Sécheresse : une (autre) menace pour l’humanité

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| Pixabay
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Alors que l’hiver parsème la France métropolitaine de ses premiers flocons de neige, nous sommes très loin de nous soucier d’un des principaux fléaux qui menacent notre planète, qui sévit actuellement en France et dans de très nombreuses autres régions du monde : la sécheresse. Avec le changement climatique, les épisodes de sécheresse se feront malheureusement plus fréquents, plus intenses et plus longs.

Le département des Pyrénées-Orientales a connu l’une des années les plus sèches de son histoire ; le niveau des nappes phréatiques est extrêmement bas, ce qui a récemment conduit la préfecture à mettre en place des restrictions d’usage de l’eau. La sécheresse sévit également sur l’île de la Réunion, où la pluie était absente quasiment tout le mois de novembre. Outre-Atlantique, le phénomène a atteint des records : cet été a été le plus sec jamais enregistré en Californie depuis 1895, rapporte le San Francisco Chronicle.

Le Cap-Vert est quant à lui confronté depuis trois ans au manque d’eau, ce qui met en péril les activités agricoles ; près de 20% des terres cultivables sont devenues infertiles car trop sèches. Idem pour les pays de la Corne de l’Afrique (Kenya, Éthiopie, Somalie, Ouganda), où les précipitations sont bien inférieures à la normale depuis plus d’un an — jusqu’à 70% d’eau en moins dans la plupart des régions du Kenya ! Les animaux sauvages et le bétail y meurent de faim et de soif. Selon les experts, le changement climatique risque malheureusement d’accroître la cadence des sécheresses à l’avenir.

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Un manque d’eau, combiné à une évaporation excessive

La sécheresse est un phénomène naturel, ponctuel ou cyclique, d’une durée suffisamment longue pour affecter les sols et la végétation. Contrairement à l’aridité, qui caractérise les régions du monde où les précipitations sont rares (moins de 250 mm/an) de par le climat qui y règne — typiquement l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient ou l’Australie, qui connaissent des climats désertiques — la sécheresse désigne un déficit pluviométrique anormal par rapport au climat de la zone touchée.

Ainsi, chaque région du monde a sa propre définition de l’état de sécheresse selon sa pluviométrie habituelle. Par exemple, en France, on considère qu’il y a sécheresse absolue lorsqu’aucune goutte de pluie n’est tombée pendant 15 jours consécutifs, tandis qu’aux États-Unis, la sécheresse est déclarée lorsqu’une zone étendue reçoit 30% de précipitations ou moins qu’en temps normal sur une période de 21 jours consécutifs, peut-on lire sur le site du Centre d’information sur l’eau, via lequel il est possible d’en savoir plus sur la sécheresse.

Lorsque les précipitations sont insuffisantes en hiver et au printemps, les nappes phréatiques et les eaux de surface (rivières, fleuves et lacs) ne sont pas alimentées au maximum de leur capacité. Si ce déficit s’accompagne, en outre, de températures plus élevées que la normale, davantage d’eau s’échappe par évapotranspiration — qui englobe l’évaporation au niveau du sol et la transpiration des plantes. La sécheresse peut potentiellement toucher n’importe quelle région du monde qui réunit ces deux conditions.

Plus précisément, on distingue différents types de sécheresse, chacun étant décrit par un indicateur de sécheresse spécifique. Le Standardized Precipitation Index (SPI) est un indice permettant de mesurer la sécheresse dite météorologique, qui correspond à une pluviométrie trop faible sur une durée prolongée ; cet indice, dont l’usage est recommandé par l’Organisation Météorologique Mondiale, repose seulement sur les précipitations. Un SPI négatif signifie que les précipitations sont inférieures à la normale ; un SPI inférieur à -2 traduit une sécheresse extrême.

Des terres trop sèches pour les cultures

Le Soil Wetness Index (SWI) et le Standardized Soil Wetness Index (SSWI) permettent d’évaluer les sécheresses dites agricoles, qui surviennent lorsque le taux d’humidité des sols est insuffisant pour le bon développement de la végétation. Cet index va naturellement dépendre du type de sol, des pratiques agricoles et de la nature des plantes cultivées, qui n’ont pas toutes les mêmes besoins hydriques ; la sécheresse agricole peut donc apparaître même si les précipitations sont normales. Le SSWI consiste à exprimer le SWI moyenné sur 1 à 24 mois, afin d’identifier les déficits d’humidité du sol sur différentes échelles de temps.

Enfin, on parle de sécheresse hydrologique, lorsque le niveau des eaux souterraines et de surface affiche une baisse significative ; elle est définie par l’indice de sécheresse hydrologique (IDH). Un IDH inférieur à 100% indique que l’évapotranspiration réelle a été plus élevée que les précipitations au cours du mois, ce qui signifie que les réserves d’eau (dans le sol et en surface) ont été épuisées.

Si la sécheresse est principalement induite par des causes météorologiques, les activités humaines tendent généralement à l’aggraver. En France, durant les trois mois d’été, on estime que 80% de l’eau est consommée par l’agriculture. Et lorsque les réserves d’eau diminuent, les restrictions d’usage mises en place tant dans un cadre professionnel (exploitations agricoles et industrielles) que domestique (arrosage de jardin et lavage de voiture) — quand elles sont respectées — ne suffisent pas toujours à arranger la situation.

Conséquences ? Les végétaux s’assèchent et meurent, ce qui favorise la survenue des incendies. Les animaux sauvages peinent à trouver des points d’eau pour s’abreuver et doivent se déplacer toujours plus loin pour en trouver, ce qui déséquilibre sensiblement les écosystèmes. Les sols, devenus trop secs, perdent leur capacité d’absorption, ce qui provoque des inondations et des glissements de terrain lorsque les précipitations se font à nouveau plus abondantes.

Pour l’Homme, les conséquences sont tout aussi désastreuses : la production agricole diminue, les sources d’eau potable s’amenuisent, les populations migrent vers des territoires plus hospitaliers (ce qui peut potentiellement entraîner des conflits), etc. Le fait est que la surexploitation des ressources en eau, associée au réchauffement climatique, menace sensiblement la pérennité des nappes phréatiques du monde. Et alors que cette précieuse ressource est d’ores et déjà inestimable pour certaines populations, elle pourrait un jour devenir beaucoup plus rare pour la majeure partie de la planète — un scénario difficile à imaginer pour nous qui avons l’habitude de voir l’eau couler à flots du robinet…

Alors que les messages écologiques se focalisent essentiellement sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, il est bon de rappeler que l’avenir de l’humanité dépendra aussi de la manière dont nous réussirons à préserver cette ressource indispensable à la vie.

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