Le métavers — un monde virtuel en 3D composé de plusieurs espaces distincts et persistants, peuplés d’avatars contrôlés par les utilisateurs — offre des opportunités de croissance sans précédent pour le secteur du numérique, et en particulier celui des jeux vidéo. De nombreux acteurs du secteur (Epic Games, Roblox Corporation ou encore Atari) s’intéressent de près au sujet et ont même déjà posé quelques jalons dans ce monde dématérialisé. Un autre secteur a lui aussi la ferme intention de conquérir ce nouveau marché : les casinos en ligne.
Pour résumer grossièrement, le métavers offrira aux utilisateurs quasiment « les mêmes expériences » que dans la réalité, mais dans un espace qui n’existe pas physiquement, accessible au moyen d’équipements de réalité virtuelle et augmentée. Parmi les projets les plus aboutis : la plateforme Decentraland, dans laquelle les utilisateurs peuvent acheter et utiliser des terrains virtuels — les droits de propriété de chacun reposant sur la blockchain Ethereum ; lancé il y a deux ans, c’est l’un des premiers mondes virtuels complets, avec 90 000 parcelles virtuelles en vente. Second Life pourrait aussi être considéré comme l’un des pionniers de ce type de monde virtuel persistant.
Et depuis le mois d’octobre 2021, ce métavers (Decentraland) héberge son propre jeu de casino, ICE Poker, géré par Decentral Games, une organisation autonome décentralisée. Avec environ 6000 utilisateurs chaque jour, ce jeu représente près d’un tiers du nombre total d’utilisateurs quotidiens de Decentraland. Selon le fondateur de Decentral Games, Miles Anthony, près de 1000 utilisateurs « jouent au poker à n’importe quel moment ». Le chiffre peut paraître dérisoire de prime abord, mais il ne faut pas oublier que le métavers est relativement « vide » pour le moment et vu sous cet angle, ce nombre est véritablement impressionnant. Ces trois derniers mois, ce casino virtuel a tout de même généré 7,5 millions de dollars de recettes !
Habiller son avatar d’accessoires NFT pour jouer au casino
À mesure que les métavers se développent, les jeux d’argent, y compris les casinos en ligne, profitent de cette nouvelle aubaine. Monde virtuel oblige, les mécanismes du jeu ne sont toutefois pas tout à fait les mêmes. Pour commencer, dans ces métavers, les gains sont évidemment récompensés en cryptomonnaies uniquement.
Ensuite, avant de pouvoir jouer à ICE Poker par exemple, les utilisateurs doivent se parer « d’ICE wearables », autrement dit, des vêtements, chaussures et accessoires NFT, avec lesquels ils doivent habiller leur avatar numérique. Il est possible d’en trouver notamment sur la place de marché de Decentral Games, mais aussi sur OpenSea, pour environ 2 ETH (environ 5500 euros). Une fois parés de ces attributs, les joueurs bénéficient d’une allocation quotidienne de jetons de casino, qui se réinitialise tous les jours. Plus ils possèdent de wearables, plus ils possèdent de jetons au départ (un seul wearable suffit pour pouvoir jouer).
Chaque jour, des défis de difficulté croissante sont proposés aux joueurs. S’ils les relèvent, ils gagnent des jetons ICE et des points d’expérience, qui sont convertis en monnaie (virtuelle), chaque jour à minuit. En fonction des performances réalisées, le joueur peut changer de position dans le classement et peut multiplier ses gains. Avec ses gains, il est possible d’acquérir des wearables de plus grande valeur et/ou rares, ce qui permet de gagner plus rapidement de nouveaux ICE et ainsi de suite. Decentral Games prévoit de lancer une version mobile d’ICE Poker dans les prochains mois.
Atari, pionnière du jeu vidéo, a elle aussi ambitionné de construire son propre casino virtuel dans Decentraland. Dans ce but, elle a fondé sa propre division blockchain, baptisée Atari Chain, afin de développer la cryptomonnaie maison, l’Atari Token ($ATRI). Ce jeton, construit sur la blockchain Ethereum, est voué à être utilisé dans les jeux Atari et le futur casino de la société. Ce dernier devrait proposer plusieurs jeux dès son lancement (blackjack, poker, machines à sous, roulette, etc.), si l’on en croit la vidéo promotionnelle publiée en novembre dernier. La société envisage même d’embaucher de vrais croupiers pour animer les parties ! Ce crypto-casino, devrait être implanté à Vegas City, dans Decentraland, où la société dispose d’un domaine de 20 parcelles.
Un casino virtuel couplé à un établissement physique
Le mois dernier, le Salvador a annoncé la mise en place de son premier casino virtuel, baptisé Astro Casino. Les clients auront la possibilité de jouer sur des machines à sous et des tables traditionnelles, mais disposeront également d’un espace pour acheter et vendre des NFT. Cet établissement virtuel sera étroitement lié à un casino physique, qui proposera les jeux habituels et des tournois de poker, entre autres activités. Ce nouveau casino sera géré par le gouvernement du pays, en partenariat avec la société Astro Babies — qui dispose de plus de 25 000 NFT prêts à être échangés sur sa plateforme. Il fonctionnera sur la blockchain Solana, gérée elle aussi par la société Astro Babies.
Le Salvador semble décidément féru de nouvelles technologies : rappelons que depuis le mois de septembre 2021, le pays utilise le Bitcoin comme monnaie officielle, au même titre que le dollar américain — c’est le premier pays (et le seul à ce jour) à avoir franchi ce cap, malgré la désapprobation du Fonds Monétaire International (qui exhorte d’ailleurs aujourd’hui le gouvernement salvadorien à revenir sur sa décision, de par l’extrême volatilité de cette cryptomonnaie). De même, si l’Astro Casino voit réellement le jour, il s’agira du tout premier casino en ligne couplé à un établissement physique créé au sein d’un métavers.
Autre projet d’envergure en préparation : un métavers propriétaire, directement inspiré de la ville (réelle) de Las Vegas, qui devrait être lancé dans les prochains mois. C’est Bots, un conglomérat technologique mondial spécialisé dans les solutions basées sur la blockchain, qui est à la tête de ce projet. Il vient d’ailleurs d’investir dans la société XR Casino, première société technologique spécialisée dans les jeux de casino multi-technologies en réalité étendue, qui lancera bientôt des casinos VR (réalité virtuelle), AR (réalité augmentée) et MR (réalité mixte) et des jeux de casino en tant que service (GaaS) dans le prochain métavers de Bots.
Transposés dans le métavers, les casinos se font plus accessibles — notamment de par l’usage des cryptomonnaies, qui sont utilisées à l’échelle mondiale. Et ils se feront sans doute plus nombreux à mesure que différents univers virtuels verront le jour. Encore faut-il que tous les joueurs potentiels soient dotés de l’équipement nécessaire (lunettes ou casques VR par exemple) ! D’ici à ce que l’usage de ces accessoires se généralise, les « simples » casinos en ligne auront toujours la cote.