Un mois après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les réunions face à la crise ne manquent pas. La « Tiger Team », une équipe américaine spécialisée, vise à élaborer des plans précis pour contrer le président russe s’il venait à utiliser des armes chimiques, biologiques ou nucléaires contre l’Ukraine ou des pays de l’OTAN. L’équipe détermine également à partir de quel degré de violence de la part de la Russie il faudra employer la force militaire en Ukraine.
Pour contre l’armée russe, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé l’OTAN à fournir à son pays « une aide militaire sans restriction », et des missiles antinavires pourraient ainsi leur être livrés. Jeudi 24 mars, Bruxelles a accueilli trois sommets : l’OTAN, le G7 et l’Union européenne ; le président américain Joe Biden y a rencontré les dirigeants de 29 autres pays pour trouver une réponse adaptée au conflit.
Avant cet évènement, la Maison-Blanche a réuni une équipe de responsables de la sécurité nationale afin d’imaginer les scénarios à mettre en place pour réagir à une possible libération d’armes chimiques, biologiques ou nucléaires par le président russe Vladimir Poutine, rapporte le New York Times. Ce dernier pourrait intervenir par frustration de sa « faible avancée » dans la guerre, ou pour mettre en garde les États-Unis et leurs alliés quant à une volonté de s’immiscer dans le conflit.
La Tiger Team établit des scénarios diplomatiques et militaires
Le groupe élaboré par Joe Biden se nomme la « Tiger Team », déjà définie comme une « équipe de tigres » spécialisée pour résoudre un problème spécifique. Dans le cas qui nous intéresse, sa mission est d’établir des scénarios diplomatiques et militaires si la Russie venait à utiliser des armes chimiques ou nucléaires contre l’Ukraine, ou à attaquer un territoire de l’OTAN. Il lui faut aussi déterminer à partir de quel degré de violence il faudra employer la force militaire en Ukraine, en plus de l’aide défensive. La décision incomberait alors à l’OTAN, et non au seul président américain.
L’équipe spécialisée s’est formée le 28 février (soit quatre jours après l’invasion russe) et se réunit trois fois par semaine. Elle aurait déjà indiqué les premières sanctions prononcées par les États-Unis à l’encontre de Moscou. En outre, une possible expulsion de la Russie du G20 a été discutée avant que Joe Biden ne parte pour le sommet de l’OTAN à Bruxelles.
Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a déclaré mercredi aux journalistes que « les alliés conviendront de fournir un soutien supplémentaire, notamment une assistance en matière de cybersécurité et des équipements pour aider l’Ukraine à se protéger contre les menaces chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires », d’après le New York Times. Stoltenberg estime cependant qu’une escalade des armes (comme l’utilisation d’armes nucléaires) pourrait avoir des « conséquences désastreuses » pour les territoires environnants de l’OTAN. Biden a également déclaré qu’il souhaitait éviter autant que possible une confrontation directe, car il craint qu’elle n’entraîne une escalade incontrôlable du conflit et une « troisième guerre mondiale ».
Attaque russe : quatre options possibles
Selon le sénateur Angus King du Maine (un indépendant et membre des commissions sénatoriales du renseignement et des services armés), Poutine pourrait soit tenter de conclure un accord diplomatique, soit intensifier ses bombardements sur les villes ukrainiennes et les raser, ou encore s’en prendre à l’Occident par une cyberattaque. « La quatrième option est l’escalade vers la désescalade, c’est-à-dire l’utilisation d’une arme nucléaire tactique », a-t-il déclaré, ce qui impliquerait que la Russie utilise une arme nucléaire à titre d’avertissement, avant la négociation.
Même si la menace d’une attaque à l’arme nucléaire de la part de la Russie reste encore faible, cette possibilité n’est pas à écarter. Le fait que la Russie rappelle régulièrement qu’elle a son arsenal à portée de main et qu’elle pourrait l’utiliser en réponse à ce qu’elle perçoit comme une « menace existentielle » a interpellé Washington. Une autre équipe spéciale travaille sur la place qu’il faudra accorder à la Russie dans le monde une fois qu’un accord de paix aura été signé, et que l’Ukraine amorcera sa reconstruction.