourner l’attention de problèmes beaucoup plus urgents. Bukele a pris plusieurs mesures importantes pour consolider son pouvoir politique, ce qui lui a valu le surnom de « dictateur du Salvador ». Sans compter que le minage de cryptomonnaies par énergie « verte » n’est pas une solution à long terme, surtout pas avec nos technologies actuelles. La destruction du paysage et de la faune par des centrales du même type ne sera pas non plus sans impact.
Le problème réside surtout dans l’aspect contre-productif d’utiliser de l’énergie verte pour alimenter un système aussi énergivore, qui soit énergétiquement aussi peu efficace. Avant de tels investissements, le minage du bitcoin doit devenir lui-même plus durable, avec une révision complète de son système de blockchain. Et s’il n’y parvient pas, ce sont des cryptomonnaies plus « eco-friendly » qui prendront petit à petit le dessus. Non par choix, mais par nécessité.