Les forêts, directement impactées par le dérèglement climatique, jouent un rôle déterminant pour en atténuer les effets désastreux. D’où l’importance, rappelle le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), d’orienter la gestion forestière vers la résilience de tous les écosystèmes.
Et si le « poumon vert de la planète » était l’un des grands acteurs de la lutte mondiale contre le dérèglement climatique ? Deuxième plus grand réservoir de carbone après les océans, les forêts sont lourdement impactées par la hausse des températures et les changements climatiques.
Processus des « 3 S »
Les étendues forestières, en plus de limiter les rejets de particules dans l’atmosphère – celles qui provoquent ce que l’on appelle l’effet de serre, à l’origine du réchauffement climatique –, permettent également de retenir l’eau en sous-sol, de limiter l’érosion des sols, tout en rafraîchissant la température et en purifiant l’air. À l’échelle de la France, la forêt, qui s’étend sur 17 millions d’hectares, capte 70 millions de tonnes de CO2, soit 15 % des émissions de gaz à effet de serre qu’émet le pays sur une année, toujours selon le Cirad.
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En 2015, les chiffres étaient même un peu supérieurs. Selon le Conseil économique, social et environnemental (CESE), « les écosystèmes terrestres français constituent actuellement un puits net de carbone très significatif […] principalement constitué des écosystèmes forestiers de métropole qui, en plus de fournir le bois nécessaire à la transition bas carbone, séquestrent près de 87 millions de tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent de 19 % des émissions annuelles françaises environ ».
Concrètement, l’apport des étendues forestières à la lutte contre le réchauffement climatique se base sur le processus dit des « 3 S » : Séquestration dans la biomasse forestière du CO2 de l’atmosphère grâce à la photosynthèse réalisée par les 12 milliards d’arbres ; stockage du CO2 dans les produits en bois tels que les charpentes, les meubles, les tonneaux, etc., dont la durée de vie varie selon les usages ; substitution, enfin, liée au recours au bois plutôt qu’à des matériaux et des énergies fossiles (non renouvelables).
Émissions négatives
Mais pour que ce processus vertueux se mette en place de manière efficace, encore faut-il préserver la forêt, fortement impactée par le dérèglement du climat. « Il est nécessaire, pour assurer le potentiel de puits de carbone des forêts, que les forêts de demain soient adaptées au climat futur », affirmait ainsi le ministère de l’Agriculture en 2020. Raison pour laquelle l’Office national des forêts (ONF), pour les parcelles publiques, et l’Institut de développement forestier, pour les forêts privées, œuvrent de concert pour adapter les zones forestières à la hausse du mercure. « Pour déterminer les essences qui seront les plus résistantes et adaptées, les chercheurs croisent les données climatiques actuelles et l’aire de répartition des espèces », explique le ministère de l’Agriculture.
Le GIEC, en 2019 déjà, mentionnait l’importance d’une gestion durable des forêts, afin de lutter contre la déforestation et leur dégradation. Et, in fine, contre le dérèglement climatique. Une gestion responsable et tournée vers l’avenir, assurent les experts du GIEC, permettrait d’améliorer la séquestration du carbone ; ces derniers opèrent toutefois une distinction entre, d’un côté, les forêts anciennes et, de l’autre, les forêts jeunes à moyennes – celles-ci contiennent moins de carbone, mais en stockent davantage que les premières, dont la capacité de puits diminue avec l’âge.
Au-delà du seul aspect de la lutte climatique, « la gestion durable des forêts visant à fournir du bois, de la biomasse ou des produits forestiers autres que le bois, peut fournir des moyens de subsistance à long terme aux populations, réduire le risque de conversion de la forêt à usage non forestier (habitation, cultures…), et maintenir la productivité des terres, réduisant ainsi les risques de dégradation ». Et si la « durabilité de la gestion est assurée par une gouvernance, un suivi et un contrôle appropriés », précise le GIEC, la forêt peut, en fin de compte, contribuer sur le long terme aux émissions négatives de carbone.