Plusieurs études ont montré que les cas graves de COVID-19 stressent tellement le système immunitaire qu’il se met à produire des auto-anticorps. Mais une récente recherche du Cedars-Sinai Medical Center (Los Angeles, Californie) a révélé qu’après l’infection au SARS-CoV-2, les réponses immunitaires persistent au-delà de l’introduction du virus dans l’organisme et du rétablissement complet du patient. L’étude montre aussi que ces réactions auto-immunes se produisent même dans les cas légers ou asymptomatiques de la maladie.
Nouvelle maladie qui aura le plus marqué les esprits au cours de cette dernière décennie, la COVID-19 recèle encore nombre d’énigmes non résolues, que les chercheurs du monde entier tentent de résoudre. Les réponses immunitaires chez l’Homme, face à la maladie, font notamment l’objet de nombreuses recherches.
Dans ce domaine, des scientifiques du Cedars-Sinai ont découvert pour la première fois non seulement des niveaux d’auto-anticorps élevés après une infection légère ou asymptomatique, mais aussi leur persistance dans le temps. Les détails de l’étude ont été publiés dans le Journal of Translational Medicine.
Les auto-anticorps sont, en effet, des réponses immunitaires le plus souvent observées dans des pathologies comme le lupus ou la polyarthrite rhumatoïde. Il s’agit d’un dérèglement du système immunitaire dans lequel les anticorps censés protéger l’organisme s’attaquent aux cellules saines.
Pour étudier le phénomène dans le cas de la COVID-19, les chercheurs du Cedars-Sinai ont sollicité 177 personnes présentant des preuves confirmées d’une infection antérieure par le SARS-CoV-2. Ils ont ensuite mené des analyses comparatives d’échantillons prélevés sur ces dernières et avec des prélèvements de personnes saines avant la pandémie. Les résultats ont révélé que toutes les personnes infectées possédaient des taux élevés d’auto-anticorps. Certains de ces auto-anticorps étaient les mêmes que ceux que l’on trouve dans les cas de lupus et de polyarthrite rhumatoïde.
Un paradoxe dans la découverte
« Nous avons trouvé des signes d’activité auto-immune généralement liés à une inflammation chronique et à des dommages impliquant des systèmes organiques et des tissus spécifiques tels que les articulations, la peau et le système nerveux », a déclaré dans un communiqué Susan Cheng, du Département de cardiologie de l’Institut de cardiologie Smidt et co-auteure principale de l’étude.
Cette découverte a également révélé que certains de ces auto-anticorps étaient liés à des maladies auto-immunes qui affectent plus généralement les femmes que les hommes. Pourtant, les résultats ont montré que les hommes avaient un taux d’auto-anticorps plus élevé que les femmes.
« D’une part, cette découverte est paradoxale, étant donné que les maladies auto-immunes sont généralement plus fréquentes chez les femmes », explique Justyna Fert-Bober, chercheuse au département de cardiologie du Smidt Heart Institute et co-auteure principale de l’étude. « D’un autre côté, c’est aussi quelque peu attendu étant donné tout ce que nous savons sur le fait que les hommes sont plus vulnérables aux formes les plus graves de COVID-19 », ajoute-t-elle.
Des auto-anticorps potentiellement à l’origine du « COVID long »
Selon les chercheurs du Cedars-Sinai, ces dérèglements immunitaires pourraient être à l’origine des symptômes persistants observés chez les personnes atteintes de la forme dite « longue ». Les personnes atteintes de cette forme de la maladie présentent des symptômes jusqu’à 4 semaines après leur infection. Or, dans la plupart des cas, ils disparaissent au bout de 2 à 3 semaines.
Cette étude a été toutefois effectuée avant l’émergence des vaccins, et les réponses immunitaires pourraient être différentes chez les personnes vaccinées. Les prochaines recherches porteront donc sur les auto-anticorps que les individus nouvellement infectés pourraient générer. Il s’agira aussi d’étudier les types d’auto-anticorps qui peuvent être présents et persister chez les personnes présentant des symptômes de COVID-19 à long terme. Ce qui ouvrirait peut-être la voie vers des vaccins plus efficaces ou de nouveaux traitements.
« Si nous pouvons mieux comprendre ces réponses d’auto-anticorps, et comment se fait-il que l’infection par le SARS-CoV-2 déclenche et entraîne ces réponses variables, alors nous pouvons faire un pas de plus vers l’identification des moyens de traiter et même d’empêcher ces effets de se développer chez les personnes à risque », a déclaré Cheng.