L’extinction des dinosaures aurait été bien plus lente que ce que l’on pensait. L’astéroïde n’est qu’une partie de l’histoire.
Les températures glaciales et un voile des ténèbres ont mis fin aux dinosaures non aviaires, il y a environ 66 millions d’années. Selon une nouvelle étude, la période d’extinction massive des dinosaures serait bien plus compliquée que nous le pensons.
Tandis que les scientifiques ont longtemps supposé qu’un nuage de poussière éjecté par l’impact d’un astéroïde était la cause de la disparition des dinosaures, de nouvelles simulations montrent qu’il pourrait y avoir bien plus de facteurs en jeu qu’uniquement des nuages de poussière et des volcans.
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Les chercheurs du Potsdam Institute pour la recherche sur l’impact du climat (PIK) en Allemagne, pensent que les gouttelettes d’acide sulfurique, formées dans la haute atmosphère par l’impact de l’astéroïde, ont conduit à une longue période de refroidissement global que de nombreuses espèces de dinosaures n’ont pas pu supporter, les menant à la mort. « Le refroidissement à long terme causé par les aérosols de sulfate était bien plus important pour l’extinction de masse que la poussière qui est restée dans l’atmosphère seulement durant une période relativement courte. Cet élément était également plus important que des événements locaux comme la chaleur extrême près de l’impact, les feux de forêt ou les tsunamis », explique Julia Brugger, l’une des chercheuses.
Pour le comprendre, les chercheurs ont utilisé un type spécifique de simulation informatique appelé le modèle climatique couplé, qui combine des calculs climatiques pour les masses de terre ainsi que les océans. C’est l’un des modèles climatiques les plus avancés au monde.
Comme l’hypothèse de l’astéroïde est largement acceptée depuis les années 1980, le point de départ de cette nouvelle recherche est l’impact massif qui a formé le cratère de Chicxulub, dans la péninsule du Yacatán, au Mexique. Il a été provoqué par la collision d’une météorite de près de 10 kilomètres de diamètre qui s’est abattue sur la Terre il y a 66 millions d’années. Le diamètre du cratère (environ 180 kilomètres), laisse imaginer une puissance d’explosion similaire à plusieurs milliards de fois celle de la bombe d’Hiroshima.
Mais cette fois, les scientifiques ont regardé au-delà de l’activité volcanique accrue et des nuages de poussière persistants sur le court terme causés par l’impact. C’est là que l’acide sulfurique est entré en jeu. Selon la nouvelle hypothèse, ces gaz soufrés se seraient vaporisés à partir du site d’impact de l’astéroïde et seraient le facteur principal concernant le blocage de la lumière solaire, et par conséquent, du refroidissement de la Terre, plutôt que la poussière provenant de l’impact, ou des cendres volcaniques.
L’idée que des roches riches en sulfates se situant autour de Chicxulub aient été liquéfiées et qu’elles aient formé de l’acide dans l’atmosphère a déjà été suggérée auparavant, mais ces nouvelles simulations nous offrent une meilleure vue d’ensemble sur la manière dont ces événements auraient pu se dérouler.
Brugger et ses collègues disent que la température de l’air pourrait avoir chuté d’au moins 26 degrés Celsius, avec une durée de 3 à 16 ans de températures inférieures au point de congélation, et un temps de récupération global de plus de 30 ans. « Il a commencé à faire froid. Vraiment très froid », explique Brugger.
Les chercheurs pensent également que lorsque les eaux de surface des océans se sont refroidies, des éléments nutritifs auraient pu remonter en surface et provoquer des proliférations massives d’algues qui auraient également pu être toxiques.
« Il est fascinant de voir comment l’évolution est en partie stimulée par un accident, comme l’impact d’un astéroïde. Cette extinction de masse montre que la vie sur Terre est vulnérable. Cela illustre également l’importance du climat pour toutes les formes de vie sur notre planète. Aujourd’hui, ironiquement, la menace la plus immédiate n’est pas due au refroidissement naturel, mais au réchauffement climatique causé par l’homme », explique un chercheur de l’équipe, Georg Feulner.