Jeudi 9 décembre 2021, le gouvernement néo-zélandais a annoncé un plan pour élever progressivement l’âge auquel le tabac peut être acheté. Une « première mondiale » qui vise à interdire la vente de tabac à long terme.
Actuellement, la réglementation en vigueur interdit aux Néo-Zélandais de moins de 18 ans d’acheter du tabac. Cet âge limite augmentera d’un an tous les ans avec le plan d’action Smokefree 2025, a indiqué la ministre de la Santé néo-zélandaise Ayesha Verrall.
« Nous voulons nous assurer que les gens ne commencent jamais à fumer… En vieillissant, eux [les jeunes nés avant 2008] et les générations futures ne pourront jamais acheter légalement du tabac », a-t-elle déclaré dans une vidéo relayée par le site néo-zélandais Stuff. La ministre a précisé que le gouvernement adoptera une loi visant aussi à restreindre le nombre de lieux pouvant vendre du tabac et n’autoriser que les produits contenant un faible taux de nicotine, afin de diminuer le risque de dépendance.
Ayesha Verrall a souligné que ces mesures permettront à la Nouvelle-Zélande de conserver son rôle de leader mondial en matière de lutte contre le tabagisme. En 1990, l’archipel avait interdit à l’industrie du tabac de sponsoriser le secteur du sport et en 2004 de fumer dans les bars.
Objectif : ne jamais commencer à fumer
Aux États-Unis — où le tabagisme est responsable de plus de 400 000 décès chaque année —, la loi interdit la vente de tabac aux personnes de moins de 21 ans. D’après une étude récente, cette interdiction réduit considérablement la consommation de tabac, d’autant plus que la grande majorité des fumeurs commencent avant l’âge de 21 ans. Un âge cible pour une loi qui permettrait donc de ne jamais commencer à fumer.
Des chercheurs de l’université de Yale ont examiné l’impact des politiques de « tabac 21 » et ont constaté qu’elles réduisaient la probabilité qu’un jeune de 18 à 20 ans devienne un fumeur invétéré. Reste à savoir l’effet de cette loi sur le long terme…
Dans le monde, le tabagisme tue près de 7 millions de personnes par an, et plus de 890 000 personnes sont exposées au tabagisme passif. L’Organisation mondiale de la santé annonce que le tabagisme pourrait être responsable de 8 millions de morts d’ici 2030 si la tendance actuelle se poursuit.
Tabac : la première cause de décès évitable
Des chiffres alarmants qui expliquent la mise en application de lois antitabac, comme en Nouvelle-Zélande, où le tabagisme reste la principale cause de décès évitable. La ministre a par ailleurs souligné que le bilan sanitaire était particulièrement lourd au sein des communautés maories et du Pacifique, où le taux de tabagisme est environ deux fois plus important que les 13,5% enregistrés au sein du reste de la population.
Le gouvernement souhaite réduire ce pourcentage à 5% d’ici 2025 et selon lui, cet objectif réalisable permettrait au système de santé d’économiser 5,5 NZ$ (environ 3,3 milliards d’euros) de dépenses.
Le groupe de pression Action on Smoking and Health (ASH) a salué ces annonces. « Cet ensemble de mesures complémentaires sera envié par les pays qui luttent contre la mort et la misère causées par le tabac fumé », a déclaré Robert Beaglehole, président de l’ASH. « Nous serons à la pointe de la lutte antitabac dans le monde », a-t-il souligné.
Toutefois, cette loi pourrait aboutir à une situation curieuse où, 65 ans après son entrée en vigueur, les Néo-Zélandais pourraient encore acheter des cigarettes s’ils prouvent qu’ils ont plus de 80 ans ! Même s’il est fort probable que, d’ici là et suite à l’application de la loi, les magasins du pays ne vendent plus de tabac en raison de la faible demande.