Cela faisait des décennies qu’une catastrophe écologique d’une telle ampleur ne s’était pas produite sur les côtes de Californie. Il s’agirait de la plus grande marée noire que l’État ait connue ces dernières décennies. Arrivée sur les plages dimanche 3 octobre, elle menace sévèrement la faune locale.
Peu de temps après le constat de ce que les autorités qualifient justement de « catastrophe environnementale », des oiseaux et des poissons ont commencé à s’échouer sur le rivage, alors qu’une nappe de 126 000 gallons de pétrole brut (soit environ 476 961 litres) étouffe les eaux au sud de Los Angeles, après s’être échappée d’un oléoduc endommagé relié à une plate-forme offshore.
Une portion de 24 kilomètres de côte a été fermée au public et la pêche a été interrompue, alors que les équipes s’efforçaient de nettoyer l’une des plus grandes marées noires de Californie depuis des décennies. Pour le moment, les scientifiques ignorent l’impact global que cet événement aura sur les écosystèmes, mais il pourrait être bien pire que ce que l’on peut imaginer, étant donné que cette même faune est déjà en partie menacée par le changement climatique.
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Des plages fermées durant des mois
Kim Carr, maire de Huntington Beach, prévient que les plages pourraient rester fermées pendant des semaines, voire des mois. « Nos zones humides sont en train de se dégrader et certaines parties de notre littoral sont complètement recouvertes de pétrole », a-t-elle déclaré.
Les garde-côtes américains ont déclaré que des hydrocarbures représentant moins de trois pour cent du panache de la marée noire — dont la longueur est estimée à 10,8 kilomètres — avaient été récupérés, et près de deux kilomètres de barrages de confinement avaient été déployés.
« Malheureusement, nous commençons à voir des poissons et des oiseaux couverts de pétrole s’échouer le long de notre littoral », y compris dans des zones humides protégées, a déclaré dimanche la ville de Huntington Beach. Amplify Energy, la société qui exploite l’oléoduc, a déclaré lundi que « par mesure de précaution, toutes les opérations de production et d’oléoduc de la société du champ Beta ont été arrêtées ».
Le PDG Martyn Willsher a promis que la société ferait « tout ce qui doit être fait » pour s’occuper du déversement, et a déclaré qu’elle avait une capacité plus que suffisante pour faire face aux coûts associés. Willsher a indiqué qu’un véhicule télécommandé avait localisé la source probable de la fuite et que des plongeurs se rendraient sur place lundi après-midi.
Les autorités auraient été au courant de la catastrophe imminente depuis vendredi
Les responsables ont averti les civils de ne pas toucher ou essayer de sauver les animaux sauvages qu’ils trouvent, mais plutôt d’appeler les autorités locales pour les alerter sur les animaux touchés par le pétrole. « C’est tout simplement dévastateur pour notre vie marine, notre habitat, notre économie, notre communauté entière », a déclaré dimanche Katrina Foley, superviseur du comté d’Orange. « Notre habitat naturel que nous avons passé des décennies à construire et à créer est endommagé en un seul jour ».
Selon le Los Angeles Times, les autorités étaient au courant de la marée noire imminente depuis le vendredi 1er octobre, soulevant des questions quant aux raisons d’une réaction tardive, qui n’a fait qu’empirer la situation. Le déversement s’est produit près de la plate-forme Elly, construite en 1980. Elle est l’une des 23 plates-formes de forage de pétrole et de gaz dans les eaux fédérales au large de la Californie.
Cette catastrophe a déjà relancé un débat sur la présence de plateformes pétrolières et d’oléoducs près des côtes de la Californie du Sud. « La marée noire… est aussi tragique qu’elle était évitable », a déclaré Alan Lowenthal, un démocrate qui représente la région au Congrès américain. « Cette catastrophe environnementale met en évidence le simple fait que là où l’on fore, on déverse. Cela sera dévastateur non seulement pour notre faune et notre écosystème marins, mais aussi pour les moyens de subsistance de nos communautés côtières, qui reposent sur la pêche, le tourisme et les loisirs ».
Sans compter que les marées noires marquent la Californie depuis des décennies… En effet, les images de dauphins morts recouverts de pétrole et de plages souillées de goudron au large de Santa Barbara en 1969 avaient suscité une répulsion générale. « Tant que ces plates-formes et ces pipelines resteront en place, nos communautés côtières resteront sous la menace de catastrophes potentielles comme celles que nous voyons actuellement », ajoute Lowenthal.
Depuis lors, la Californie n’a accordé aucun permis de forage pétrolier. Mais la juridiction de l’État ne s’étend que sur 5 kilomètres au large des côtes, et les plateformes pétrolières et gazières autorisées par le gouvernement fédéral parsèment le paysage marin de la région, nombre d’entre elles étant facilement visibles depuis le rivage.
L’âge de certaines de ces installations a été critiqué à plusieurs reprises par des écologistes. Selon eux, certaines seraient rouillées et mal entretenues, et les risques qu’elles présentent sont importants. La nature de la marée noire actuelle n’a pas été déterminée, mais des fuites ont été détectées en 1999 sur l’oléoduc reliant deux plateformes, qui était alors exploité conjointement par Mobil et Shell. « Voilà pourquoi les États-Unis doivent mettre fin aux forages pétroliers côtiers », écrit le Los Angeles Times dans un éditorial.