L’explorateur OneZoom cartographie les liens entre 2,2 millions d’espèces vivantes : le plus proche à ce jour d’une vue unique de toutes les espèces connues de la science. Il permet d’explorer toutes les formes de vie sur Terre, leur histoire évolutive et les menaces d’extinction qui pèsent sur elles. Il aura fallu plus de dix ans à Yan Wong et son équipe pour rassembler toutes les bases de données et trouver un moyen de les rendre accessibles.
« L’arbre de vie [ou arbre de l’évolution] montre comment toutes les formes de vie sur terre sont liées. Chaque feuille représente une espèce différente. Les branches montrent comment ces nombreuses espèces ont évolué à partir d’ancêtres communs pendant des milliards d’années. Dans notre arbre de vie interactif, vous pouvez explorer les relations entre 2 235 322 espèces et vous émerveiller devant 105 305 images sur une seule page zoomable », peut-on lire sur le site interactif OneZoom, mis au point par les chercheurs de l’Université d’Oxford et l’Imperial College de Londres.
« Il permet aux gens de trouver leurs êtres vivants préférés, qu’il s’agisse de taupes dorées ou de séquoias géants, et de voir comment l’histoire de l’évolution les relie entre eux pour créer un arbre géant de toute la vie sur Terre », explique dans un communiqué Yan Wong, biologiste évolutionniste de l’université d’Oxford. Une sorte de « Google Earth » de la biologie.
Arborez un message climatique percutant 🌍
À la base, un arbre phylogénétique du projet OpenTree
Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé comme source de données de base l’arbre synthétique le plus récent du projet OpenTree, un arbre phylogénétique. Pour rappel, Charles Darwin pensait que la phylogénie — étude de l’évolution des organismes vivants en vue d’établir leur parenté — pouvait être représentée sous la forme d’un arbre de vie, ou arbre phylogénétique. L’arbre montre les relations de parenté entre des groupes d’êtres vivants et chacun de ses nœuds représente l’ancêtre commun de ses descendants.
Cependant, l’OpenTree synthétique ne contient pas actuellement d’estimations de la date des nœuds, et les chercheurs l’ont jugé inexact à divers endroits. Par exemple dans son soutien à un groupe Archaea (êtres vivants constitués d’une cellule unique qui ne comprend ni noyau ni organites) monophylétique, qui se composerait de tous les descendants d’un ancêtre commun avec les bactéries et les eucaryotes.
En outre, les scientifiques ont préféré l’arbre phylogénétique aux classifications traditionnelles taxonomiques car ces dernières ne reflètent pas toujours les véritables relations entre les espèces. À titre d’exemple, les mammifères sont plus étroitement liés à certains poissons que certains poissons ne le sont entre eux, d’après une étude de 2014.
Quid de la construction de l’arbre ? Sur ses branches, on retrouve de très nombreux groupes taxonomiques qui permettent de classer les êtres vivants entre eux. Les branches se ramifient en d’autres branches, sur lesquelles on trouve des feuilles. Chaque feuille de l’arbre représente une espèce et renseigne sur le nom scientifique et commun de l’espèce en question. Une liste d’options supplémentaires est également accessible, notamment des entrées sur Wikipédia et l’Encyclopédie de la vie, ainsi qu’un accès aux informations génétiques.
La popularité des espèces peut participer aux efforts de conservation
Les feuilles sont également codées par couleur pour indiquer le degré de vulnérabilité de chaque espèce à l’extinction. Mais beaucoup de feuilles restent grises, ce qui indique à quel point le manque de connaissances est encore vaste.
« Nous avons travaillé dur pour que l’arbre soit facile à explorer pour tout le monde, et nous espérons également envoyer un message fort : qu’une grande partie de notre biodiversité est menacée », a déclaré James Rosindell, chercheur en biodiversité à l’Imperial College de Londres.
Cette création massive présente également des caractéristiques amusantes comme un indice de popularité des espèces. Sans surprise, l’Homme arrive en tête mais a échangé plusieurs fois sa première place avec le loup gris, l’espèce qui comprend tous les chiens domestiques. Par ailleurs, la plante la plus populaire est le cannabis, suivie par le chou.
Mais cette caractéristique pourrait aussi être utile sur le plan scientifique. D’après les chercheurs, l’indice de popularité peut contribuer aux efforts de conservation, en particulier lorsqu’il faut prouver que l’intérêt du public est plus ou moins grand.
Même si deux millions d’espèces peuvent sembler un nombre trop important pour être visualisé (aucun musée ou zoo ne peut les contenir toutes), les scientifiques de l’étude espèrent maintenant que de nombreux sites utiliseront leur outil pour compléter leurs expositions existantes.