Le phénomène s’est déroulé dans la matinée du 27 avril, à 8 heures (heure locale). Le météore a rapidement traversé le ciel de trois États du sud des États-Unis, offrant un spectacle éblouissant aux observateurs : à son apogée, l’objet était 10 fois plus lumineux que la Lune (pour un observateur terrestre) ; il s’est désintégré dans une explosion d’une force équivalente à trois tonnes de TNT. L’explosion du météore a également été détectée par le Geostationary Lightning Mapper (GLM), chargé d’enregistrer tous les événements de foudre.
Le bolide a été repéré pour la première fois à 87 kilomètres au-dessus du fleuve Mississippi, près d’Alcorn. Plus d’une trentaine de personnes rapportent avoir assisté au spectacle. Un témoin a déclaré au Vicksburg Post avoir vu « une boule de feu orange, de la taille d’un ballon de basket, avec une queue blanche derrière ». Selon la NASA, cet objet venu du ciel mesurait environ 30 centimètres de diamètre pour une quarantaine de kilogrammes. Il se déplaçait vraisemblablement à la vitesse de 88 500 km/h lorsqu’il a pénétré dans notre atmosphère. Il a finalement fini sa course au-dessus d’une zone marécageuse de Louisiane, se brisant en plusieurs petits morceaux.
Lorsqu’un objet pénètre dans notre atmosphère, on le désigne par le terme « bolide » si sa magnitude est inférieure à -4 — ce qui correspond à la luminosité de la planète Vénus vue dans le ciel du matin ou du soir. Ce météore était particulièrement brillant, car sa luminosité était près de 10 fois supérieure à celle de la Lune. « C’est l’un des plus beaux événements que j’ai pu observer dans les données GLM », a déclaré Bill Cooke, responsable du Bureau des environnements météoroïdes de la NASA.
Des ondes de choc qui ont fait vibrer le sol
Ce mercredi 27 avril, certains habitants de Vicksburg, tout près du fleuve Mississippi, ont été très surpris par la forte détonation provoquée par le météore. Certains ont tout d’abord cru à un incident du côté de la centrale nucléaire de Grand Gulf située à proximité — une information rapidement démentie par l’Agence de gestion des urgences du comté de Clairborne : « Les autorités locales et étatiques enquêtent et confirment les informations reçues. Il n’y a aucune menace pour le comté et aucune mesure ne doit être prise », a-t-elle déclarée dans un communiqué.
D’autres témoins de l’événement ont également suspecté un incident lié au lancement de Space Crew 4, qui a eu lieu plus tôt ce jour-là depuis le Centre spatial Kennedy, en Floride ; le vaisseau a en effet emmené quatre nouveaux membres d’équipage à bord de la Station spatiale internationale. Grâce à l’outil Geostationary Lightning Mapper embarqué sur deux satellites de la National Oceanic and Atmospheric Administration, la NASA a rapidement confirmé qu’il s’agissait d’un phénomène naturel, lié à un fragment d’astéroïde.
La fragmentation du bolide a généré une énergie équivalente à 3 tonnes de TNT, entraînant des ondes de choc qui se sont propagées au sol ; les détonations et les vibrations associées ont été ressenties par tous les habitants de la région. Mais curieusement, peu de personnes semblent avoir levé les yeux au ciel ce matin-là, malgré ce spectacle éblouissant. « Ce qui m’a paru inhabituel, c’est le peu de rapports de témoins oculaires que nous avons eus étant donné que le ciel était si clair. Plus de gens l’ont entendu que vu », souligne Bill Cooke.
Plus de 550 boules de feu enregistrées depuis 1994
Ces morceaux de roche qui s’échouent sur notre planète proviennent généralement d’astéroïdes ou de comètes. Les bolides sont beaucoup plus massifs qu’une étoile filante, dont la masse est généralement inférieure au gramme. En outre, leur traînée lumineuse est visible beaucoup plus longtemps dans le ciel. Et ces événements ne sont pas rares : selon la NASA, plus de 550 boules de feu ont traversé le ciel ces trente dernières années.
Un tel phénomène a également été repéré en France tout récemment : le 16 avril dernier, vers 22h30, un bolide a été observé par près de 200 témoins dans le nord-ouest du pays, et depuis les pays limitrophes ; le passage de ce bolide a également été enregistré par cinq caméras du réseau national FRIPON (Fireball Recovery and InterPlanetary Observation Network). De la taille d’un pamplemousse, cet objet d’une masse estimée à environ 2 kg affichait une magnitude proche de -8 ; il est entré dans notre atmosphère à plus de 45 000 km/h, rapportent les experts.
L’objet a finalement terminé sa course à une trentaine de kilomètres d’altitude au nord-ouest d’Alençon, dans l’Orne. D’après les scientifiques, quelques météorites pourraient avoir résisté à l’entrée dans l’atmosphère et avoir été disséminées au sol. À noter que l’événement a été suivi quelques heures plus tard par un second objet, observé vers 12h20 dans le sud-est de la France et le nord-est de l’Espagne ; les rapports d’observations sont toutefois rares et confus et le réseau FRIPON rappelle que les témoins de tels événements lumineux peuvent faire part de leurs observations directement sur le site du projet.