Le gouvernement des États-Unis vient d’annoncer la livraison aux forces ukrainiennes d’une centaine de drones « Switchblade », des appareils qui s’autodétruisent en atteignant leur cible. Depuis le début du conflit entre la Russie et l’Ukraine, les drones ont joué un rôle stratégique.
Ils sont aussi appelés « drones kamikazes », pour leur rôle qui consiste à exploser en arrivant sur leur cible. Ce nom fait référence à la tactique employée par les pilotes japonais pendant la Seconde Guerre mondiale, qui consistait à charger des avions avec des explosifs et à les faire s’écraser directement sur différentes cibles. Le gouvernement des États-Unis a annoncé qu’une centaine de ces engins devraient être inclus dans le prochain « paquet d’aide militaire » envoyé à l’Ukraine, qui totalise une valeur de 724 millions d’euros.
Deux types de ces missiles existent, le modèle 600 et le modèle 300. Tous deux peuvent être mis en vol via des tubes de lancement spécifiques. Selon le constructeur, AeroVironment, le modèle 600 peut être opérationnel en 10 minutes, faire des pointes à 180 km/h, et voler pendant plus de 40 minutes. Il aurait la capacité de détruire même des cibles lourdement protégées telles que des tanks. Il peut aussi être rappelé en vol, pour annuler une mission si besoin. Plus petit, le modèle 300 aurait lui une portée de 10 km et une capacité de vol de 15 minutes. Il pèse seulement 2,5 kg.
Depuis le début de ce conflit, les drones ont eu à jouer un rôle clef. Dès le lendemain de l’incursion russe sur le territoire de l’Ukraine, le ministère de la Défense ukrainien avait lancé sur Facebook un appel aux pilotes de drones civils : « Avez-vous un drone ? Savez-vous comment l’utiliser ? Rejoignez la patrouille et intégrez l’une des 112 brigades de la ville de Kiev ! Kiev est notre maison, la défendre est une tâche commune. Kiev a besoin de vous et de votre drone en ce moment acharné ! ». Ces drones ont pu être utilisés pour renseigner sur les mouvements des troupes, filmer les événements, ou même dans certains cas transporter des cocktails Molotov, affirme ainsi un article du quotidien Le Figaro.
Des drones militaires déjà en activité
Côté militaire, de nombreux médias rapportent les attaques ciblées lancées par les véhicules aériens sans pilote « TB2 », de fabrication turque. Le journal britannique The Week expliquait le 18 mars dernier que les drones avaient été capables de lancer des frappes aériennes, entre autres, sur des chars, ou encore des camions de ravitaillement, ralentissant ainsi la progression de l’armée russe.
Le Times, qui a interviewé dans l’un de ses articles un membre de Aerorozvidka, l’unité spécialiste de ces drones au sein de l’armée ukrainienne, rapporte ainsi : « Les forces russes sont statiques lorsque la nuit tombe. (…) Leur peur des bombardements ukrainiens les oblige à cacher leurs chars dans les villages entre les maisons, sachant que l’artillerie conventionnelle ne peut pas risquer de toucher des civils ». La précision des drones, qui permettrait de cibler plus précisément un objectif, en fait un choix stratégique pour ce genre de situation.
Les drones sont à la fois l’objet de convoitises et de craintes dans cette guerre. Récemment, des craintes ont été exprimées sur l’utilisation potentielle par les forces armées russes de drones équipés de systèmes intelligents de reconnaissance faciale. Autrement dit, des drones capables de décider « par eux-mêmes » de lancer une attaque ou non. Ces drones sont assez similaires, par ailleurs, aux Switchblade. Des photos des appareils en question avaient été publiées sur les réseaux sociaux. Le fait qu’ils aient été utilisés de façon autonome ou non n’a cependant pas été déterminé.