Il faudra être plutôt matinal pour observer l’événement : c’est lundi 16 mai, à 5h29 très précise, que l’éclipse lunaire atteindra son obscurité maximum. Il s’agit de la première éclipse lunaire totale de l’année, et elle sera partiellement visible depuis une large partie du globe, y compris depuis la France. Une seconde éclipse totale aura lieu le 8 novembre, mais elle ne sera malheureusement pas visible depuis l’Europe. C’est donc un événement à ne pas rater !
Pour rappel, les éclipses lunaires se produisent lorsque la Terre se trouve entre le Soleil et la Lune ; elle projette alors son ombre sur la surface lunaire. Ces éclipses peuvent durer plusieurs heures. Lorsque les trois corps célestes sont parfaitement alignés, l’ombre de la Terre couvre complètement la Lune : l’éclipse est totale. Une partie de la lumière solaire est alors réfractée sur la Lune à travers l’atmosphère terrestre, donnant à la Lune une couleur rougeâtre.
Ce dimanche 15 mai, le lever de la Lune est prévu pour 20h49 (heure de Paris) ; elle se couchera à 5h46 le lendemain matin. La Lune entrera dans la pénombre de la Terre à 3h32, puis dans son ombre à 4h28. L’obscurité maximum sera atteinte à 5h29 — vous n’aurez donc qu’une quinzaine de minutes pour saisir le moment. Notez toutefois que l’observation pourrait être compromise par les premiers rayons du Soleil, qui se lèvera ce jour-là à 6h08. Encore faut-il que la météo soit clémente…
Une Lune qui se teinte de rouge
On distingue trois types d’éclipses lunaires selon l’alignement du Soleil, de la Terre et de la Lune lors de l’événement : l’éclipse peut être totale, partielle ou pénombrale, selon la façon dont la Terre bloque les rayons du Soleil qui parviennent jusqu’à son satellite. Lorsque les trois corps sont parfaitement alignés, la Lune est plongée dans l’ombre et l’éclipse est totale ; dans le cas contraire, la Terre ne bloque qu’une partie des rayons lumineux et la Lune se trouve dans la pénombre, comme illustré sur le schéma suivant :
Lors d’une éclipse totale, la Lune passe par différentes étapes : elle entre tout d’abord dans la pénombre de la Terre, puis progressivement dans l’ombre (l’éclipse est alors partielle), jusqu’à ce que celle-ci couvre complètement sa surface (l’éclipse est alors totale) ; ensuite l’ombre de la Terre quitte peu à peu la Lune, l’éclipse redevient partielle, puis pénombrale.
À noter que pendant une éclipse totale, la Lune se teinte de rouge, c’est pourquoi elle est parfois dans ce cas surnommée « Lune de sang ». Ceci est dû à l’interaction du rayonnement solaire avec notre atmosphère. En effet, même si l’ombre de la Terre couvre complètement la surface lunaire, une partie indirecte de la lumière solaire parvient toujours à la Lune, car elle est courbée par notre atmosphère — c’est d’ailleurs pourquoi il existe des zones de pénombre.
L’atmosphère terrestre absorbe, puis diffuse, une grande partie de la lumière visible reçue du Soleil ; la lumière violette/bleue, de courte longueur d’onde, est la plus affectée par le phénomène. En revanche, les longueurs d’onde de couleur orange/rouge, plus longues, traversent notre atmosphère sans être absorbées ni dispersées ; ces rayonnements sont réfractés vers l’extérieur, ce qui projette une lumière rougeâtre indirecte sur la Lune. Cette lumière indirecte, qui ne constitue donc qu’une partie de ce qui compose la lumière blanche, s’avère évidemment beaucoup plus faible que la luminosité habituelle de la Lune.
À savoir que la couleur exacte de la Lune lors d’une éclipse totale dépend de la quantité de poussière, d’eau et d’autres particules présentes dans l’atmosphère terrestre à ce moment-là, ainsi que d’autres facteurs tels que la température et l’humidité.
Pas d’autre éclipse totale visible avant 2025
Les éclipses lunaires sont beaucoup plus courantes que les éclipses solaires : environ trois éclipses lunaires se produisent chaque année en moyenne et 29% d’entre elles sont totales. Elles sont également beaucoup plus faciles à observer, car elles peuvent être vues à l’œil nu dès que la Lune se trouve au-dessus de l’horizon (et sans risque de lésions oculaires, contrairement aux éclipses solaires !).
Sachez que les éclipses lunaires visibles depuis l’Europe sont toutefois relativement rares : la dernière éclipse totale observable depuis la France s’est tenue en janvier 2019 et la prochaine aura lieu le 14 mars 2025 ! Entre-temps, nous pourrons profiter d’une éclipse lunaire partielle le 28 octobre 2023.
Pour observer au mieux l’éclipse, prévoyez un lieu d’observation à l’horizon bien dégagé. Des jumelles ou un télescope permettront évidemment d’admirer le phénomène plus en détail. C’est dans toute l’Amérique du Sud, l’Amérique centrale et sur la moitié est des États-Unis que l’éclipse se fera totale. Les Antilles françaises, de même que la Guyane, pourront donc pleinement profiter du spectacle.
À noter que ces éclipses sont également l’occasion pour les scientifiques d’en apprendre davantage sur notre satellite : par exemple, les données recueillies par la sonde Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO) de la NASA en 2011 avaient permis de calculer la vitesse de refroidissement du côté éclipsé de la Lune ; ces données ont ensuite permis de mieux caractériser la topographie de la Lune (une surface plane se refroidissant plus rapidement qu’une surface rugueuse).